Migrants : en Hongrie, le pape François met en garde contre la tendance au «repli»

Le pape François a tenu un discours ce vendredi à Budapest en Hongrie
Le pape François a tenu un discours ce vendredi à Budapest en Hongrie © ARPAD KURUCZ / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP
Le pape François était en déplacement en Hongrie ce vendredi et a mis en garde contre la tendance "à se replier sur soi-même" dans un discours tenu devant le Premier ministre Viktor Orban, connu pour ses positions anti-migrants. Le dirigeant brandit régulièrement son attachement à la religion et sa volonté de défendre la "civilisation chrétienne".

Le pape François a mis en garde vendredi contre la tendance "à se replier sur soi-même" et insisté sur la "nécessité d'ouverture aux autres", dans un discours devant le Premier ministre anti-migrants Viktor Orban au premier jour de sa visite en Hongrie. L'esprit de la Constitution hongroise, qui appelle au respect des minorités, "est véritablement évangélique, contrecarrant une certaine tendance, parfois justifiée au nom des traditions et même de la foi, à se replier sur soi-même", a-t-il déclaré.

Dirigeant le pays d'Europe centrale depuis 2010, Viktor Orban brandit son attachement à la religion et sa volonté de défendre la "civilisation chrétienne" pour justifier sa politique d'exclusion des migrants. Fervent défenseur des droits des réfugiés, le souverain pontife, lui, ne cesse de plaider pour un accueil bienveillant et une juste répartition au sein de l'Union européenne.

"Un défi historique qui ne pourra être maîtrisé par le rejet" 

"C'est un sujet, celui de l'accueil (des étrangers), qui suscite beaucoup de débats à notre époque et qui est certainement complexe", a souligné le pape vendredi. "Il est urgent, en tant qu'Europe, de travailler à des voies sûres et légales, à des mécanismes partagés face à un défi historique qui ne pourra être maîtrisé par le rejet".

 

Sous l'égide de Viktor Orban, la Hongrie a bâti des clôtures à ses frontières et restreint le dépôt des demandes d'asile aux ambassades à l'étranger, une politique qui lui a valu plusieurs condamnations de la Cour de justice de l'UE. L'an dernier, seules 18 personnes ont obtenu le statut de réfugiés, un chiffre dérisoire qui n'a pas d'équivalent dans d'autres pays de l'Union européenne (UE).

Des visas de travail délivrés par la Hongrie

Cette politique de fermeture drastique en dehors du cadre légal européen, mise en place progressivement depuis la crise des réfugiés de 2015, n'empêche pas la Hongrie, en plein emploi, de délivrer des visas de travail, recrutant jusqu'en Asie, pour les secteurs en manque de bras, comme le bâtiment ou la restauration.

Le gouvernement hongrois aime également rappeler que deux millions de réfugiés ukrainiens ont foulé le sol du pays depuis le début de l'invasion russe. Mais 35.000 personnes seulement ont réclamé un statut de "protection temporaire" d'après des données du Haut-commissariat de l'Onu aux réfugiés (UNHCR), les autres continuant leur voyage vers l'ouest. C'est bien moins par habitant que d'autres pays voisins de l'Ukraine, comme la Pologne.