Barack Obama soutient Joe Biden Convention démocrate DEMOCRATIC NATIONAL CONVENTION / AFP 1:19
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Xavier Yvon, avec AFP, édité par Séverine Mermilliod , modifié à
A l'unisson, lors de l'avant-dernier jour de la Convention démocrate, Barack Obama et Kamala Harris, colistière de Joe Biden, ont dénoncé mercredi les échecs de Donald Trump qui n'a, selon eux, "jamais" pris la mesure de son poste. La possible prochaine vice-présidente souhaite "changer le cours de l'histoire avec cette élection".
REPORTAGE

Jeudi soir s'achève la Convention démocrate, avec le discours du candidat à la maison Blanche Joe Biden, 77 ans. Officiellement investie mercredi par les démocrates comme sa colistière, Kamala Harris a appelé l'Amérique à vaincre Donald Trump lors d'une élection où, selon Barack Obama, la démocratie est en jeu. La candidate malheureuse la présidentielle de 2016 Hillary Clinton a elle aussi apporté son soutien à Joe Biden.

Kamala Harris dénonce "l'absence de leadership" de Trump

"Nous méritons beaucoup mieux!", a lancé, déterminée, la sénatrice de Californie, Kamala Harris, 55 ans, qui pourrait le 3 novembre écrire un nouveau chapitre de l'histoire américaine en devenant la première femme à accéder à la vice-présidence. Dénonçant "le chaos permanent", l'"incompétence" et la "cruauté", cette ancienne procureure générale, fille d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, a appelé à la mobilisation pour éviter un nouveau revers, après celui d'Hillary Clinton en 2016.

Dans son discours, Kamala Harris a beaucoup évoqué sa mère, son modèle dans la vie : une immigrante venue d’Inde pour étudier aux Etats-Unis. "Comment aurait-elle pu imaginer, en me mettant au monde en Californie, qu’un jour je prononcerai ces mots : 'J’accepte votre nomination pour la vice-présidence des Etats-unis d’Amérique' ?"

Sourire immense, regard pétillant, Kamala Harris se pose en symbole de l’Amérique métissée, "fière d’être une femme noire", grâce à son père jamaïcain, symbole aussi de la réussite sociale, elle qui a été avocate, procureur, puis sénatrice. Elle s’est battue pour les victimes d’abus sexuels, contre le crime organisé, contre l’avidité des grandes banques, et dit savoir "reconnaître un prédateur quand j’en vois un", dans une allusion à peine voilée à Donald Trump.

"L'absence de leadership de Donald Trump a coûté des vies" au pays, a-t-elle enfin lancé, évoquant la pandémie de Covid-19 qui a fait plus de 170.000 morts aux Etats-Unis. "Il n'y pas de vaccin pour le racisme, nous devons faire le travail", a-t-elle ajouté avant qu'un Joe Biden tout sourire ne vienne la rejoindre sur scène - en respectant la distanciation physique.

"Nous pouvons changer le cours de l’histoire avec cette élection", a conclu Kamala Harris, car il n’y a pas que la vice-présidence en jeu : si Joe Biden est élu, il devrait ne faire qu’un seul mandat. Kamala Harris serait alors parfaitement placée pour lui succéder à la Maison-Blanche dans quatre ans.

Barack Obama démolit Trump et vante les mérites de Joe Biden

Le candidat démocrate a aussi pu compter sur le soutien de l'ancien président américain Barack Obama, le visage grave, qui a prononcé, à 75 jours du scrutin, un sévère réquisitoire contre le milliardaire républicain qui lui a succédé à la Maison Blanche le 20 janvier 2017.

"J'ai espéré, pour le bien de notre pays, que Donald Trump puisse montrer l'envie de prendre son rôle au sérieux, qu'il puisse ressentir le poids de la fonction", a affirmé Barack Obama, nettement plus jeune que les deux candidats en lice mais déjà retraité de la politique. "Mais il ne l'a jamais fait", a-t-il ajouté.

"Les conséquences de cet échec sont graves : 170.000 Américains morts, des millions d'emplois perdus, nos pires instincts libérés", a-t-il ajouté depuis Philadelphie. "En presque quatre ans, il n’a montré aucun intérêt à utiliser ce pouvoir immense pour aider quelqu'un d’autre que lui-même et ses amis, aucun intérêt à utiliser la présidence autrement que comme une télé-réalité pour obtenir l’attention dont il raffole."

Après Bill Clinton et Jimmy Carter, Obama est le troisième ex-président à soutenir Joe Biden, dont il a loué les qualités, remarquant son "empathie, cette décence, cette conviction que tout le monde espère. Il a fait de moi un meilleur président, et il a le caractère et l’expérience pour rendre notre pays meilleur", a-t-il conclu.

Pendant son discours, Donald Trump a multiplié les tweets colériques, en lettres capitales, accusant en particulier son prédécesseur de l'avoir espionné pendant sa campagne. Quelques heures plus tôt, après la diffusion d'extraits du discours, il avait déjà répliqué avec force. "Quand j'entends cela et que je vois l'horreur qu'il nous a laissée, la stupidité des accords qu'il a conclus...", avait-il réagi. "Regardez comme il était mauvais, à quel point il fut un président inefficace".

La convention nationale républicaine, très largement virtuelle et revue à la baisse, se tiendra quant à elle la semaine prochaine. Donald Trump prononcera son discours depuis la Maison-Blanche.