Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 63e jour du conflit

© jalaa marey / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Au 63e jour du conflit entre Israël et le Hamas, les combats se poursuivent dans les plus grandes villes de la bande de Gaza un mois après l'attaque du 7 octobre en Israël. Dans ce contexte, Emmanuel Macron a insisté vendredi auprès du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour l'ouverture d'un deuxième "point de passage" entre Israël et la bande de Gaza.

L'ONU a appelé vendredi à un "cessez-le-feu immédiat", aussitôt rejeté par les États-Unis, pour mettre fin à "l'hécatombe" dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par la guerre qui fait rage entre l'armée israélienne et le Hamas, avant un vote extraordinaire du Conseil de sécurité. Le Hamas a lui aussi appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à mettre fin à la "guerre brutale" dans le territoire palestinien.

Les principales informations :

  • Macron appelle Netanyahu à l'ouverture d'un deuxième accès pour acheminer l'aide à Gaza
  • Le Hamas a annoncé un nouveau bilan de 17.487 morts dans la bande de Gaza
  • Joe Biden parle à Benjamin Netanyahu de "la nécessité absolue de protéger les civils" à Gaza
  • Antony Blinken dit soutenir "une enquête approfondie" après la mort de journalistes à la frontière israélo-libanaise
  • L'ONU voit des "signes" d'ouverture d'un second passage vers Gaza, Israël réfute

Tsahal indique avoir pris position du centre de Khan Younès

Des combats acharnés se sont poursuivis vendredi du nord au sud de la bande de Gaza, notamment à Khan Younès, la principale ville du sud, où l'armée israélienne a annoncé avoir pris position dans le centre. Après une première phase de son offensive terrestre dans le nord du territoire, en parallèle à sa campagne de frappes aériennes massives déclenchée le 7 octobre, l'armée a étendu cette semaine ses opérations au sol jusque dans le sud, où se sont réfugiés des centaines de milliers de civils désormais pris au piège.

La population, confrontée à une situation humanitaire désastreuse, est poussée à se déplacer dans un périmètre de plus en plus exigu jusqu'à Rafah, le long de la frontière fermée avec l'Egypte, où des milliers de personnes tentent de s'abriter dans des camps de fortune. "Ceux qui ont survécu aux bombardements courent désormais un risque imminent de mourir de faim et de maladie", ont averti Save the children et d'autres ONG internationales, parlant d'une situation "apocalyptique".

93 soldats israéliens morts depuis la riposte d'Israël

La guerre a été déclenchée par l'attaque, d'une violence sans précédent, menée le 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, au cours de laquelle 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées selon les autorités israéliennes, et environ 240 autres prises en otage. En riposte à l'attaque, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

D'après le gouvernement israélien, 138 otages sont toujours retenus à Gaza, après la libération fin novembre dans le cadre d'une trêve de sept jours de 105 personnes enlevées, dont 80 en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël. Au total, 93 soldats israéliens ont été tués dans les combats à Gaza, selon l'armée. Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont fait 17.487 morts, pour plus des deux tiers des femmes et des moins de 18 ans, selon un nouveau bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Vendredi, a indiqué l'armée, les combats ont fait rage notamment dans le secteur de Khan Younès, "un important bastion de l'organisation terroriste Hamas". "Nous avons pris position dans le centre de la ville. Nous travaillons méthodiquement, avec précision, nous nous déplaçons de tunnel en tunnel, de maison en maison, et nous frappons les terroristes aussi précisément que possible", a déclaré le général Dan Goldfus, commandant de la 98e division, dans un message vidéo diffusé par l'armée.

Les soldats ont découvert un dépôt d'armes dans une école, un poste de commandement du Hamas dans une mosquée, où des "terroristes" ont été tués, ainsi que des armes "au domicile d'importants cadres du Hamas", selon un communiqué de l'armée.

Les États-Unis opposés à tout cessez-le-feu

Face à une "situation catastrophique", le Conseil de sécurité des Nations unies doit se prononcer vendredi sur un appel à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat", lors d'un vote extraordinaire. Mais les Etats-Unis, principal allié d'Israël dans ce conflit, sont opposés à tout cessez-le-feu, qui profiterait selon eux au Hamas. "Bien que les Etats-Unis soutiennent une paix durable, où les Israéliens et les Palestiniens peuvent vivre en paix et dans la sécurité, nous ne soutenons pas les appels à un cessez-le-feu immédiat", a déclaré l'ambassadeur américain adjoint à l'ONU Robert Wood, devant le Conseil de sécurité.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a pour sa part affirmé que "les violences perpétrées par le Hamas ne peuvent en aucun cas justifier la punition collective du peuple palestinien". Antonio Guterres avait invoqué mercredi l'article 99 de la Charte des Nations unies qui lui permet d'"attirer l'attention du Conseil" de sécurité sur un dossier qui "pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationale", une première depuis des décennies.

Le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a lui aussi appelé vendredi à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" et à mettre fin "à l'hécatombe des vies palestiniennes", tandis que les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays arabes ont réclamé la fin "immédiate" de la guerre.

Macron appelle Netanyahu à l'ouverture d'un deuxième accès pour acheminer l'aide à Gaza

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité a réussi à adopter une résolution qui appelait à des "pauses et couloirs humanitaires" à Gaza, mais pas à un "cessez-le-feu". L'inaction du Conseil de sécurité le rend "complice du massacre" dans la bande de Gaza, a accusé vendredi Médecins sans frontières. Selon l'ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans le territoire, où 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont fui leur foyer.

Le président français Emmanuel Macron a insisté vendredi auprès du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour l'ouverture d'un deuxième "point de passage" entre Israël et la bande de Gaza, à Kerem Shalom, afin d'acheminer l'aide dont les civils palestiniens ont "urgemment besoin". Lors d'un entretien téléphonique, "le président de la République a rappelé la nécessité de protéger les civils de Gaza et souligné l'importance de parvenir à un cessez-le-feu durable", a rapporté l'Elysée.

De nouveaux tirs de roquettes vers Israël

Les blessés continuent d'affluer dans les hôpitaux, parmi lesquels beaucoup d'enfants. "Nous étions dans une zone considérée comme sûre. (...) Après la frappe, nous avons soudain entendu des cris", a raconté Mohammed Jaarar, un habitant de Khan Younès.

La branche armée du Hamas a pour sa part revendiqué de nouveaux tirs de roquettes vers Israël, pour l'essentiel interceptées. Israël a imposé depuis le 9 octobre un siège total à la bande de Gaza, qui provoque de graves pénuries d'eau, de nourriture, de médicaments et d'électricité, alors que l'aide humanitaire n'arrive qu'au compte-gouttes depuis l'Egypte. Le carburant, nécessaire au fonctionnement des générateurs dans les hôpitaux et aux équipements de dessalinisation de l'eau, manque aussi.

"Protéger les civils"

Les Etats-Unis, malgré leur ferme soutien à Israël, s'inquiètent de plus en plus des lourdes pertes civiles palestiniennes. "Il reste impératif qu'Israël fasse de la protection des civils une priorité", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, évoquant un "écart" entre l'intention déclarée et "les résultats". Des propos appuyés par le président Joe Biden dans un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, d'après la Maison Blanche. "Les choses ne peuvent pas continuer comme elles le sont", a renchéri la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

Les familles d'otages tentent désespérément pendant ce temps d'obtenir la libération de leurs proche. Quatre représentants des familles se rendent vendredi à Paris, avant Bruxelles et Strasbourg, afin de pousser les Européens à faire pression sur le Qatar, principal médiateur entre les belligérants.

La guerre a aussi ravivé les tensions en Cisjordanie occupée ainsi qu'à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas. Trois soldats libanais ont été légèrement blessés vendredi par des tirs israéliens dans le sud du Liban, selon des sources médicales, tandis que l'armée libanaise a fait état d'une attaque israélienne contre un centre hospitalier militaire, qui n'a pas fait de victime.