A Mossoul, quelques familles chrétiennes sont revenues, mais très peu. Image d'illustration. 3:44
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Jean-Sébastien Soldaïni, eonvoyé spécial en Irak, édité par Guilhem Dedoyard , modifié à
Les chrétiens d'Orient peuvent désormais vivre en Irak sans craindre Daesh, et ils sont nombreux à avoir décidé de revenir dans leurs villes d'origine. Pourtant, de grandes disparités existent encore selon les territoires. Beaucoup espèrent que la venue du pape François, vendredi, va pouvoir changer les choses. 
REPORTAGE

Vendredi, pour la première fois dans l’Histoire, un Pape foulera la terre d’Irak, berceau du christianisme. Europe 1 est allé à la rencontre des chrétiens d’Orient, afin de savoir comment ils vivent leur religion après avoir été persécutés sour le régime de l'Etat islamique. S'ils sont revenus sur leurs terres parce qu’ils veulent vivre leur religion au plus proche des origines, les chrétiens sont encore confrontés à des difficultés d'ordre économique. 40% des personnes chassées par Daesh seraient revenues chez eux soit, un peu plus de 400.000 chrétiens, mais tous ne trouvent pas leur place. 

L'Irak berceau du christianisme

Douhai est en tout cas convaincu d'avoir fait le bon choix en revenant dans son village d'origine. Ainsi, il peut rester aux sources de sa religion et ne pas abandonner le berceau du christianisme. "Je ne crois pas en la façon dont les Européens vivent leur foi. Nous sommes le cœur de la foi. Nous sommes plus conservateurs et mieux connectés à notre religion et à notre église. En Europe, les églises catholiques sont vides le dimanche, pas chez nous", témoigne-t-il. 

Beaucoup sont revenus à Qaraqosh, ville 99 % chrétienne. Chaque jour, matin et soir, les paroissiens de Saint-Joseph se réunissent au sous-sol de l'église pour leurs messes intégralement chantées en langue syriaque et en Araméen, la langue du Christ. Ils ne font pas ça pour se cacher, mais simplement car le bâtiment est en construction.

Les fidèles n'ont plus peur, mais le père Amar admet que la haine imprégnée par Daesh persiste chez certains. "Parfois, vous croisez des gens qui pensent comme au temps de l’Etat islamique. Une fois, nous voulions faire des copies de photos chez un imprimeur et quand il a vu la croix sur les images, il a dit : 'je ne le ferai pas'. Leur idéologie n’est pas morte", regrette l'ecclésiastique.

Des villes où les chrétiens peinent à revenir

Dans des villes comme Mossoul, symbole des atrocités commises par Daesh, on ne compte qu'une centaine de familles chrétiennes. Pourtant, nombreux sont ceux qui souhaitent le retour des chrétiens et ce, même dans le quartier où Abou Bakr Al-Baghdadi, le dirigeant de l'EI, avait proclamé son Califat.

Ce commerçant les attend avec impatience car ils sont la clé de l'activité de la ville. "Mossoul ne renaîtra complètement qu’avec les chrétiens", explique-t-il. "Sans eux, cette ville n’est rien. Ils y seront en sécurité parce que ce sont des gens honnêtes, en qui on peut avoir confiance. Je leur dis, revenez, on se relèvera ensemble !" Le maire de la ville lance le même appel. Mossoul n’est pas un endroit réservé à l’Islam, assure-t-il. 

Une visite du pape très attendue

Dans ce contexte, la venue du pape François est très attendue. Spirituellement d'abord, les chrétiens espèrent que le souverain pontife va les conforter dans leur foi et leur choix de revenir sur place. Mais Issa espère que le pape vient aussi pour rappeler certaines choses aux dirigeants du pays. "C’est un signal à notre gouvernement", juge-t-elle. "Cela veut dire : 'prenez soin de nous.' Avec cette visite, on va s’intéresser à nous, parce que quelqu’un d’important, le Saint-Père, est derrière nous".

Car le vrai problème, aujourd'hui, pour les chrétiens d'Orient, c’est le manque d’emploi et de formation. Ils ont le sentiment d’avoir fait un sacrifice en rentrant pour relancer le pays, sans forcément avoir eu de reconnaissance pour leur choix.