Quand Bush père racontait sur Europe 1 "sa" stratégie en Irak

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George H.W. Bush faisait également part de son "grand respect" pour François Mitterrand. © Luke FRAZZA / AFP
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ARCHIVES E1 - En 1999, George Bush père, interviewé sur Europe 1, revenait sur la guerre du Golfe et sur son fils, pas encore président.
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En 1999, Saddam Hussein était encore à la tête de l’Irak, les Etats-Unis n’avaient pas encore été frappés par les attentats du 11-Septembre et Bill Clinton, alors patron de la Maison-Blanche, se remettait avec peine du scandale Monica Lewinsky. C’est dans ce contexte que George H.W. Bush, qui s’est éteint vendredi à l’âge de 94 ans, avait répondu aux questions d’Europe 1, à l’occasion de la sortie de son livre, Quatre ans pour changer le monde. Celui qu’on n’appelait pas encore "Bush père" était revenu sur les événements marquants de son mandat, avec une certaine clairvoyance.

Retour sur "Tempête du désert". En poste de 1989 à 1993, George H.W. Bush est avant tout le président de la guerre du Golfe, un épisode sur lequel il n’hésite pas à revenir quelques années plus tard. Car pour lui, Saddam Hussein, exécuté à Bagdad en 2006, représente alors "le mal incarné". George H.W. Bush justifie aussi sa stratégie, très critiquée à Washington, de ne pas entrer dans Bagdad au moment de l’opération "Tempête du désert". "Si j’avais été jusqu’à Bagdad, on n’aurait jamais vu le début du processus de paix au Moyen-Orient", assure l’ancien président, pour qui les Etats-Unis seraient alors "devenus une puissance occupante dans une terre arabe". "La France ne serait pas restée à nos côtés", ajoute encore Bush père. A l’époque, évidemment, il ne sait pas que son fils, élu président en 2000, mènera sa propre guerre en Irak, sans la France, et avec des conséquences désastreuses pour le pays.

"Grand respect" pour Mitterrand. George H.W. Bush se plaît aussi à évoquer sa relation avec les dirigeants mondiaux, à commencer par Mikhaïl Gorbatchev, pour lequel il avait, "au fond, un grand respect". "Je parlais souvent à Mitterrand de Gorbatchev, nous étions d’accord pour dire que c’était une grande figure de l’Histoire", soutient l’ancien président américain. Quant à la France, elle a "toujours été une bonne alliée". "Quand je suis devenu président, j'ai fait l'effort d'apprendre à connaître Mitterrand, nous l'avons invité chez nous, aux Etats-Unis", assure encore George H.W. Bush, qui dit avoir aussi eu "un grand respect" pour son homologue de l’époque.

"W" ne "consulte jamais son père". Autre sujet abordé, celui de son fils, George W. Bush, déjà gouverneur du Texas. "En tant que père, cela me remplirait d'une fierté incroyable, d'une immense joie, s'il décidait de se présenter à la présidence des Etats-Unis", affirme alors George H.W. Bush. Mais "W" "ne consulte que sa mère, jamais son père", lâche-t-il aussi, laissant entendre à quel point la relation entre le fils et son père est conflictuelle. Pour son père, le fils "a les capacités" et "l’énergie". "C'est un garçon fort, il est honnête, […] il peut passer tous ces examens intrusifs des médias sur la vie personnelle", ajoute encore le père, qui sera soigneusement écarté, un an plus tard, de la campagne présidentielle de son fils.