La presse américaine enterre le "monstre" Charles Manson

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A.H.
"Un monstre", "le diable", "l'incarnation du mal" : voilà comment Charles Manson, le meurtrier le plus célèbre des Etats-Unis, est décrit par la presse américaine, lundi, quelques heures après sa mort.

"L'homme qui a planifié l'une des séries de meurtres des plus haineuses de l'histoire américaine est mort." Le site TMZ, à l'instar de l'ensemble de la presse américaine lundi, a annoncé la disparition à 83 ans de Charles Manson, gourou psychopathe qui avait commandité une vague de meurtres aux Etats-Unis à la fin des années 60.

"Une violence et une folie indicible". Tous les titres dépeignent "le plus connu des criminels du 20e siècle", condamné à mort en 1971 pour le meurtre de sept personnes, dans les quartiers aisés de Los Angeles, dont celui de l'actrice Sharon Tate, épouse du cinéaste Roman Polanski, alors âgée de 26 ans et enceinte. Cette vague de meurtres avait à l'époque suscité la panique dans la ville. Charles Manson, "dont le nom est encore aujourd'hui synonyme d'une violence et d'une folie indicibles", souligne l'agence Associated Press (AP), a finalement passé plus de 40 ans derrière les barreaux, après avoir vu sa peine commuée en prison à vie.

"Quasiment analphabète et musicien raté". Le New York Times dresse le portrait de cet homme né en 1934, de père inconnu et d'une mère adolescente, "quasiment analphabète", voleur, délinquant et "musicien raté". En plein "Summer of Love", Charles Manson épouse une étrange philosophie, "mélange idiosyncratique de Scientologie, d'anti-autoritarisme hippie, de paroles des Beatles, du livre de l'Apocalypse et des écrits de Hitler." Charles Manson se prend pour le Christ et assure que les Beatles lui parlent à travers leurs chansons. Charismatique, doté d'une capacité de persuasion effarante, Charles Manson parvient à rassembler de plus en plus de disciples. 

"Il était capable de convaincre des jeunes impressionnables qu'il avait la réponse à tout, et il les a transformés en tueurs", rapporte Linda Deutsch, ancienne journaliste pour Associated Press, qui avait notamment suivi le procès de Charles Manson. "C'était au-delà de tout ce que nous avions vu auparavant dans ce pays", assure-t-elle. 

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Charles Manson "est resté une énigme". Si Charles Manson a pris une telle place dans la culture américaine, selon le New York Times, c'est notamment parce qu'il est l'un des meurtriers les plus "impénétrables" que le pays ait connu. "Au cours des décennies qui ont suivi, M. Manson est resté une énigme. Était-il un schizophrène paranoïaque, comme certains observateurs l'ont suggéré ? Était-il sociopathe, dépourvu de sentiment humain ? Était-il un gourou charismatique, comme ses disciples l'ont cru et que ses fans semblent toujours le croire ? Ou était-il seulement une épave, un homme dont la vie s'érige comme un monument de la négligence parentale et de l'échec du système correctionnel public", écrivait le journal en 1970.

"L'incarnation du mal". "Dans les annales du crime américain, Manson est devenu l'incarnation du mal, un homme petit, aux cheveux hirsutes, barbu, au regard démoniaque et un X - transformé plus tard en croix gammée - tatoué entre les deux yeux", écrit AP. "Une figure de gnome au regard fou", selon le New York Post. Le quotidien, habitué des titres chocs, a choisi pour sa Une une photo du meurtrier entravé, au début des années 70, avec ce titre : "Le diable est mort. Fais de la place, Satan, Charles Manson arrive enfin en enfer."