Le Parlement grec dit "oui" à l'accord avec les créanciers

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Le parlement grec dans la nuit de mercredi à jeudi. © ARIS MESSINIS / AFP
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G.S. avec AFP , modifié à
Alexis Tsipras a réussi tant bien que mal à faire adopter au Parlement les premières réformes exigées par les créanciers. 

Alexis Tsipras a réussi à faire adopter au Parlement grec les premières réformes exigées par les créanciers en vue d'un nouveau plan d'aide, dans la nuit de mercredi à jeudi. Mais le Premier ministre a eu besoin de l'opposition pour atteindre le compte.

39 députés Syriza font défautCes mesures, concernant notamment des hausses de TVA, des mesures sur les retraites et l'adoption d'une règle d'or budgétaire, ont été adoptées par 229 voix pour, tandis que 64 députés ont voté contre et 6 se sont abstenus. Si le parti de droite souverainiste ANEL, qui gouverne avec le parti de gauche radicale Syriza du Premier ministre, a soutenu celui-ci avec sa douzaine de députés, des défections importantes ont été enregistrées dans le camp d'Alexis Tsipras.

Ainsi, 39 députés lui ont fait défaut, votant contre (32), comme l'ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis et la présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou, s'abstenant (6) ou étant absents (1). Cela fait perdre au Premier ministre sa majorité parlementaire (Syriza et ANEL ont 162 sièges sur 300), sans qu'il en tire immédiatement des conséquences.

 

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"Le pire moment de ma vie". Le moins qu'on puisse dire est qu'Alexis Tsipras et ses partisans, tout en tenant fermement à un oui, n'ont pas survendu le projet. "Lundi matin à 9h30 (moment de la signature, ndlr) fut le pire moment de ma vie", a ainsi déclaré le nouveau ministre des Finances Euclide Tsakalotos. Le Premier ministre, qui a fait une intervention surprise et applaudie, a admis "désapprouver le projet d'accord sur de nombreux points". "Mais c'était ça ou un défaut désordonné", a-t-il soutenu. Il s'est aussi félicité mercredi que l'accord "oblige pour la première fois les Européens à discuter d'une réduction de la dette" du pays, qui atteint 180% du PIB.

"Lisez ça et pleurez !". Dans la journée, la ministre adjointe des Finances Nadia Valavani avait rendu son portefeuille en signe de protestation. Quant à l'ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis, qui ne s'est pas exprimé devant le Parlement, il a comparé l'accord à "un nouveau traité de Versailles", et l'a reproduit sur son blog, entièrement annoté de critiques en rouge, écrivant aux internautes : "Lisez ça et pleurez !". Autre personnalité à voter non, le ministre de l'Energie Panagiotis Lafazanis a assuré pour sa part après le vote que Syriza, dont il est à l'aile gauche, continuait "uni, et soutenait toujours fortement le gouvernement".

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Le débat a commencé vers 21h heure locale (18h GMT) alors que se déroulaient à l'extérieur des échauffourées entre plusieurs dizaines de jeunes gens casqués et masqués et la police. Jets d'engins incendiaires, destruction de mobilier urbain, de vitrines, ont fait se disperser une manifestation d'environ 12.000 personnes opposées aux réformes, à la suite d'une journée marquée par la première grève de fonctionnaires depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir.

Et maintenant ? Le texte doit désormais encore passer devant des parlements plus réticents, comme l'allemand ou le finlandais, avant la fin de la semaine. Mais l'accord d'une aide d'urgence de sept milliards d'euros à Athènes pourrait être débattue dès jeudi, lors d'un Eurogroupe (réunion des ministres des Finances de la zone euro) par téléphone. Et pour cause : la Grèce doit rembourser un prêt de 3,5 milliards d'euros à la BCE avant le 20 juillet, et elle ne dispose pas des fonds nécessaires. Au total, le plan échafaudé lundi dernier prévoit près de 90 milliards d'aides supplémentaires pour Athènes.