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Pauline Rouquette
Le président américain, Joe Biden, est à Bruxelles, lundi, pour participer au premier sommet de l'Otan de sa présidence. Un sommet qui s'inscrit en décalage avec le rapport qu'entretenait Donald Trump avec l'Alliance atlantique. Invité d'Europe 1, lundi, le politologue Bruno Tertrais évoque un sommet "essentiellement symbolique".

Le 32e sommet de l'OTAN s'ouvre lundi, le premier de l'ère Joe Biden. Alors que son prédécesseur, Donald Trump, avait plusieurs fois brandi la menace d'un retrait des États-Unis du traité transatlantique, l'actuel président américain s'est rendu à Bruxelles pour un sommet qui devrait marquer une nouvelle ère dans les relations entre Washington et ses alliés. Bruno Tertrais, politologue, spécialiste de l’analyse géopolitique et stratégique, était l'invité d'Europe 1, lundi matin. Pour lui, "ce sommet va être essentiellement symbolique. C'est un sommet de retrouvailles, un sommet où la photo de famille sera importante."

De la "thérapie de choc" à la "rééducation"

"La défense d'un allié attaqué est une obligation sacrée", a affirmé le président américain, Joe Biden. Une position en décalage net avec celle de celui qui lui a précédé à la Maison Blanche. "L'important pour Joe Biden, c'est de réaffirmer cet engagement solennel de l'Amérique de défendre ses alliés", estime Bruno Tertrais. "Le 'un pour tous, tous pour un' du traité de Washington, est le premier message, et peut-être le plus important de ce sommet".

Ce 32e sommet entérine-t-il la renaissance de l'Alliance atlantique qualifiée, en novembre 2019 par Emmanuel Macron, comme étant en état de "mort cérébrale" ? "Après la thérapie de choc, on est passé un peu à la rééducation", affirme Bruno Tertrais. Si ce dernier juge peu probable que le président français réitère ce genre de déclarations - qui pointait à l'époque la présidence de Donald Trump -, le politologue évoque tout de même une question qui sera centrale dans le maintien de la solidarité transatlantique : celle concernant la Turquie et "le jeu un peu personnel de Recep Tayyip Erdogan". "On verra, mais c'est peut-être la Turquie qui sera une fois de plus le trublion de l'OTAN."

"Montrer qu'il a derrière lui cette solidarité occidentale"

À la différence de Donald Trump qui ignorait l'Europe, Joe Biden réitère l'importance des liens entre les États-Unis et les Européens. "Il faut rappeler que la défense de l'Europe, c'est un intérêt américain", explique Bruno Tertrais. "S'il arrivait quoi que ce soit de dramatique à l'Europe, l'Amérique en serait forcement touchée, ne serait-ce que sur le plan économique", poursuit le spécialiste de l'analyse géopolitique. "Ce n'est pas simplement par idéologie, c'est aussi un intérêt américain : tout simplement vendre des équipements de défense à l'Europe."

Pour Bruno Tertrais, il y a évidemment une composante politique. En effet, dit-il, alors que le président américain devrait rencontrer son homologue russe, Vladimir Poutine, "il est important pour Joe Biden de montrer qu'il ne représente pas les démocraties occidentales mais qu'il a derrière lui cette solidarité occidentale". Et il en va de même en ce qui concerne la Chine. "Là encore, c'est important pour lui d'essayer de créer, non pas un front commun parce qu'on n'est pas dans une logique de confrontation, mais au moins une certaine perception commune du problème chinois", achève Bruno Tertrais. "C'est important pour lui à l'intérieur et à l'extérieur."