Irlande : le prix des loyers s'invite dans la campagne législative

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Les Irlandais se rendent aux urnes vendredi pour des élections législatives sur fond de rejet général de l'austérité.

Les Irlandais votent vendredi pour des élections législatives aux résultats particulièrement incertains, sur fond de rejet général de l'austérité. Parmi les thèmes de campagne de cette élection : les prix exorbitants des loyers.

Si ce pays de 4,6 millions d'habitants est redevenu aujourd'hui le champion de la croissance économique dans l'Union européenne, les années de sacrifice auxquelles il a dû consentir après la crise financière de 2008 et les mesures d'austérité qui perdurent laissent un goût amer aux Irlandais.

Il y a une vraie pénurie de logements à la location à Dublin

"Les Irlandais veulent un meilleur avenir, sans les souffrances liées aux mesures d'austérité", estime Jon Tonge, professeur de sciences politiques à l'université de Liverpool. Et parmi les souffrances auxquelles les Irlandais doivent faire face : l’accès au logement devenu impossible pour certains travailleurs.

"Il y a une vraie pénurie de logements à la location à Dublin, ce qui a causé une montée en flèche des prix des loyers", observe la journaliste irlandaise Lois Kapila, jointe par Europe 1. "Depuis 2010, les prix ont augmenté d’au moins 40%", ajoute-elle, soulignant que "malgré les aides du gouvernement, beaucoup de familles ne trouvent pas à se loger".

109 heures de travail par semaine pour louer un studio

Sur les réseaux sociaux, les petites annonces pour trouver une chambre en colocation pullulent sur les groupes dédiés à la location à Dublin. Certaines chambres se louent plus de 1.000 euros. Alors les étudiants et les jeunes travailleurs essaient de s’éloigner des quartiers centraux pour trouver un loyer qu’ils peuvent assumer.

Une personne qui gagne le revenu minimum, soit 9,15 euros de l'heure, "serait obligée de travailler 109 heures par semaine pour louer un studio tout en respectant la règle qui veut que le montant de son loyer ne dépasse pas 30% de son revenu", explique le site d’informations Dublin Inquirer qui s'est amusé à faire le calcul. 

“Le prix des loyers a été un sujet très important dans la champagne des élections législatives”, rapporte la journaliste Lois Kapila. La jeune femme explique que le nombre de familles qui se retrouve à la rue après des loyers impayés ne cesse d’augmenter.

Le parti gauche nationaliste Sinn Fein a bien saisi l’enjeu du problème et flairé une source de votes potentiels. L’une de ses priorités affichées est de supprimer une taxe foncière, ainsi que la facturation de l'eau du robinet instaurée l'an dernier. Une promesse plus séduisante aux yeux des Irlandais que celle du parti de centre droit au pouvoir Fine Gael dont le slogan de campagne est "Continuons la reprise !".