Libération de Sophie Pétronin : "C'est plus une affaire malienne que franco-africaine"

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Antoine Terrel , modifié à

Invité samedi d'Europe 1, le journaliste Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique, a commenté la libération de Sophie Pétronin, après plusieurs années de captivité. "C'est plus une affaire malienne que franco-africaine", insiste-t-il. 

Après quatre années de détention aux mains de djihadistes présumés, Sophie Pétronin, qui était la dernière otage française dans le monde, a été libérée au Mali. Pour le journaliste Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique, cette libération, effectuée en même temps que celles de deux italiens et de l'homme politique malien Soumaïla Cissé, "est plus une affaire malienne que franco-africaine". 

Car Sophie Pétronin a en réalité profité de la volonté des autorités maliennes de libérer Soumaïla Cissé. "Au départ, les négociations ont commencé au mois d'avril pour la libération de Cissé, qui est le chef de l'opposition", rappelle Antoine Glaser. Puis, le coup d'Etat ayant eu lieu au mois d'août dans le pays "a changé la donne", explique-t-il. Ainsi, "c'est une dynamique interne au Mali qui a joué pour la libération de Sophie Petronin". Et d'ajouter : "Ce n'est pas une négociation directe entre le gouvernement français et les djihadistes, comme ça avait pu se faire au Niger pour la libération des otages d'Areva et de Vinci. On est dans une autre configuration".

"L'armée française ne peut pas rester en Afrique pendant des décennies"

En France, la polémique monte, notamment à l'extrême droite, autour des conditions de l'opération, la libération de Sophie Pétronin ayant coïncidé avec la remise en liberté entre dimanche et mardi de plusieurs dizaines de prisonniers que des responsables maliens, s'exprimant sous couvert d'anonymat, ont présenté comme des djihadistes. "Il ne s'agit pas de 200 terroristes", nuance Antoine Glaser, "il y a énormément de petites mains. Une dizaines d'entre eux ont commis des attentats, ont du sang sur les mains". 

Pour le journaliste, ces libérations peuvent notamment s'expliquer par la volonté de la France "de pouvoir faire évoluer la politique intérieure malienne", en vue d'un départ futur. Car, assure-t-il, "l'armée française ne peut pas rester en Afrique pendant des décennies".

"Il y a peut-être une possibilité qu'il y ait une une forme de réconciliation nationale" au Mali, dit encore Antoine Glaser, rappelant que les ravisseurs de Sophie Pétronin, s'ils sont affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique, sont d'abord un mouvement touareg qui voulait une autonomie de l'Azawad".