Des familles portent plainte contre Le Drian : "Ce qui est surréaliste, c’est que l’on laisse des enfants français pourrir en Syrie"

  • Copié
Matthieu Belliard

Au micro de Matthieu Belliard, sur Europe 1, la tante d'un enfant de 3 ans détenu en Syrie avec sa mère explique pourquoi elle a choisi de se tourner vers la justice pour tenter de faire rapatrier ses proches.

Une dizaine de familles de femmes et d'enfants français retenus dans des camps kurdes, en Syrie, ont porté plainte contre le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour "omission de porter secours" en refusant de les rapatrier. Invité le 8 septembre du Grand Rendez-vous, sur Europe 1, le ministre avait rappelé la ligne du gouvernement en la matière, à savoir un traitement au cas par cas plutôt qu’un rapatriement global. "Nous essayons de rapatrier autant que faire se peut, lorsque l’on a bien identifié les possibilités des enfants isolés", a-t-il indiqué.

"Ce qui est surréaliste, c’est que l’on laisse des enfants français pourrir là-bas. Pour un pays qui se dit de droit, je trouve que le droit a bien été caché au fond du placard", s’est insurgée mardi, au micro de Matthieu Belliard, également sur Europe 1, Linda*, l’une des plaignantes, qui est la tante d’un enfant de 3 ans retenu dans un camps en Syrie avec sa mère.

En 2014, la sœur de Linda a rejoint le groupe Etat islamique avec un homme épousé en secret. "Elle m’a juste envoyé un message un jour en me disant : 'Je suis à Mossoul.' Au début, j’ai pensé que c’était une blague…". De cette union est né un fils, qui était âgé d’à peine deux mois lorsque son père a été tué sous les bombes de la coalition. "Je ne l’ai jamais connu puisqu’il est né là-bas, et en même temps, j’ai l’impression de tout savoir de lui puisqu’elle m’a toujours raconté, au fur et à mesure, son évolution. Elle nous envoyait des photos, me disait ce qu’il aimait, ce qu’il n’aimait pas. Au début, on avait des nouvelles presque tous les jours."

"Leurs conditions de vie sont terribles"

Désormais, la mère et le fils vivent dans l’un des camps de prisonniers tenus par les Kurdes. "Leurs conditions de vie sont terribles. Il est dans une tente, un peu comme un animal en cage. Il ne peut pas sortir, car les enfants n’ont rien d’autre pour jouer que des pierres, donc ils se les balancent. Vous avez un soleil de plomb qui vous terrasse", rapporte Linda. "Ma sœur me quémande des livres en français, des livres d’histoire à raconter à son fils, des livres de comptines, des livres pour lui faire un peu la classe… Mais c’est impossible."

 

Désormais, Linda se tourne vers la justice car elle estime que Jean-Yves Le Drian "est capable de les mettre hors de danger". Elle espère encore que mère et fils soient rapatriés ensemble. "C’est quelqu’un qui a fait une grosse erreur, qui en est consciente, qui aimerait payer sa dette et sauver son enfant", assure-t-elle. "Pour moi, les séparer ce serait une catastrophe. Mon neveu, la seule chose qui lui reste, c’est sa mère."

*Le prénom a été modifié