"Panama Papers" : à chacun sa ligne de défense

Les noms de Jérôme Cahuzac, de Patrick Drahi et de Patrick Balkany ont été cité dans l'affaire des "Panama papers".
Les noms de Jérôme Cahuzac, de Patrick Drahi et de Patrick Balkany ont été cité dans l'affaire des "Panama papers". © AFP
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R.D avec AFP , modifié à
Les archives du cabinet Mossack Fonseca relient de nombreuses figures politiques, médiatiques et sportives à des sociétés offshore. 

C'est un gigantesque coup de pied dans la fourmilière de la finance offshore. L'enquête d'un consortium d'investigation dans l'opération "Panama Papers", qui a commencé à être divulguée dimanche, révèle une liste mondiale de personnalités ayant utilisé des sociétés extraterritoriales. Cette enquête se base sur quelque 11,5 millions de documents, regroupés sous la dénomination "Panama papers", qui proviennent tous du cabinet d'avocats Mossack Fonseca. En France, les noms de l’homme d’affaire Patrick Drahi, de l'ancien ministre Jérôme Cahuzac, du député-maire Les Républicains de Levallois-Perret Patrick Balkany ou encore de l’ancien patron de l’UEFA Michel Platini ont déjà été cités. À une échelle internationale, l’entourage de Poutine, le premier ministre islandais, le footballeur Lionel Messi ou encore l'acteur Jackie Chan ont également été pointés. Plusieurs figures organisent déjà leur défense, généralement autour d’un même argument : les services fiscaux de leur pays de résidence étaient au courant.

Patrick Drahi : aucune incidence fiscale.Patrick Drahi a démenti avoir utilisé une société panaméenne à des fins d'évasion fiscale, alors que le nom du principal propriétaire du groupe de médias et télécoms Altice, a été cité. Le groupe Altice, maison mère de SFR, reconnaît avoir eu recours à une société enregistrée au Panama mais "dans des conditions parfaitement légales" et "sans aucune incidence fiscale", insiste-t-on dans un communiqué publié lundi, en menaçant de poursuites toute association du président-fondateur "avec des situations frauduleuses". Cette société panaméenne "a été utilisée sur des opérations accessoires pour des raisons de stricte confidentialité et dans des conditions parfaitement légales, sans aucune incidence fiscale, et a fortiori étrangères, de près ou de loin, à toute fin d'évasion, de dissimulation, ou d'optimisation fiscale", assure-t-on.

Michel Platini : la Suisse savait. L’ancien footballeur aurait eu recours aux services de Mossack Fonseca en 2007, l'année où il a été désigné président de l'UEFA, pour administrer une société au Panama. Dans un communiqué, l’ancien patron de l’UEFA renvoie vers l'administration fiscale suisse. Michel Platini tient à faire savoir, comme il l'a indiqué à maintes reprises aux journalistes en charge de cette enquête, que l'intégralité de ses comptes et avoirs sont connus de l'administration fiscale suisse, pays dont il est résident fiscal depuis 2007", a fait savoir son service de communication.

Lionel Messi menace de porter plainte L'argentin serait propriétaire avec son père d'une société panaméenne enregistrée dans les archives de Mossack Fonseca en juin 2013, soit au lendemain de sa mise en examen pour fraude fiscale, détaille Ouest France. Dans un communiqué publié lundi en fin d'après-midi, l'attaquant du FC Barcelone assure cette société n'a jamais été utilisée pour l'évasion fiscale et n'a jamais reçu de fonds. Selon des information du quotidien sportif espagnol El Mundo Deportivo, le footballeur envisagerait de porter plainte contre El Confidencial et contre le chaîne La Sexta qui ont révélés l'affaire en Espagne.

Vladimir Poutine : un coup des Américains.Des proches du président russe, dont son ami de longue date le violoncelliste Sergueï Roldouguine, auraient dissimulé jusqu’à deux milliards de dollars dans des paradis fiscaux. Le Kremlin a dénoncé une enquête journalistique pleine d'"inventions" et de "falsifications" visant à "déstabiliser" le pays. Poutine, la Russie, notre pays, notre stabilité, les prochaines élections sont la cible principale. Il s'agit de déstabiliser" le pays, a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, estimant qu'il n'y avait "rien de concret ou de nouveau" concernant le président russe dans cette enquête planétaire réalisée, selon lui, par des anciens de la CIA ou du Département d'Etat américain.

Le Premier ministre islandais : circulez, y a rien à voir.Sigmundur David Gunnlaugsson aurait eu jusqu’en 2009 des parts dans une société des îles Vierges britanniques avant de les céder, en 2009, à sa femme. La défense du chef du gouvernement islandais élu en 2013 est simple: lui n'a jamais caché d'argent à l'étranger, et sa femme est en règle avec le fisc islandais. "Elle n'a jamais utilisé de paradis fiscal, et on ne peut pas dire non plus que sa société est une société offshore dans le sens où elle paierait des impôts à l'étranger plutôt qu'en Islande ", a-t-il écrit sur son site internet. "Je n'ai pas envisagé de démissionner à cause de cela et je ne démissionnerai pas à cause de cela", a-t-il insisté lundi, interrogé par la chaîne Stöd 2. Pourtant, les prochaines semaines pourraient s’avérer difficile pour le jeune chef d’Etat, l’opposition de gauche envisageant de déposer une motion de défiance.

La Chine : le silence est d’or. Des proches de très hauts dirigeants chinois, dont le président Xi Jinping, auraient possédé dans des paradis fiscaux des sociétés écrans propres à dissimuler leur fortune. Les documents provenant du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, mettent notamment en exergue le rôle de Deng Jiagui, époux de la sœur aînée du chef de l'Etat Xi Jinping. En 2009, il serait devenu l’unique actionnaire de deux sociétés sociétés dans les îles Vierges britanniques. En tout, ce sont au moins huit membres, anciens ou actuels, du comité permanent du Bureau politique du Parti communiste chinois (PCC) qui ont été identifiés. Mais lundi, pas un nom ne filtrait dans les médias chinois. Un silence qui trahit la censure et l'écrasant tabou qui pèse en Chine sur la richesse des dirigeants politiques.