"Ma vie s'est arrêtée" : au Portugal, le blues des retraités français face au Covid-19

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Romane Hocquet, édité par

Ils avaient quitté la France pour ce bout d'Europe où la vie est plus douce et ensoleillée. Mais la progression fulgurante du Covid met à mal l'enthousiasme des retraités français du Portugal, qu'Europe 1 a pu rencontrer. Chez eux, des angoisses, une nostalgie, mais pas de volonté de faire le chemin inverse. 

Cet hiver dans le monde, les situations épidémiques sont extrêmement variées face au coronavirus. Alors que plusieurs pays s'apprêtent à desserrer les restrictions, avec même un déconfinement prévu samedi en Israël, le Portugal, à l'inverse, vit des heures douloureuses depuis plusieurs semaines. La troisième vague est violente dans le pays et certains Français, des retraités partis chercher le soleil après une vie de travail, l'éprouvent au quotidien, comme a pu le constater sur place Europe 1.

Une vie loin de ses proches

"Je n'avais qu'une hâte : c'était l'arrivée au Portugal et vivre mon rêve. Aujourd'hui, ma vie s'est arrêtée", confie ainsi Betty, une Française de Lisbonne qui ne s'autorise qu'une sortie par semaine. L'été dernier, à 60 ans, elle posait ses valises au Portugal rassurée par la gestion de la première vague.

" Même si mes filles apprenaient que j'étais dans un hôpital, elles ne pourraient pas me voir "

Mais, cet hiver, le pays est submergé par les contaminations, les hospitalisations et les morts. "Je n'y étais pas préparée", lâche Betty. "Les files d'attente, les sirènes des ambulances… Ça fait peur. Je suis loin de mes amis, de mes filles… Même si elles apprenaient que j'étais dans un hôpital, elles ne pourraient pas me voir, de toute façon. Le risque serait que je fasse une complication et que je meure toute seule."

"C'est un pays qui vit du contact social. J'avais choisi le Portugal en grande partie pour ça" 

La vie est également au ralenti pour Jean-Yves, qui flâne dans les rues désertes de son quartier lisboète, qu'il habite depuis quatre ans. "Ça fait un peu vide", glisse le senior. "Et ça, c'est très difficile à supporter. Ce qui manque le plus, c'est de voir les amis régulièrement, me dire 'tiens, avec qui je vais déjeuner aujourd'hui ?'. C'est un pays qui vit du contact social, de manière beaucoup plus importante qu'en France. S'ils se rencontrent quatre fois par jour, ils vont se prendre dans les bras l'un de l'autre quatre fois par jour. J'avais choisi le Portugal en grande partie pour ça."

Ces retraités entendent rester fidèles au pays malgré cette épreuve qui dure et éreinte autant les corps que les esprits. Jean-Yves affiche sa détermination : "Ce n'est pas le Covid-19 qui me fera quitter le Portugal."