En janvier 2021, plusieurs militants pro-Trump ont envahi le Congrès américain. 2:20
  • Copié
Manon Bernard avec AFP , modifié à
Début janvier, des milliers d’Américains ont envahi le Congrès pour empêcher la certification des résultats du vote de l’élection présidentielle, provoquant la mort de 5 personnes. Mardi dernier, une enquête parlementaire a été ouverte sur cette attaque. Le professeur à l’université américaine de Paris Steven Ekovich revient, sur Europe 1, sur ces investigations.
INTERVIEW

"Il ne faut plus jamais permettre à notre démocratie de se retrouver aussi menacée qu'elle ne l'a été le 6 janvier", souffle Harry Dunn, un policier américain. À cette date, des milliers de militants d’extrême droite et de partisans de Donald Trumpsont entrés de force dans le Capitole pour protester contre la victoire de Joe Biden à la présidentielle, entraînant la mort de quatre émeutiers et d'un membre des forces de l'ordre. Mardi dernier, les policiers présents au moment des faits se sont succéder à la barre dans le cadre une commission d’enquête auprès du Congrès. Une semaine plus tard, le politologue et professeur à l’université américaine de Paris, Steven Ekovich, est l’invité mercredi de la matinale d’Europe 1 pour commenter ces témoignages.

"J'ai failli mourir ce jour-là. Pas une fois, mais plusieurs fois". Devant la commission d'enquête, à Washington, Aquilino Gonell ne mâche pas ses mots. Cet Américain, ancien militaire, a pourtant combattu en Irak. Mais l’insurrection du 6 janvier 2021, il s’en souvient comme si c’était hier. C'était "comme une bataille moyenâgeuse. On a lutté au corps à corps, centimètre par centimètre pour empêcher l'invasion", décrit ce policier du Capitole, blessé à plusieurs reprises lors de l’attaque. "J'ai pensé que j'allais mourir comme ça", confie-t-il en essuyant des larmes.

"Prenez-lui son arme et tuez-le avec"

Même son de cloche lors du récit de Michael Fanone. Ce policier municipal à Washington a subi, pendant l’assaut, un arrêt cardiaque et un traumatisme crânien. Un attaquant "s'est jeté sur moi à plusieurs reprises et a essayé de me prendre mon arme. J'ai entendu des gens crier dans la foule : prenez-lui son arme et tuez-le avec", raconte-t-il.

Selon le politologue et historien américain Steven Ekovich, les Républicains sont, depuis ces témoignages, "dans l’embarras". "C’est souvent le parti républicain qui clame haut et fort tout soutien aux policiers aux Etats-Unis. Et là, on entend des policiers qui étaient très malmenés pendant cette insurrection à Washington", précise-t-il.

"Ce sont les extrêmes qui crient le plus haut et le plus fort"

D’après les premiers résultats de cette enquête, des élus auraient également été complices de l’attaque du Congrès, renforçant ainsi la sensation de "gêne" des partisans de Donald Trump, analyse Steven Ekovich. Certains leaders d’opinions des Républicains accusent ainsi ces policiers de mensonge. D’autres mettent même en cause le parti démocrate. Près de sept mois après les faits, plus de 550 personnes ont été arrêtées.

Tout cela a contribué à créer "une situation de fracture politique aux États-Unis", affirme ce professeur. "Ce sont les extrêmes, qui crient le plus haut et le plus fort, qui sont entendus et pas les modérés. Alors que, la plupart des électeurs américains, s'estiment modérés", détaille Steven Ekovich. Mais pour le politologue, tout n’est pas perdu, la situation peut s’améliorer. La réconciliation prônée par le président Joe Biden n’est pas encore acquise mais elle pourra l’être "grâce au grand projet de loi de relance, avec 1.000 milliards de dollars injectés dans l’économie américaine".