Le premier chargement de céréales ukrainiennes a quitté le port d'Odessa. 2:59
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avec AFP , modifié à
Au 159e jour de la guerre en Ukraine, le premier chargement de céréales ukrainiennes a quitté le port d'Odessa lundi, conformément aux termes de l'accord international avec la Russie signé à Istanbul, a annoncé le ministère turc de la Défense. Pour Volodymyr Zelensky toutefois, il est encore "trop tôt" pour se réjouir".
L'ESSENTIEL

Le premier chargement de céréales ukrainiennes a quitté le port d'Odessa à 6h17 GMT lundi, conformément aux termes de l'accord international avec la Russie signé à Istanbul, a annoncé le ministère turc de la Défense, alors que l'invasion russe de l'Ukraine se poursuit au 159e jour.

"Le navire Razoni a quitté le port d'Odessa à destination du port de Tripoli au Liban. Il est attendu le 2 août à Istanbul. Il continuera sa route vers sa destination à la suite des inspections qui seront menées à Istanbul", a ajouté le ministère.

Les informations à retenir :

  • Le premier chargement de céréales ukrainiennes a quitté le port d'Odessa lundi
  • La Russie a jugé lundi "très positif" le départ d'Ukraine d'un premier navire chargé de céréales
  • Il est "trop tôt" pour se réjouir sur les céréales ukrainiennes, estime Zelensky
  • Les États-Unis vont envoyer 550 millions de dollars de nouvelles armes à l'Ukraine
  • Un drone explosif a blessé six personnes dimanche au quartier général de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol
  • La Russie veut finir les premières reconstructions à Marioupol en septembre

Céréales ukrainiennes : "Trop tôt" pour se réjouir, estime Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé lundi qu'il était "trop tôt" pour se réjouir après la reprise des exportations des céréales ukrainiennes depuis le port d'Odessa saluée unanimement. "A l'heure actuelle, il est trop tôt pour en tirer des conclusions et faire des prévisions", a-t-il déclaré dans son adresse vidéo quotidienne. "Attendons de voir comment l'accord fonctionnera et si la sécurité sera vraiment garantie".

"Le port est redevenu opérationnel, les exportations ont repris, on peut dire que c'est un premier signal positif que nous arriverons à stopper la crise alimentaire mondiale", a ajouté le président ukrainien. "C'est la responsabilité de nos partenaires, avant tout les Nations unies et la Turquie" de garantir la sécurité de ces livraisons, a insisté le président ukrainien.

Envoi de nouvelles armes des États-Unis à l'Ukraine

Les Etats-Unis ont annoncé lundi qu'ils allaient envoyer de nouvelles armes pour une valeur de 550 millions de dollars aux forces ukrainiennes combattant l'invasion russe, dont des munitions pour des lance-roquettes de plus en plus importants dans la bataille.

Cette aide va notamment "inclure davantage de munitions pour les systèmes (...) Himars", a affirmé un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, à la presse. Cela porte le montant total de l'assistance militaire allouée à l'Ukraine depuis que le président Joe Biden a pris ses fonctions à plus de 8 milliards de dollars, selon lui.

Le chef de l'opposition britannique Starmer et l'ancien Premier ministre Cameron interdits d'entrée en Russie

La Russie a interdit lundi l'entrée sur son territoire à 39 personnalités britanniques supplémentaires, notamment au chef de l'opposition travailliste Keir Starmer et à l'ancien Premier ministre David Cameron, en réponse aux sanctions prises contre l'offensive en Ukraine. Cette nouvelle liste, publiée sur le site du ministère russe des Affaires étrangères, comprend des responsables politiques, des journalistes et des entrepreneurs. Désormais, plus de 250 personnalités britanniques sont privées officiellement d'entrée par Moscou.

D'autres convois vont quitter le port d'Odessa

D'autres convois vont suivre le premier départ du navire d'Odessa en respectant "le couloir (maritime) et les formalités convenus", ajoute le ministère. Signé le 22 juillet à Istanbul, l'accord qui permet la reprise des exportations ukrainiennes vise à atténuer une crise alimentaire mondiale qui a vu les prix monter en flèche dans certains des pays parmi les plus pauvres au monde.

La Russie a jugé lundi "très positif" le départ d'Ukraine d'un premier navire chargé de céréales, conformément aux termes d'accords conclus à Istanbul pour permettre la reprise des exportations de Kiev, malgré l'offensive de Moscou. Le départ de ce bateau du port d'Odessa (sud de l'Ukraine) est "très positif, une bonne opportunité de tester l'efficacité" des accords d'Istanbul, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Une capacité de cale de 30.000 tonnes

Selon le site Marine Traffic qui permet de suivre les déplacements des bateaux, le Razoni était toujours à quai lundi à 05h00 GMT dans le port d'Odessa auquel il a signifié son départ à 04H30 GMT. Construit en 1996 et long de 186 m sur 25 de large, le Razoni a une capacité de cale de 30.000 tonnes.

Le Centre de coordination conjointe (CCC), chargé du contrôle des exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire, a été inauguré mercredi à Istanbul conformément à l'accord. Il associe des représentants des deux belligérants, ainsi que de la Turquie et des Nations unies.

Le CCC doit immatriculer et suivre les navires marchands qui participeront aux convois, assurer leur suivi via internet et par satellite, faire inspecter les bateaux au moment du chargement dans les ports ukrainiens et à leur arrivée dans les ports turcs.

L'UE et l'Otan demandent la "mise en oeuvre totale" de l'accord sur les exportations de céréales

L'Union européenne et l'Otan ont salué lundi le départ d'Ukraine d'un premier navire chargé de céréales et réclamé la "mise en oeuvre totale" de l'accord conclu à Istanbul pour la reprise des exportations ukrainiennes. "Il s'agit d'une première étape très importante et bienvenue, et nous attendons avec impatience la mise en oeuvre de l'ensemble de l'accord avec la reprise des exportations ukrainiennes vers les clients du monde entier affectés par la crise alimentaire" provoquée par blocus des ports ukrainiens par la Russie, a déclaré Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a pour sa part remercié la Turquie pour le "rôle central" joué dans la conclusion de cet accord. "Les alliés de l'Otan soutiennent fermement la mise en oeuvre intégrale de l'accord visant à atténuer la crise alimentaire mondiale causée par la guerre de la Russie en Ukraine", a-t-il souligné dans un message sur son Twitter.

La Russie veut finir les premières reconstructions à Marioupol en septembre

Les premiers bâtiments en reconstruction à Marioupol, ville portuaire du sud-est de l'Ukraine dévastée par des semaines de bombardements, seront inaugurés en septembre, a annoncé lundi la Russie, qui occupe désormais cette localité.

"Les premiers immeubles seront prêts en septembre. Les premiers hôpitaux seront prêts", a déclaré le vice-Premier ministre russe Marat Khousnoulline dans une interview à la chaîne de télévision russe RBK TV publiée lundi.

Vendredi, ce dernier avait présenté au président Vladimir Poutine un plan pour reconstruire Marioupol en trois ans, un objectif qui semble ambitieux, compte tenu de l'ampleur des destructions.

Le port stratégique de Marioupol a été conquis en mai par les forces russes après des semaines de siège qui ont dévasté une grande partie de la ville. Immeubles d'habitation, écoles, commerces, rues : rien n'a été épargné.

Un drone explosif blesse six personnes

Un drone explosif a blessé six personnes dimanche au quartier général de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol, en Crimée, une attaque inédite qui a mis en état d'alerte ce bastion russe dans la péninsule ukrainienne annexée par Moscou.

Les frappes russes se poursuivent sur les villes ukrainiennes, notamment Mykolaïv, où le bombardement le plus violent depuis le début de la guerre a tué au moins deux habitants, selon les autorités locales. Dans la nuit de dimanche à lundi, de "puissantes explosions" ont retenti de nouveau dans cette ville du sud, a indiqué son maire, Oleksandr Senkevych sur Telegram.

Volodymyr Zelensky accuse les forces russes de pratiquer une tactique de "terreur"

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé samedi les forces russes de pratiquer une tactique de "terreur" par leurs bombardements sur les villes ukrainiennes, annonçant l'évacuation générale de la population de la région de Donetsk (est).

À Sébastopol, ville portuaire qui avait continué d'abriter la flotte russe de la mer Noire après la fin de l'Union soviétique aux termes d'un accord avec Kiev, mais qui a été formellement annexée par Moscou avec le reste de la Crimée en 2014, c'est un drone qui a explosé dans la cour de l'état-major de la Flotte russe, faisant six blessés, a indiqué sur Telegram le gouverneur Mikhaïl Razvojaïev.

Le niveau "jaune d'alerte antiterroriste" décrété

Les autorités ont décrété le niveau "jaune" (intermédiaire) d'alerte antiterroriste après cette attaque assez mineure au vu des images mises en ligne par le gouverneur de Sébastopol, qui montrent des bris de vitres sur le sol.

"Les ukro-nazis ont décidé de nous gâcher la Journée de la Flotte militaire russe", a écrit le gouverneur, reprenant une expression couramment utilisée par les autorités et la propagande russe pour désigner les forces de Kiev. Il a précisé que les festivités étaient annulées et a demandé aux habitants de la ville de ne pas quitter leur domicile "si possible".

Les autorités ukrainiennes ont démenti être à l'origine de cette attaque inédite, qualifiant les accusations russes de "provocation délibérée".

L'Ukraine inflige plusieurs humiliations à la flotte russe

La Marine ukrainienne a émis l'hypothèse d'un prétexte pour annuler les festivités prévues à Sébastopol par peur d'une véritable attaque.

"En réalité, (...) pour ne pas être humiliés aux yeux du monde par leur peur de l'armée ukrainienne, les Russes ont +inventé+ une excuse pour annuler les célébrations", a-t-elle écrit sur Facebook.

L'Ukraine, quoiqu'envahie partiellement depuis le 24 février, et sous le feu de l'artillerie et des missiles de croisière russes, a infligé plusieurs humiliations à la flotte russe, coulant d'abord son navire amiral, le croiseur Moskva, puis reprenant le contrôle de l'Ile des serpents, un îlot stratégique face à l'embouchure du Danube.

Le président russe, Vladimir Poutine, a célébré la journée de la Flotte russe loin de Sébastopol, à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), avec un discours promettant l'arrivée "dans les prochains mois" d'un nouveau missile de croisière hypersonique qui "ne connaît aucun obstacle".

Mykolaïv, cible de bombardements russes massifs

Dans le Sud de l'Ukraine, les autorités de Mykolaïv ont assuré dimanche que la ville avait été la cible de bombardements russes massifs, probablement "les plus forts" depuis le début de la guerre en février, qui ont fait au moins deux morts, selon le maire Senkevytch.

Ces frappes ont causé la mort d'Oleksiï Vadatoursky, propriétaire de la principale société ukrainienne de logistique céréalière et de son épouse. "C'était l'un des plus importants entrepreneurs agricoles du pays, une personnalité clef de la région et un important employeur", a souligné sur Telegram Mikhailo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, disant croire dans ce cas à une frappe ciblée.

Dans son adresse dominicale, le président Zelensky a rendu hommage à Oleksiï Vadatoursky, qu'il a qualifié de "héros de l'Ukraine".

Les habitants de la région de Donetsk appelés à évacuer

D'autres frappes ont touché les régions de Kharkiv (est) et Soumy (nord-est). Quelques bâtiments ont été endommagés dans "une série d'explosions" à Kharkiv, a annoncé le maire de la deuxième ville ukrainienne, Igor Terekhov.

Une personne a été tuée et deux blessées dans la région de Soumy qui a été la cible de "plus de 50 frappes" au cours des dernières 24 heures, selon le gouverneur Dmytro Jyvytsky.

Samedi soir, Volodymyr Zelensky a appelé les habitants de la région de Donetsk à se conformer à l'ordre d'évacuation, pour échapper à la "terreur russe" et aux bombardements sur ce territoire de l'est du pays, largement sous contrôle de Moscou.

200.000 civils encore présents dans la région de Donetsk

Au moins 200.000 civils vivent encore dans les territoires de la région de Donetsk qui ne sont pas sous occupation russe, selon une estimation des autorités ukrainiennes.

Vendredi, l'explosion d'un hangar abritant des soldats ukrainiens prisonniers à Olenivka, en territoire occupé par les Russes dans la région de Donetsk, a fait 50 morts et 73 blessés graves. Un "crime de guerre russe délibéré", selon M. Zelensky.

Mykhailo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, a mis en doute dimanche la version d'une "frappe" avancée par les Russes, qui en accusent l'armée ukrainienne. "Une frappe ? Non, une attaque terroriste", a-t-il écrit sur Twitter. "1. Les images satellites montrent que seul un bâtiment a été endommagé. 2. Les prisonniers avaient été amenés là juste avant l'attaque. 3. L'analyse des photos montre une explosion thermobarique depuis l'intérieur", a-t-il affirmé.

Le Comité international de Croix-Rouge a déclaré dimanche n'avoir toujours pas reçu d'autorisation officielle de Moscou de se rendre sur les lieux, et souligné qu'il était "impératif que le CICR ait accès immédiatement" au site et aux victimes.

Samedi soir, le ministère russe de la Défense avait affirmé avoir "officiellement invité" des experts de l'ONU et du CICR à se rendre sur place "dans l'intérêt d'une enquête objective".

L'Ukraine avait dès vendredi demandé au CICR et à la Mission de surveillance des droits de l'homme des Nations unies, qui avaient supervisé en mai la reddition négociée avec les Russes des défenseurs de l'usine d'Azovstal à Marioupol (sud-est), de se rendre à Olenivka. Le président Zelensky avait souligné que l'ONU et le CICR s'étaient portés "garants" de la vie des soldats ukrainiens et devaient "réagir".

Après de longues semaines de siège et de résistance sur le site sidérurgique d'Azovstal, environ 2.500 combattants ukrainiens s'étaient rendus et Moscou avait fait savoir qu'ils seraient incarcérés à Olenivka.

Accusé vendredi par le Comité d'enquête russe d'avoir bombardé le centre de détention de ses propres soldats avec des missiles "américains", l'armée ukrainienne a balayé ces affirmations, estimant qu'il s'agissait pour les forces russes ou séparatistes de "camoufler les tortures de prisonniers et les exécutions" commises.

Selon le renseignement ukrainien, l'attaque "a été réalisée par des mercenaires de la division Wagner", compagnie russe de mercenaires dont les hommes ont été accusés de crimes en Syrie et en Afrique notamment.