Barkhane France Armées 3:42
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Didier François, édité par Thibaud Le Meneec
La persistance de la menace régionale malgré l'opération Barkhane et le lourd bilan humain de l'intervention française depuis 2013, encore alourdi par la mort de treize soldats lors de la collision de deux hélicoptères, lundi, reposent la question d'un éventuel retrait des troupes de la région du Sahel. 
ON DÉCRYPTE

Lundi soir, treize soldats français ont trouvé la mort dans la collision de deux hélicoptères au Mali, où la France est engagée dans l'opération Barkhane depuis 2013, lors de combats contre les djihadistes. Avec ce lourd bilan, qui porte les pertes à 41 morts depuis le début des opérations il y a six ans, l'épineuse question de la présence militaire française au Sahel contre la menace régionale se repose depuis l'annonce de leur mort, mardi, et alors que la zone veut retrouver une pleine stabilité.

Califat du désert

Pour tenter d'y voir plus clair, il faut revenir un peu en arrière. Quand les armées françaises déclenchent les opérations militaires au Mali, en janvier 2013, tout le nord du pays est sous le joug des djihadistes, avec un véritable petit califat du désert, d’où partent deux colonnes de combattants armés jusqu'aux dents. Ils bousculent les positions maliennes le long du fleuve Niger et menacent de s’emparer de la capitale, Bamako, sans que rien ne puisse les arrêter.

La France a donc pris ses responsabilités en arrêtant ces colonnes et en détruisant les bases arrière des djihadistes qu’elle a repoussés au fin fond du désert. Aujourd'hui, ce ne sont plus que de petites bandes isolées, qui peuvent encore poser des mines et attaquer des villages ou organiser des attentats terroristes spectaculaires, mais la présence de Barkhane les empêche de se reconstituer en une force militaire capable de renverser les autorités locales.

Les autorités encore en difficulté

L'intervention militaire n'a pas lieu qu'au Mali : les 4.500 soldats français déployés dans le Sahel mènent des opérations quotidiennes de traque sur un territoire qui a la taille de l’Europe. Si la France retirait ses troupes, au prétexte que le combat est difficile et parfois frustrant, ce que personne ne conteste, elle ouvrirait un boulevard aux islamistes dont les toutes premières victimes seraient les Africains. Dans ces conditions, au-delà de la menace régionale, ce serait rapidement la sécurité des Français et des Européens qui serait directement menacée à terme.

Dans ce contexte, que font les autorités locales ? Les armées africaines concernées, regroupées au sein du G5 Sahel, sont mobilisées de différente manière dans les combats. Les armées du Tchad et de la Mauritanie sont très autonomes et très efficaces, alors que celle du Niger fait du bon travail et progresse. En revanche, les armées du Mali et du Burkina Faso sont moins efficaces dans cette lutte contre le terrorisme. C’est d’ailleurs une des missions de Barkhane que de les former et de les aider à monter en puissance. Mais là, il n'y a pas de secret : ça prend du temps.

Et l'Europe ?

Reste l'Europe. Pour le continent, c’est un enjeu majeur que de s'engager pour stabiliser la région et réduire la menace. Il y a d’ailleurs un projet qui est en train de prendre forme : l'opération "Takuba" qui consiste à intégrer dans Barkhane de petits contingents de Forces spéciales européennes, dont le rôle sera d’encadrer puis d’accompagner au combat les unités maliennes à partir de l’année prochaine.