Sommet d'Helsinki : la "faiblesse" de Trump face à Poutine scandalise jusque dans les rangs républicains

Les deux dirigeants ont affiché un début de dégel lundi à l'issue du sommet d'Helsinki.
Les deux dirigeants ont affiché un début de dégel lundi à l'issue du sommet d'Helsinki. © YURI KADOBNOV / AFP
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avec AFP , modifié à
Républicains et démocrates ont condamné lundi l'attitude de Donald Trump à Helsinki, qui a refusé de condamner Moscou pour son ingérence présumée dans la présidentielle de 2016.

Les propos de Donald Trump aux côtés de Vladimir Poutine ont scandalisé lundi la classe politique américaine jusque dans les rangs républicains, où l'on s'inquiète de la "faiblesse" affichée par le président des Etats-Unis, accusé de traiter son homologue russe en allié plutôt qu'en adversaire. Comme souvent, l'un des plus virulents a été le sénateur républicain John McCain. A 81 ans et malgré un cancer du cerveau qui le tient désormais éloigné de Washington, cet élu respecté a dénoncé "un des pires moments de l'histoire de la présidence américaine".

"Une des performances les plus honteuses". "Il est clair que le sommet d'Helsinki était une erreur tragique", a-t-il estimé dans un communiqué au vitriol, jugeant que la conférence de presse commune des deux hommes au terme de leur rencontre lundi était l'une "des performances les plus honteuses d'un président américain". Debout face aux journalistes avec le maître du Kremlin, le locataire de la Maison-Blanche s'en est pris à l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'ingérence russe dans la présidentielle de 2016, qui l'a porté au pouvoir. Et il a semblé mettre sur le même plan les accusations du renseignement américain en ce sens et les dénégations de Vladimir Poutine. Une telle attitude n'a pas trouvé beaucoup de défenseurs à Washington, au sein d'une classe politique globalement hostile à l'égard de Moscou.

"Il n'y a pas moralement d'équivalence entre les Etats-Unis et la Russie, qui demeure hostile à nos idéaux", a réagi le chef de file des républicains au Congrès américain, Paul Ryan, appelant Donald Trump à "réaliser que la Russie n'est pas notre alliée". Dans son communiqué, à l'unisson d'un grand nombre de parlementaires de tous bords, le président de la Chambre des représentants a tenu à écarter tout "doute" : "La Russie a interféré dans notre élection et continue à tenter de fragiliser la démocratie ici et dans le monde."

L'opposition démocratique attaque aussi. D'autres membres du Sénat, plus régulièrement critiques à l'égard du président, sont allés plus loin, qualifiant ses propos de "honte" comme Jeff Flake, ou comme le président de la commission des Affaires étrangères Bob Corker, estimant que Vladimir Poutine était sorti "largement gagnant" de ce sommet. De manière plus attendue, l'opposition démocrate a aussi vivement condamné le comportement du président des Etats-Unis. "Irréfléchi, dangereux et faible", a attaqué son chef au Sénat, Chuck Schumer. Selon lui, "la Maison-Blanche est maintenant confrontée à une seule, sinistre question : qu'est-ce qui peut bien pousser Donald Trump à mettre les intérêts de la Russie au-dessus de ceux des Etats-Unis ?"

Une "trahison" pour le renseignement américain. La communauté du renseignement, dont les rapports sur l'ingérence russe dans l'élection de 2016 ont une nouvelle fois été relativisés par Donald Trump, est aussi montée au créneau lundi. L'actuel directeur du renseignement Dan Coats a défendu dans un bref communiqué les évaluations "claires" de ses services en ce sens et sur les "efforts en cours" de Moscou pour "saper" la démocratie américaine. Son prédécesseur James Clapper a lui carrément dénoncé sur CNN "une incroyable capitulation" du président des Etats-Unis, qui "semblait intimidé par Vladimir Poutine". Quant à l'ex-patron de la CIA John Brennan, en poste sous Barack Obama, il a estimé que la "performance" de Donald Trump à Helsinki était "rien de moins qu'un acte de trahison". 

En réponse, Donald Trump a dit avoir une "immense confiance" dans le renseignement américain. "Toutefois, je dois aussi reconnaître qu'afin de construire un avenir meilleur, nous ne pouvons pas nous tourner exclusivement vers le passé - étant les deux plus grandes puissances nucléaires mondiales, nous devons nous entendre !", a tweeté Donald Trump.