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Laura Van Lerberghe
Tentative d'enlèvement d'un ministre, fusillades et violences répétées, notamment dans la région d'Anvers… Depuis quelques mois, les actes criminels liés au trafic de stupéfiants se multiplient en Belgique. D'où cette question que certains commencent à se poser : la Belgique est-elle en train de devenir un "narco-état" ? Les explications d'Europe 1.

C'est un magistrat belge qui le dit : "le royaume peut devenir un 'narco-état'". La cause d'une telle déclaration : la tentative d'enlèvement avortée du ministre de la Justice. Europe 1 a tiré le fil de cette histoire. Celle-ci mène directement à Anvers. Ce port est devenu la plaque tournante du trafic de drogue en Europe. Un business de 60 milliards d'euros, l'équivalent du budget annuel des retraites en Belgique. Les cartels puissants se sont développés, la violence aussi. Tirs d'armes à feu, incendies criminels, attaques ciblées contre des habitations et des commerces… À Anvers ou à Bruxelles, les maires prennent peur face à ce phénomène.

Le ministre de la Justice belge placé sous haute protection

La ministre de l'Intérieur est sur la défensive. Annelies Verlinden promet la création de 195 postes d'enquêteurs en deux ans. "On investit plus dans la police, plus dans les ressources humaines, plus d'investissement et également dans le numérique. Il faut se battre parce qu'il ne faut pas que la criminalité déstabilise l'État", déclare-t-elle.

C'est le défi posé aux autorités belges : garder le contrôle de l'économie et éviter que l'État ne soit rongé par la corruption. Pour cela, les procureurs n'hésitent pas à condamner sévèrement. Preuve que leur travail gêne les trafiquants : après sa tentative d'enlèvement, le ministre de la Justice doit vivre caché, placé sous haute protection depuis une semaine.

Des méthodes de cartels sud américains

Les cartels n'hésitent plus à importer en Europe les méthodes sud américaines. Pour y faire face, il n'y a pas de secret. Selon les syndicalistes policiers comme Thierry Belin, "il faut agir maintenant". "Il faudrait environ 1.000 enquêteurs supplémentaires. On est à l'os et on continue à ronger. À un moment donné, il va falloir trouver des solutions parce qu'on n'en sortira pas", alerte-t-il. Il y a un an, le démantèlement d'un réseau de communications cryptées avait permis d'arrêter plus de 1.200 personnes. Une réussite, mais aussi une source d'inquiétude puisqu'il avait engendré la découverte de chambres de torture mobiles, inédite en Europe.