Plus de 80 civils tués dans des violences en Centrafrique

© AFP/PATRICK FORT
  • Copié
avec Reuters , modifié à
Des membres de la communauté peule ont été massacrés cette semaine par des membres du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique. 

Le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide a annoncé vendredi être en possession d'éléments indiquant que des milices en Centrafrique ont pourchassé et massacré des membres de la communauté peule, tuant 85 civils cette semaine. Des heurts ont éclaté lundi à Bria, une ville à 600 km au nord-est de la capitale, Bangui, entre deux groupes rebelles rivaux ex-Séléka musulmans, le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FRPC) et l'Union pour la Paix en Centrafrique (UPC).

Une communauté musulmane. L'UPC compte une majorité de Peuls, communauté musulmane issue de bergers nomades de la région sahélo-saharienne, répartis désormais dans une quinzaine de pays en Afrique de l'Ouest et du centre. Dans un communiqué, le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, a annoncé que le FRPC avait ciblé des Peuls à Bria, fouillant chaque maison avant de tuer, de piller ou de voler les habitants. Les combattants des FPRC sont également entrés dans un hôpital où ils ont empêché des personnes peules blessées de recevoir des soins.

11.000 personnes déplacées. Outre les 85 civils tués, environ 76 personnes ont été blessées et près de 11.000 déplacées par les violences, a précisé Adama Dieng. La ville de Bambari, à 200 km au sud-ouest de Bria, a aussi été le théâtre de heurts entre les deux groupes. "S'ils sont menés de manière étendue ou systématique, de tels actes pourraient constituer des crimes au regard du droit international qui peuvent être jugés par les tribunaux nationaux ou internationaux", a-t-il déclaré, ajoutant avoir demandé l'ouverture d'une enquête pour identifier les responsables. "Etant donné l'histoire récente du pays, ce genre de violence ciblée est extrêmement dangereuse et doit être stoppée", a-t-il déclaré.

Anti-Balaka et Séléka. Les violences de cette semaine représentent les plus importantes commises à l'égard de minorités depuis la fin de l'opération française Sangaris le 31 octobre. Il revient désormais principalement aux 12.500 casques bleus de la Minusca, appuyés par l'Union européenne, d'assurer la sécurité. La mission de l'Onu a renforcé sa présence à Bria afin d'éviter de nouvelles violences. En 2013, le renversement par la Séléka du gouvernement du pays à majorité chrétienne a déclenché un violent conflit inter-communautaire, marqué par les affrontements entre milices chrétiennes "anti-Balaka" et Séléka et des exactions sur les civils.