Référendum catalan : la presse française craint un "chemin sanglant"

Catalogne, référendum crédit : RAYMOND ROIG / AFP - 1280
Policiers et manifestants se sont affrontés dimanche, les uns pour s'emparer des urnes du référendum, les autres pour les protéger © RAYMOND ROIG / AFP
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avec AFP , modifié à
Avec plus de 90 blessés dans des heurts dimanche, en marge du référendum d'autodétermination de la Catalogne, la presse française craint un relent de guerre civile et regrette la gestion de cette crise par la violence de l'État espagnol.

Les violences qui ont marqué le référendum d'autodétermination interdit en Catalogne laissent craindre à la presse française de lundi que le bras de fer entre indépendantistes et gouvernement de Madrid ne ravive les démons de la guerre civile.

"Un chemin sanglant". Pour Le Figaro, "les violences creusent le fossé entre Madrid et la Catalogne". "L'Espagne ne doit pas prendre ce chemin sanglant qu'elle ne connaît que trop bien", insiste Johan Hufnagel dans son éditorial de Libération. "La situation n'a pourtant pas d'autre issue positive qu'une discussion politique et une résolution démocratique", martèle Patrick Apel-Muller. "C'est ce chemin qui doit être exploré, plutôt que les charges matraque en main ou les tirs de balles en caoutchouc."

Des indépendantistes qui se posent en victimes. "C'est moins le résultat du référendum que la manière dont le pouvoir central a géré cette affaire qui fait des séparatistes, passant pour les victimes, les vainqueurs du bras de fer", estime Laurent Bodin dans L'Alsace. Dans La République des Pyrénées, Jean-Michel Helvig regrette "des scènes de violences policières qui permettent maintenant aux indépendantistes de se poser en victimes, quand ils n'étaient que des apprentis-sorciers".

"Ce référendum était un piège et [le président du gouvernement] Mariano Rajoy s'y est jeté tête la première", constate Pascal Coquis des Dernières Nouvelles d'Alsace. "L'exemple espagnol montre qu'à vouloir réprimer trop durement les indépendantistes, on prend le risque de les victimiser, donc de les conforter", confirme Benoît Gaudibert dans L'Est républicain.

Des rêves d'indépendance qui peuvent "se muer en guerre civile". "La journée d'hier démontre que la violence est à portée de main. Au coin de la rue, les rêves d'indépendance peuvent se muer en guerre civile, comme autrefois", met en garde Jean Levallois dans La Presse de la Manche. "Au sortir du franquisme, l'Espagne s'est réinventée comme un pays très décentralisé", rappelle Jean-Christophe Ploquin dans La Croix. "Peut-être le pays peut-il évoluer vers un fédéralisme plus poussé."