Israël-Hamas : négociations de trêve au Qatar, Israël mène une opération contre un hôpital

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L'ensemble de la population de Gaza subit une "situation d'insécurité alimentaire grave", a déclaré mardi le secrétaire d'État américain Antony Blinken. © MOHAMMED ABED / AFP
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avec AFP / Crédit photo : MOHAMMED ABED / AFP , modifié à
Les pourparlers en vue d'une trêve entre Israël et le Hamas assortie de la libération d'otages israéliens et des prisonniers palestiniens donnent des signes de progrès ce mardi sur fond de crainte d'une famine dans la bande de Gaza et d'une opération armée dans le secteur de Rafah, où s'entassent 1,5 million de personnes.
L'ESSENTIEL

Les efforts des médiateurs s'intensifient mardi pour parvenir à une trêve dans la bande de Gaza, au bord de la famine, où Israël mène une opération contre le Hamas dans le plus grand complexe hospitalier du territoire palestinien. Plus de cinq mois après le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien, ONG et agences de l'ONU continuent de tirer la sonnette d'alarme sur le risque de famine dans le territoire assiégé, devenu un "cimetière à ciel ouvert" selon le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

Les principales informations :

  • L'armée israélienne mène des "opérations précises pour contrecarrer le terrorisme" dans le complexe hospitalier Al-Chifa de Gaza, et dit avoir tué "plus de 50 terroristes" et arrêté "approximativement 180 suspects"
  • Les discussions se poursuivent au Qatar autour des détails d'un éventuel accord sur un cessez-le-feu et la libération des otages, selon Doha
  • Un habitant sur deux à Gaza, soit plus de 1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire "catastrophique"

L'armée israélienne dit avoir tué "plus de 50 terroristes"

Le Hamas a fait état mardi de 78 morts dans la soirée et la nuit dans les opérations israéliennes à travers la bande de Gaza, parmi lesquels 15 personnes incluant des femmes et des enfants, à Rafah, dans l'extrême sud du territoire. Dans cette ville, des Palestiniens se recueillaient mardi à l'hôpital al-Najjar sur les corps de leurs proches tués dans une frappe israélienne. "Lors du mois sacré (du ramadan), les musulmans se réveillent le matin avec le repas du sohour. Nous, le sohour c'est du sang", a lancé en pleurs Ibrahim Jarghun, un habitant de Gaza.

Dans le nord du territoire, l'armée israélienne poursuit par ailleurs mardi, pour la deuxième journée, des "opérations précises pour contrecarrer le terrorisme" dans le complexe hospitalier Al-Chifa de Gaza-Ville. Elle a dit avoir tué "plus de 50 terroristes" et arrêté "approximativement 180 suspects".

Poursuite des négociations de trêve au Qatar

Des combats accompagnés de bombardements aériens ont eu lieu autour et dans le complexe, que l'armée avait pris d'assaut le 15 novembre avant de s'en retirer. Le Hamas a fait état mardi de "dizaines de martyrs et blessés" aux abords de l'hôpital et ailleurs dans le quartier Al-Rimal et celui d'Al-Nasr, sans donner de chiffres précis. Depuis le début de la guerre, les hôpitaux de Gaza sont souvent pris pour cible par l'armée qui accuse le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains.

En bref

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes. D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement islamiste palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'UE. Son armée a lancé une campagne aérienne massive, suivie le 27 octobre d'une offensive terrestre qui lui a permis d'avancer du nord au sud du petit territoire côtier et a coûté la vie à 251 soldats, selon un dernier bilan mardi. Ces opérations militaires ont fait jusqu'à présent 31.819 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Après des mois d'efforts infructueux des médiateurs - Etats-Unis, Qatar et Egypte - pour parvenir à une trêve, le chef des services de renseignement israélien David Barnea s'est rendu lundi à Doha pour y rencontrer, selon une source proche des négociations, le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahman Al-Thani, et des responsables égyptiens.

Netanyahu réaffirme être déterminé à "atteindre tous les objectifs de la guerre" à Gaza

David Barnea a quitté Doha mardi mais des "équipes techniques" continuent de discuter des détails d'un éventuel accord sur un cessez-le-feu et la libération des otages, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, Majed al-Ansari, se déclarant "prudemment optimiste". Dans le même temps, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken doit entamer mercredi une nouvelle tournée régionale, en Egypte puis en Arabie saoudite, dans le cadre des efforts pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et y augmenter l'aide humanitaire.

Dans un entretien téléphonique avec le président américain, Joe Biden, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réaffirmé lundi être déterminé à "atteindre tous les objectifs de la guerre" à Gaza incluant "l'élimination du Hamas". En dépit des pressions internationales, Israël se prépare à une opération terrestre à Rafah où s'entassent selon l'ONU près de 1,5 million de Palestiniens, pour la plupart des déplacés.

Un habitant sur deux à Gaza dans une situation alimentaire "catastrophique"

Le président Biden, qui s'est dit "profondément inquiet" à cette perspective, a demandé l'envoi à Washington d'une délégation israélienne pour discuter "des façons de cibler le Hamas sans mener une vaste offensive terrestre à Rafah". Israël a imposé un siège total à la bande de Gaza depuis le début de la guerre et contrôle l'entrée de l'aide humanitaire. Cette aide arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux besoins immenses de la population. Elle parvient très difficilement dans le nord.

Les sévères restrictions imposées par Israël à l'entrée de l'aide et la possible utilisation de la faim comme arme pourraient "constituer un crime de guerre", a affirmé l'ONU mardi. Un habitant sur deux à Gaza, soit plus de 1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire "catastrophique", en particulier dans le nord, ont prévenu lundi des agences de l'ONU, le patron de l'Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, évoquant une "famine imminente".