Rentabilité "très négative" du projet Lyon-Turin, selon l'analyse italienne

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L'analyse italienne juge non rentable le projet Lyon-Turin. (Photo d'illustration) © JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
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avec AFP , modifié à
Selon un document officiel italien, publié mardi, la ligne Lyon-Turin aurait des coûts supérieurs de 7 milliards d'euros aux bénéfices d'ici 2059.

L'analyse commandée par Rome sur la liaison ferroviaire Lyon-Turin juge que ce projet présente une "rentabilité très négative", avec des coûts supérieurs de 7 milliards d'euros à ses bénéfices d'ici à 2059. Cette analyse de 79 pages, publiée mardi sur le site du ministère italien des Transports, a été transmise le 9 janvier au ministre italien des Transports, Danilo Toninelli, qui l'a fait traduire et l'a remise le 5 février à l'ambassadeur de France à Rome.

Division au sein du gouvernement italien. Le projet de liaison ferroviaire divise profondément la coalition populiste au pouvoir à Rome, qui a donc commandé une analyse coûts-bénéfices avant de se prononcer. La Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, vice-Premier ministre, est très favorable à ce projet, tandis que le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) de l'autre vice-Premier ministre, Luigi Di Maio, y est farouchement opposé.

Près de huit milliards d'investissements "à finir". Dans leur rapport, les experts estiment à 7,9 milliards d'euros les coûts d'investissement "à finir" et la gestion de l'infrastructure. Ils considèrent par ailleurs que, concernant le transport des marchandises, l'impact serait négatif à hauteur de 463 millions d'euros, les bénéfices du passage de la route vers le train étant loin de compenser la baisse des recettes pour l'État liées à la moindre consommation de carburant, qui entraîne moins d'accises encaissées, et la réduction des entrées liées au péages autoroutiers.

En revanche, concernant le trafic passagers, l'analyse fait état d'un "bénéfice positif de 1,3 milliard", ce qui porte le solde négatif à 7 milliards. Ce rapport doit être le "point de départ d'un dialogue entre les deux exécutifs", italien et français, avec l'organisation rapidement d'une "rencontre bilatérale", avait expliqué Danilo Toninelli. Mais ce dossier risque surtout d'être un point de tension supplémentaire entre Rome et Paris, à couteaux tirés ces dernières semaines.