L'Otan annonce des forces supplémentaires après des heurts au Kosovo

L'Otan a annoncé le déploiement de forces supplémentaires au Kosovo où des heurts ont éclaté.
L'Otan a annoncé le déploiement de forces supplémentaires au Kosovo où des heurts ont éclaté. © AFP
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avec AFP / Crédit photo : AFP
Face aux heurts qui ont embrasé le nord du Kosovo ce lundi, l'Otan a annoncé mardi l'envoi de nouvelles forces dans ce territoire situé au sud de la Serbie et majoritairement peuplé d'Albanais. La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ex-province. 

L'Otan a annoncé mardi l'envoi de nouvelles forces au Kosovo où des manifestants serbes sont toujours rassemblés devant une municipalité du nord du territoire, théâtre la veille de heurts ayant fait une trentaine de blessés parmi des soldats internationaux et une cinquantaine parmi les protestataires. "Le déploiement de forces supplémentaires de l'Otan au Kosovo est une mesure de prudence pour s'assurer que la Kfor (la force emmenée par l'Alliance dans l'ex-province serbe) dispose des capacités dont elle a besoin pour maintenir la sécurité", a déclaré l'amiral Stuart B. Munsch dans un communiqué publié à Naples.

A Zvecan, des soldats en tenue anti-émeutes de la Kfor ont placé une barrière métallique autour de la mairie pour empêcher plusieurs centaines de Serbes d'y accéder, a rapporté une journaliste de l'AFP. Trois véhicules blindés de la police kosovare, dont la présence suscite toujours l'ire des Serbes majoritaires dans quatre localités du Nord du Kosovo, étaient garés devant la mairie. Les Serbes ont boycotté les municipales d'avril dans ces villes, ce qui a abouti à l'élection de maires albanais avec une participation de moins de 3,5%.

La Serbie n'a jamais reconnu l'indépendance du Kosovo

Ces édiles ont été intronisés la semaine dernière par le gouvernement d'Albin Kurti, le Premier ministre de ce territoire en très large majorité peuplé d'Albanais, faisant fi des appels à l'apaisement lancés par l'Union européenne et les Etats-Unis. La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ex-province, une décennie après une guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles indépendantistes albanais.

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Des tensions éclatent régulièrement entre Belgrade et Pristina. Quelque 120.000 Serbes vivent au Kosovo, sur 1,8 million d'habitants. Environ un tiers d'entre eux habitent dans le Nord. Les manifestants réclament le départ des maires albanais jugés "illégitimes" tout comme celui de la police kosovare. La situation avait déjà dégénéré vendredi lorsque les maires étaient venus prendre leurs fonctions accompagnés par les forces de l'ordre kosovars. Lundi, dans un nouvel accès de fièvre, des manifestants serbes ont tenté de forcer la porte d'entrée de la mairie de Zvecan mais ont été repoussés par les forces kosovares. La Kfor avait ensuite tenté de séparer les deux parties avant de commencer à disperser les manifestants les plus violents.

L'UE appelle les belligérants à "désamorcer les tensions immédiatement et sans condition"

Les protestataires avaient répliqué en lançant des pierres, des bouteilles et des cocktails Molotov en direction des soldats. 19 soldats hongrois et 11 italiens ont été blessés dans ces heurts, a annoncé mardi la Kfor dans un communiqué, précisant qu'ils souffraient notamment de "fractures et des brûlures causées par des engins explosifs incendiaires improvisés". "Trois soldats hongrois ont été blessés par des armes à feu", selon la même source. Au moins 52 personnes ont été blessées dans les rangs des manifestants serbes, dont trois grièvement, a dit le président serbe Aleksandar Vucic. Cinq manifestants serbes soupçonnés d'avoir participé aux affrontements ont été arrêtés, selon la police kosovare.

 

Belgrade a ordonné à l'armée serbe de se placer en état d'alerte maximale, comme cela a été régulièrement le cas ces dernières années. La police kosovare a décrit la situation comme étant "fragile mais calme" et appelé les habitants "à ne pas tomber dans le piège des appels aux manifestations violentes et aux provocations". "La sécurité dans le Nord du pays s'est dégradée au point de mettre des vies en danger". Face à cette énième crise entre les deux anciens ennemis, l'Union européenne a appelé Serbes comme Kosovars à "désamorcer les tensions immédiatement et sans condition". Paris a demandé aux "parties, en particulier le gouvernement du Kosovo, à prendre immédiatement les mesures qui s'imposent pour réduire les tensions".

Aleksandar Vucic dénonce "les décisions unilatérales de Pristina"

Le président serbe a rencontré mardi à Belgrade les ambassadeurs de la Quinte, cinq puissances membres de l'Otan qui observent de près les Balkans occidentaux, mais annoncé qu'il allait aussi s'entretenir avec les représentants de la Russie et de la Chine. En attendant, Moscou a demandé à l'Occident à "enfin mettre fin à sa propagande mensongère et à arrêter de rejeter la responsabilité des incidents au Kosovo sur les Serbes poussés au désespoir".

"Les décisionsunilatérales de Pristina débouchent sur des violences contre la communauté serbe, ce qui nous éloigne d'une paix durable et de la stabilité dans la région", a renchérit Aleksandar Vucic sur Instagram après avoir rencontré les diplomates occidentaux. "Le retrait rapide des faux maires et des membres des soit-disant forces spéciales de Pristina est la condition pour préserver la paix au Kosovo".