Crise politique en Italie : quelles conséquences après le coup de force de Salvini ?

Matteo Salvini et son parti d'extrême droite se positionnent déjà en tête des sondages
Matteo Salvini et son parti d'extrême droite se positionnent déjà en tête des sondages © ALBERTO PIZZOLI / AFP
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Cécile Da Costa avec AFP , modifié à
L'Italie est plongée dans l'incertitude après l'éclatement de la coalition au pouvoir depuis quatorze mois, décidé par le populiste d'extrême droite Matteo Salvini.
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Au beau milieu de l'été, l'Italie nage en pleine crise politique. Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur et chef de file de la Ligue (extrême droite), a annoncé jeudi sa volonté de mettre fin à la coalition gouvernementale avec le Mouvement 5 étoiles (M5S), en réclamant des élections législatives anticipées

Le M5S se dit "prêt"

La mésentente autour de la question de la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) reliant Lyon à Turin, un dossier contre lequel s'est battu le Mouvement 5 étoiles, a semble-t-il eu raison de la coalition qui était déjà affaiblie par de nombreux désaccords.

L'annonce du leader populiste a pris de court son désormais ex-allié, Luigi Di Maio, qui n'a pas tardé à réagir. "Nous sommes prêts, nous n'avons jamais accordé la moindre importance au fait d'occuper des postes gouvernementaux", a déclaré le chef de file du M5S à la presse. Le président du Conseil, Giuseppe Conte, a quant à lui répliqué qu'il "n'est pas du ressort du ministre de l'Intérieur de convoquer le Parlement, ce n'est pas à lui de dicter les étapes de la crise politique".

Un débat au Sénat sur une motion de censure

Selon les médias, un débat au Sénat sur une motion de censure contre le chef du gouvernement Giuseppe Conte pourrait se dérouler aux alentours du 20 août. La Ligue a déclaré avoir déjà déposé à la chambre haute sa motion de défiance. La motion devra être examinée "à partir de lundi ou mardi", selon les normes du Sénat, et dans un délai maximum de dix jours, c'est-à-dire avant le 20 août. Si le texte est adopté, cela suffira à faire chuter le gouvernement, le vote à la Chambre des députés n'étant pas indispensable.

Giuseppe Conte devra alors remettre sa démission au président de la République, Sergio Mattarella, qui lui demandera de rester à la tête de l'exécutif pendant quelques jours supplémentaires, le temps de mener des consultations. S'il constate, comme c'est probable, qu'il n'existe aucune majorité parlementaire autour d'un représentant politique, il décidera de dissoudre le Parlement. Selon les médias italiens, cela pourrait se produire aux alentours du lundi 26 août.

Des élections voulues à l'automne

À partir de ce moment-là, la Constitution exige l'organisation d'élections dans un délai de 50 à 70 jours. Dans la pratique, cela signifie généralement un délai de deux mois, le temps des préparatifs logistiques. Selon les médias italiens, la Ligue voudrait que les élections législatives se déroulent dans la seconde moitié d'octobre, notamment les dimanche 13, 20 ou 27.

La question de savoir qui mènera l'Italie jusqu'au scrutin reste encore en suspens : le gouvernement Conte sortant ou un autre gouvernement. C'est donc aussi la réaction du chef de l'État qui se fait attendre. Il est le seul à pouvoir dissoudre le Parlement, mais il est fermement opposé à la mise en place d'élections à l'automne, puisque cette période sera dédiée à la préparation du budget de l'année suivante.

Salvini en position de force

Si des élections anticipées devaient avoir lieu, quelle que soit leur date, la Ligue se présentera en position de force après avoir recueilli 34% des suffrages aux européennes. Des sondages la donnent même entre 36 et 38% des intentions de vote. Si le parti fait un tel score, cela lui permettant potentiellement de gouverner seul, ou avec l'appui acquis d'avance du parti post-fasciste Fratelli d'Italia. La décision de Salvini viserait ainsi à capitaliser "sur des sondages favorables plutôt que de se soucier du pays", ont critiqué Giuseppe Conte et Luigi Di Maio.

Aux Européennes, le M5S avait quant à lui brutalement chuté à environ 17% des intentions de vote, moitié moins que son score aux législatives de mars 2018, et n'a pas remonté la pente depuis. Aux législatives de mars 2018, qui ont mené à la formation de cette coalition, le rapport était pourtant inversé. Le M5S de Luigi Di Maio avait alors récolté 32% des votes, contre 17,6% des voix pour la Ligue.