1:44
  • Copié
Caroline Baudry avec AFP, édité par Laura Laplaud / Crédit photo : AFP , modifié à
Les dirigeants des pays d'Afrique de l'Ouest opposés au coup d'État au Niger se réunissent jeudi à Abuja pour un sommet crucial, après l'échec de leur ultimatum aux militaires qui ont pris le pouvoir. Mais les nouveaux maîtres du Niger ont semblé jusqu'ici fermés aux tentatives de négociations de la Cédéao.

Les dirigeants des pays d'Afrique de l'Ouest opposés au coup d'État au Niger se réunissent jeudi à Abuja, capitale du Nigeria, pour un sommet crucial. "D'importantes décisions" sont attendues lors de ce sommet, a prévenu mardi la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a réaffirmé privilégier la voie diplomatique pour restaurer l'ordre constitutionnel au Niger, tout en maintenant sa menace d'un recours à la force.

Vers une intervention militaire ?

La Cédéao, par la voix du Nigeria qui assure la présidence tournante de l'organisation, s'exprimait pour la première fois depuis l'expiration dimanche soir d'un ultimatum de sept jours lancé aux militaires pour rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Or les nouveaux maîtres du Niger ont semblé jusqu'ici fermés aux tentatives de négociations de la Cédéao. Ce qui fait craindre que le sommet de jeudi matérialise la menace d'intervention militaire, aussi redoutée que critiquée dans la région. 

Toutes les options dangereuses

Les putschistes du coup d'État s'installent et sont inflexibles. Désormais, toutes les options sont dangereuses. Laisser les putschistes gouverner montre qu'on les tolère et ouvre la voie à une contagion aux pays alentours comme le Togo. Cela pourrait aussi reconfigurer la présence occidentale militaire, politique et économique dans la région. Bref, bouleverser la donne stratégique du Sahel. 

Mais une intervention armée pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum est bien trop risquée, selon Gabriel Poda, analyste au cabinet de conseil Sahel Politica à Genève. "Le risque d'une déflagration serait énorme pour la stabilité des États du Sahel, que cela soit au Niger même ou au Burkina, au Mali ou dans des pays côtiers également. D'autant plus qu'aujourd'hui, les pays engagent leurs ressources à la fois économiques, financières et militaires dans la lutte contre le djihadisme. Je vois très mal les États engager leurs moyens et leurs ressources pour aller faire une intervention militaire au Niger. Il n'y a pas véritablement d'options", affirme-t-il.

De multiples enjeux pour la Cédéao

L’enjeu est multiple pour la Cédéao. Trouver une voie pour sortir de la crise, assurer la sécurité du président Bazoum, séquestré dans sa résidence privée, et tenter de conserver une crédibilité, très entachée par l’échec total des négociations.

Depuis le 7 août, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et le Tchad sont classés rouge sur la carte du ministère des Affaires étrangères. Tout déplacement dans ces pays est donc formellement déconseillé.