Humanitaires tués au Niger : "Personne n'est épargné par le danger", rappelle MSF

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Ugo Pascolo , modifié à
Invité du "Grand journal du soir" d'Europe 1 ce mardi, le président de Médecins Sans Frontières (MSF), Mego Terzian, rappelle que dans des zones considérées comme à risque, "personne n'est épargné par le danger". 
INTERVIEW

Les humanitaires sont "des cibles prioritaires". Au lendemain de l'attaque au Niger qui a coûté la vie à sept de ses employés dimanche, le cofondateur de l'ONG Acted, Frédéric Roussel, a affirmé que les humanitaires étaient désormais des cibles pour les terroristes. Un constat que ne partage pas, le président de Médecins Sans Frontières (MSF) Mego Terzian. Pour ce dernier, invité du "Grand journal du soir" d'Europe 1 ce mardi, "personne n'est épargné par le danger". 

"Pas de différences entre un humanitaire et un autochtone"

"Les attaques [terroristes] sont commises contre la population, contre la société civile, et les humanitaires font partie de cette dernière", insiste le président de MSF, avançant que pour les terroristes, il n'y a pas de différences entre un humanitaire et un autochtone. "Honnêtement, certains humanitaires étaient naïfs toutes ces années en pensant que notre t-shirt nous protégeait", ajoute-t-il, en référence à une phrase de Frédéric Roussel, qui déclarait qu'il "est plus facile de s'attaquer à un humanitaire qui nourrit un camp de réfugiés avec son t-shirt [...] que de s'attaquer à une base militaire." "MSF a subi les premières pertes humanitaires dans les années 1980 en Afghanistan, et cela continue malheureusement aujourd'hui."

Un dialogue engagé avec des groupes radicaux

Esseulés face à la violence de certains groupes non-étatiques, les organisations humanitaires doivent-elles dès lors abandonner leurs missions d'aide aux plus démunis ? "Pour nous l'objectif est de n'avoir aucune victime [...] si on estime que notre sécurité n'est pas garantie, alors on préfère s'abstenir." Mais avant d'en arriver à cette décision radicale, MSF tente d'abord de "dialoguer avec les belligérants, inclus des groupes non-étatiques radicaux", comme l'État islamique en Afrique de l'Ouest, pour "expliquer [son] travail et tenter d'obtenir certaines garanties pour pouvoir opérer". 

Mais Mego Terzian ne se voile pas la face, et sait que même avec un accord, les humanitaires ne se sentent "pas protéger à 100%".