L'Arabie saoudite abolit la peine de flagellation

Les bâtiments qui abritent la Cour royale en Arabie saoudite, le 16 octobre 2018.
Les bâtiments qui abritent la Cour royale en Arabie saoudite, le 16 octobre 2018. © LEAH MILLIS / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Selon plusieurs médias locaux, l'Arabie saoudite a décidé de mettre fin à la peine de flagellation. Mais la peine de mort est encore pratiquée dans le pays, dénoncent des ONG. 

L'Arabie saoudite a supprimé la flagellation de son système pénal, une peine très critiquée comme le bilan en matière de droits humains de ce pays par les ONG internationales, ont indiqué un responsable et des médias progouvernementaux.

Le royaume ultraconservateur est régulièrement accusé de violations des droits humains par les ONG qui dénoncent entre autres la peine de flagellation applicable en cas de meurtre, d'atteinte à "l'ordre public" ou même de relations extra-conjugales.

"La Commission des droits humains se félicite de la récente décision de la Cour suprême d'éliminer la flagellation comme peine potentielle", a déclaré dans un communiqué vendredi soir, Awad Al-Awad, le président de cette commission, un organisme gouvernemental.

"Peines de prison et amendes" 

"Aux termes de cette décision, les précédentes condamnations à la flagellation seront remplacées par des peines de prison et des amendes", a-t-il ajouté. "Cette réforme est un pas en avant considérable" en matière des droits humains, selon lui. La date exacte de la décision d'abolir la flagellation n'a pas été précisée. Elle n'a pas été rendue publique mais a été rapportée par plusieurs médias locaux, dont le journal gouvernemental Okaz, citant des "sources haut placées".

Selon Okaz, la Cour suprême a imposé aux tribunaux de n'appliquer la peine de flagellation "en aucun cas" et de se contenter "d'autres peines", tels l'emprisonnement ou les amendes. Depuis que Mohammed ben Salmane est devenu prince héritier en 2017, l'Arabie saoudite est particulièrement pointée du doigt par les organisations de défense des droits humains. L'ouverture économique et sociale promue par le prince Mohammed s'est accompagnée d'une répression accrue contre les voix discordantes, au sein de la famille royale comme dans le milieu des intellectuels et militants.

Le souvenir du meurtre de Jamal Khashoggi

Son image de réformateur a été grandement ternie par le meurtre du journaliste saoudien et critique du pouvoir, Jamal Khashoggi, assassiné au consulat de son pays à Istanbul en 2018. Un crime qui avait provoqué un tollé international.

Vendredi, des ONG ont annoncé la mort en prison en Arabie saoudite, des suites d'un AVC, d'un important militant saoudien des droits humains, Abdallah al-Hamid, qui purgeait une peine de 11 ans pour avoir "rompu l'allégeance" au roi, "incité au désordre" et cherché à déstabiliser la sécurité de l'Etat.

Le cas du blogueur saoudien Raif Badawi a été ces dernières années le plus emblématique. Défenseur de la liberté d'expression, il a été condamné en 2014 à 1.000 coups de fouet et 10 ans de prison pour "insulte" à l'islam.

La peine de mort encore pratiquée 

Au-delà des coups de fouet, le recours massif à la peine de mort en Arabie saoudite est également dénoncé par les ONG.

"L'Arabie saoudite a exécuté un nombre record de personnes en 2019, malgré une baisse générale des exécutions dans le monde", a regretté Amnesty dans son rapport sur la peine capitale dans le monde, publié cette semaine. "Les autorités saoudiennes ont mis à mort 184 personnes l'année dernière, soit le nombre le plus élevé jamais enregistré par Amnesty en une seule année dans le pays", a-t-elle précisé.