"Que se taisent les armes !", scande le pape François, tout juste arrivé en Irak

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Le pape est arrivé en Irak vendredi pour une visite historique. © Vincenzo PINTO / AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Le président irakien Barham Saleh a accueilli vendredi le pape François en "invité apprécié", tandis que le souverain pontife argentin a lancé un appel à la paix après son arrivée. "Assez de violences, d'extrémismes, d'intolérances", a-t-il lancé, appelant également les chrétiens à "participer à la vie publique" dans le pays.

"Que se taisent les armes!", a lancé le pape François peu après son arrivée "longtemps attendue" en Irak, la première visite papale de l'histoire dans le pays ravagé par les guerres et désormais confronté à la pandémie, saluant des chrétiens restés malgré tout. Sous haute protection et circulant seul et masqué sous un strict confinement anti-Covid, le souverain pontife de 84 ans est venu en "pèlerin de paix" réconforter l'une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde, étiolée par violence et pauvreté.

Au cours de son séjour - qui s'achèvera lundi au terme de 1.445 km parcourus principalement par les airs pour éviter les zones où se terrent toujours des jihadistes - le pape tendra également la main aux musulmans en rencontrant le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité pour de nombreux chiites d'Irak et du monde. Le chef des 1,3 milliard de catholiques du monde a évoqué tous les sujets brûlants en Irak devant ses plus hauts responsables, parmi lesquels le président Barham Saleh, qui a envoyé l'invitation officielle pour cette visite sans précédent.

L'appel à la paix du pape François 

"Assez de violences, d'extrémismes, d'intolérances", a martelé le pape vendredi. Assez aussi, de la "corruption", la raison pour laquelle des centaines de milliers d'Irakiens ont manifesté pendant des mois fin 2019. A l'époque déjà, le pape avait exhorté l'Irak à cesser de réprimer ses jeunes en demande de justice. Il faut "édifier la justice", a-t-il de nouveau martelé. Et que "personne ne soit considéré comme citoyen de deuxième classe", surtout pas les chrétiens - 1% de la population dans ce pays musulman - ni les Yazidis, minorité martyre du groupe Etat islamique (EI) dont des milliers de ses femmes ont été vendues sur les "marchés aux esclaves" des jihadistes.

François a dénoncé des "barbaries insensées et inhumaines" perpétrées en Irak, la Mésopotamie antique, "berceau de la civilisation". Il a encore rappelé "la présence très ancienne des chrétiens sur cette terre" où est né selon la tradition Abraham, plaidant pour "leur participation à la vie publique" comme "citoyens jouissant pleinement de droits, de liberté et de responsabilité". Après cette étape politique, le pape va entamer la partie plus spirituelle et populaire de son voyage, celle qu'il préfère de loin.

Au sujet des ingérences étrangères, le pape a appelé "les nations" à ne pas "imposer des intérêts politiques ou idéologiques" à l'Irak. 

Une visite du pape sous haute sécurité 

Le programme est ambitieux. Il va commencer par une prière en la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel secours en fin de journée. Cette église catholique du centre de Bagdad avait été le théâtre à la Toussaint 2010 de la prise d'otages la plus sanglante contre des chrétiens d'Irak : 53 morts. Il ira ensuite à Najaf, Ur, Erbil, Mossoul, Qaraqosh: à chaque fois, il ne verra que quelques centaines de personnes, à l'exception d'une messe dimanche dans un stade d'Erbil au Kurdistan, en présence de plusieurs milliers de fidèles.

Bagdad a assuré avoir pris toutes les mesures de sécurité "terrestres et aériennes". Et, signe de détente inespéré dans les tensions irano-américaines toujours latentes en Irak, un des groupuscules qui revendiquent parfois des tirs de roquette sur des Américains a annoncé une trêve le temps de la visite papale.