Les députés allemands reconnaissent le génocide arménien

© AFP
  • Copié
avec AFP
Les élus du Bundestag ont adopté jeudi le texte malgré les menaces d'Ankara.

Les députés allemands ont adopté jeudi une résolution reconnaissant le génocide arménien, un vote contesté avec véhémence par la Turquie, partenaire clé mais difficile notamment sur la question cruciale de la crise migratoire en Europe. Le texte intitulé "Souvenir et commémoration du génocide des Arméniens et d'autres minorités chrétiennes il y a 101 ans" a été adopté à la quasi-unanimité des présents (une voix contre et une abstention) à la mi-journée alors que des personnes présentes dans le public ont brandi des panneaux sur lesquels on pouvait lire "Danke" (merci, en allemand). La majorité des orateurs a pris soin de souligner que cette résolution ne visait pas les autorités turques actuelles mais le gouvernement Jeune Turc de l'époque, responsable des massacres de 1915.

Des menaces sur certains députés. En ouverture des débats, Norbert Lammert, le président du Bundestag, chambre basse du Parlement allemand, avait souligné que cette assemblée n'était ni "un tribunal" ni une "commission d'historiens" mais que les députés allemands prenaient "leurs responsabilités" en se prononçant sur une telle résolution. Il a déploré les "nombreuses menaces, y compris de mort" ayant visé certains députés en amont de ce débat, notamment les élus ayant des origines turques. L'Allemagne compte près de 3 millions d'habitants d'origine turque, une des plus grandes diasporas au monde. Ces menaces sont "inacceptables" et "nous ne nous laisserons pas intimider", a-t-il ajouté.

Dans le texte, le Bundestag "nomme par son nom ce qu'a été la réalité des massacres commis (...) à savoir un génocide", a expliqué Franz Josef Jung le vice-président du groupe parlementaire conservateur (CDU/CSU) à l'origine de cette résolution avec les sociaux-démocrates du SPD et le groupe d'opposition des Verts. La résolution déplore en outre "le rôle déplorable du Reich allemand qui, en tant que principal allié militaire de l'empire ottoman (...) n'a rien entrepris pour stopper ce crime contre l'Humanité".