laïcité 1:31
  • Copié
Louise Sallé , modifié à
Plus de la moitié des professeurs de l'école publique avouent s'être autocensurés pour éviter des incidents liés à des questions de laïcité. Si les atteintes ont baissé en novembre, le dialogue reste difficile entre élèves et corps enseignant. Le secondaire demande aujourd'hui une plus grande prise en charge de la question par le ministère.

Ce vendredi marque la journée nationale de la laïcité. En novembre, les atteintes ont baissé dans les établissements d'après le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye qui s’est exprimé mardi sur le sujet. Pourtant, sur le terrain, les difficultés persistent. Malgré l’envoi de "fiches" aux chefs d’établissements pour les aider à repérer, dialoguer et sanctionner les comportements à caractère religieux, un sentiment de crainte perdure. Un sondage Ifop, publié jeudi, indique que 56% des professeurs du secondaire public déclarent s'être autocensurés pour éviter des incidents sur les questions de laïcité. C'est une augmentation de vingt points en quatre ans, avant l’assassinat de Samuel Paty. Le problème est donc loin d’être réglé.

Un travail de longue haleine

Promouvoir la laïcité, c'est un combat de longue haleine, insiste Dominique Faure. Elle est proviseure en banlieue de Nantes et représentante du syndicat SNPDEN. Fin octobre, elle a convoqué une élève qui portait une abaya, une tunique longue à caractère religieux. "Ça a généré à la sortie du lycée une rumeur sur le fait qu'on avait exclu cette jeune fille", raconte-t-elle. "Cela a créé un mouvement de lycéens qui a envahi le hall et qui voulait organiser un blocus du lycée."

La situation s’est résolue grâce au dialogue et à l’organisation de conférences. Néanmoins cet exemple reflète un besoin d'une meilleure intervention du ministère, estime Dominique Faure. "Beaucoup d'enseignants ne se sentent pas capables de travailler ces questions avec les élèves", observe-t-elle. "Et ça ne suffit pas de demander de faire une minute de silence sur un attentat ou des choses comme ça. Il faut vraiment que le ministère forme les personnels, et notamment les enseignants."

"Les règles sont trop floues"

Un proviseur de région parisienne, qui souhaite rester anonyme, rencontre toujours des difficultés sur les abayas malgré les textes, récents, envoyés par l’Éducation nationale. "Durant ces quinze derniers jours, on a encore eu un certain nombre de jeunes filles qui persistent", regrette-t-il. "Si l’on dispose d'un texte très clair sur le port du voile, il n'est pas aussi explicite sur le port de l’abaya, ce qui nous met en difficulté car les règles sont trop floues".

Tous les deux saluent néanmoins l’accompagnement renforcé de la part de leur rectorat depuis la rentrée.