élections algérie 1:30
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Matthieu Bock, édité par Manon Bernard
Ce sont les toutes premières élections législatives depuis l’insurrection algérienne du Hirak, en février 2019. Autour des bureaux de vote, l’ambiance est électrique. Et peu d’Algériens se déplacent pour aller voter. Dans les rues d’Alger, la capitale, les passants marchent devant les affichages sans même lancer un regard.

Le climat est lourd dans les bureaux de vote. Depuis samedi matin, les Algériens sont appelés à se rendre aux urnes pour les élections législatives. Les premières depuis le mouvement contestataires du Hirak démarré le 16 février 2019. Ces élections sont censées apporter une nouvelle légitimité au régime, mais elles sont rejetées par le mouvement et par une partie de l'opposition, sur fond de répression généralisée.

"Je ne pense pas aller voter aujourd'hui. D'ailleurs, je ne me sens pas concernée par ça", lance une passante dans les rues d’Alger. Les chiffres de la participation à la mi-journée ne sont pas encore connus. Mais selon un président de bureau de vote, ils seraient "bien en dessous des chiffres habituels". "Je ne suis pas quelqu'un de politisée. Moi, personnellement, ça ne m'intéresse pas", poursuit la même passante. Comme elle, la plupart des algériens ne se précipitent pas devant les urnes. Ils préfèrent aller faire leurs courses au marché juste à côté des bureaux de vote, sans même regarder les affiches électorales.

"Je ne pense pas que ça va servir à changer quelque chose"

"Je ne vais pas voter parce que, comme disait Coluche, si le vote servait à quelque chose, ça serait interdit il y a longtemps", confie, résigné, un Algérien. Pour lui, il y a beaucoup trop de candidats et cela est "absurde" puisque "personne n’a de programme". Lors des dernières législatives, il y a quatre ans, le taux de participation était de 35%. Mais cette fois-ci, il pourrait être bien inférieur. La déception de la reprise en main du Hirak par le pouvoir a découragé beaucoup d'Algériens de se déplacer. "Je ne pense pas que ça va servir à changer quelque chose", avance ce même passant.

Vendredi soir, trois figures du mouvement arrêtées jeudi à la veille des élections législatives ont été libérées après plus de 24 heures de détention. Mais, au moins 222 personnes seraient toujours incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles en Algérie, selon le Comité national pour la libération des détenus.

Plus de 24 millions d'électeurs qui sont invités à voter samedi. Les premiers résultats devraient commencer à tomber à partir de dimanche.