Au 70e jour de la guerre en Ukraine, les tensions s'accentuent entre la Russie et les Nations unies. 1:37
  • Copié
avec AFP , modifié à
Au 70e jour de la guerre en Ukraine, les tensions s'accentuent entre la Russie et les Nations unies. La Russie boycotte la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU avec le Comité politique et de sécurité (COPS) de l'Union européenne ce mercredi, tandis que l'UE prépare un embargo sur le pétrole et les produits pétroliers achetés à la Russie.
L'ESSENTIEL

Cette 70e journée de la guerre en Ukraine est marquée par des tensions diplomatiques entre la Russie et des pays des Nations unies. Tandis que l'Union européenne met en place un embargo des produits pétroliers achetés à la Russie, une façon de faire pression sur le pays, la Russie sera absente de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU avec le Comité politique et de sécurité (COPS) de l'Union européenne. Pendant ce temps-là, trois banques russes ont été exclues du système financier international Swift.

Les principales informations à retenir

  •  L'Union européenne met en place un embargo à l'encontre du pétrole et les produits pétroliers achetés à la Russie
  • 20 nouveaux corps de civils ont été découverts dans la région de Kiev
  • La Russie sera absente d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU
  • Le président américain Joe Biden a demandé une rallonge budgétaire pour soutenir l'Ukraine militairement
  • L'UE va "considérablement accroître" son soutien militaire à la Moldavie

Le Kremlin a démenti que les forces russes aient lancé un assaut contre l'aciérie d'Azovstal, dernier réduit contrôlé par les forces ukrainiennes dans la ville portuaire de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine. "L'ordre a été donné (le 21 avril) publiquement par le commandant en chef (Vladimir Poutine) d'annuler tout assaut. Il n'y a pas d'assaut" à l'heure actuelle, a affirmé à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Il a ajouté que les forces de Moscou assiégeaient le site et n'intervenaient que pour "enrayer très rapidement les tentatives" de combattants ukrainiens de rejoindre des "positions de tir".

20 nouveaux corps de civils découverts dans la région de Kiev

Vingt nouveaux corps de civils ont été découverts au cours des dernières 24 heures dans la région de Kiev, en partie occupée pendant plusieurs semaines par les forces russes, a annoncé mercredi la police ukrainienne, pour un total cumulé de 1.235 corps de civils retrouvés à ce stade. Ces 20 corps ont été découverts "à Borodianka, des villages non loin de là et des villages du district de Vychgorod", a précisé le chef de la police régionale, Andriï Nebytov, dans une vidéo publiée par le ministère de l'Intérieur.

"Au total 1.235 corps de civils ont été retrouvés et inspectés", a-t-il annoncé, dont 800 ont déjà été "examinés par des experts". Un précédent bilan donné le 21 avril à l'AFP par la vice-Première ministre ukrainienne, Olga Stefanichyna, faisait état de plus de 1.000 corps de civils "actuellement (dans les morgues) de l'ensemble de la région de Kiev".

"Je peux vous dire, malheureusement, la plupart d'entre eux sont des personnes mortes par balles", a précisé Andriï Nebytov mercredi. A ce stade, 282 corps n'ont pas encore été identifiés, toujours selon la police.

Exercice militaire surprise du Bélarus

Le Bélarus, pays allié de la Russie et frontalier de l'Ukraine, a lancé mercredi un exercice militaire "surprise" pour tester les capacités de réaction de son armée, a indiqué le ministère de la Défense.

Les unités militaires vont travailler leur capacité à "se mettre en alerte, se déplacer vers des zones prédéterminées et faire des entraînements de combat", a déclaré le ministère bélarusse dans un communiqué. "Le but de ce test est d'évaluer la préparation et la capacité du personnel à réagir rapidement à une éventuelle crise", a-t-il ajouté, qualifiant cet exercice de "surprise".

L'Union européenne renforce son soutien militaire à la Moldavie

L'Union européenne va "considérablement accroître" son soutien militaire à la Moldavie, a annoncé mercredi le président du Conseil européen Charles Michel, après des attaques dans une région séparatiste de ce pays frontalier de l'Ukraine faisant craindre une déstabilisation.

"Nous prévoyons cette année de considérablement accroître notre soutien à la Moldavie en livrant des équipements militaires supplémentaires à ses forces armées", a déclaré M. Michel lors d'une conférence de presse conjointe à Chisinau avec la présidente moldave Maïa Sandu, une pro-occidentale.

Exclusion des trois banques russes de Swift

Bruxelles propose d'exclure trois banques russes supplémentaires, dont Sberbank, le plus gros établissement du pays, du système financier international Swift, dans le cadre d'un nouveau paquet de sanctions, a annoncé mercredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

En frappant "des banques d'une importance systémique essentielle pour le système financier russe", cela renforcera son"isolement total" et amoindrira la capacité de Moscou à financer sa guerre en Ukraine , a-t-elle indiqué devant le Parlement européen. Jusqu'à présent, sept établissements russes ont été privés d'accès à Swift, plateforme de messagerie sécurisée permettant des opérations cruciales comme des ordres de transferts de fonds entre banques.

Sanctions à l'encontre du chef de l'Eglise orthodoxe russe

La Commission européenne propose de sanctionner le chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, dans le cadre d'un sixième train de mesures en réponse à la guerre en Ukraine, selon un document consulté mercredi par l'AFP.

La nouvelle liste, qui devra encore être approuvée par les Etats membres, comprend 58 personnalités, dont de nombreux militaires russes, mais aussi la femme, la fille et un fils du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le patron du gendarme russe des télécoms Roskomnadzor, Andreï Lipov, en fait aussi partie. Les sanctions consistent en une interdiction d'entrée dans l'UE et un gel des avoirs. Plus d'un millier de personnes sont déjà inscrites sur la liste noire européenne. Le patriarche Kirill, "un allié de longue date du président Vladimir Poutine, est devenu l'un des principaux soutiens de l'agression militaire russe contre l'Ukraine", souligne le document.

Des Israéliens combattent avec le régiment Azov, affirme Moscou

Des "mercenaires israéliens" combattent en Ukraine aux côtés du régiment Azov, que Moscou qualifie de "nazi", a affirmé mercredi la diplomatie russe, dont une sortie sur le prétendu "sang juif" d'Hitler a déclenché une virulente polémique. "Je vais dire quelque chose que les politiciens israéliens ne veulent sans doute pas entendre, mais peut-être que cela les intéressera. En Ukraine, des mercenaires israéliens sont aux côtés des militants d'Azov", a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova dans une interview à la radio Spoutnik.

Fondé en 2014 par des militants d'extrême droite avant d'être intégré dans les forces régulières, le régiment ukrainien Azov s'est imposé comme l'un des plus farouches adversaires des forces russes qui mènent une offensive militaire contre l'Ukraine depuis le 24 février.

Un accident de la route fait 26 morts

Plusieurs personnes ont perdu la vie dans un accident de la route entre un bus, une voiture et un camion-citerne, dans l'ouest de l'Ukraine, a annoncé mercredi la police nationale. "Au total, 26 personnes sont décédées - 24 passagers et deux chauffeurs - et 12 autres blessées dont le chauffeur du camion-citerne", a annoncé la police sur sa chaîne Telegram, accompagnant le communiqué d'une photo de cadavres floutés alignés le long d'une route.

Au moment de l'accident, dans la région de Rivne, "il y avait 34 passagers et un conducteur" dans un bus "qui se rendait en Pologne", a indiqué la même source, sans préciser si ces personnes fuyaient les combats entre armées ukrainienne et russe, concentrés dans l'est.

Joe Biden demande des moyens pour financer l'aide militaire à l'Ukraine

Joe Biden a demandé mardi au Congrès américain de débloquer "rapidement" une énorme rallonge budgétaire pour continuer de livrer à l'Ukraine l'aide militaire qui lui permet de "tourner en ridicule" l'armée russe, en visitant un site de production de lance-missiles Javelin. "Nous avons besoin de plus d'argent pour assurer que les Etats-Unis peuvent continuer à envoyer des armes" et à fournir de "l'aide humanitaire" à l'Ukraine, a dit le président américain depuis Troy, en Alabama, où il a été reçu dans une usine du groupe Lockheed Martin.

"Je demande au Congrès de voter rapidement ce financement", a déclaré Joe Biden, qui a réclamé aux parlementaires américains une colossale rallonge budgétaire de 33 milliards de dollars. "Ces armes que vos mains ont touchées sont dans les mains des héros ukrainiens et font la différence. C'est quelque chose dont vous pouvez et devez être fiers chaque jour", a-t-il dit en remerciant le personnel assemblé pour son discours.

"Vous permettez aux Ukrainiens de se défendre et, pour le dire franchement, ils tournent l'armée russe en ridicule en de nombreuses occasions", a déclaré le président américain.

Le boycott de la Russie à l'ONU

La Russie boycottera mercredi - un geste rare - une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU avec le Comité politique et de sécurité (COPS) de l'Union européenne, illustrant une nouvelle dégradation des relations entre Moscou et des partenaires aux Nations unies, selon des diplomates.

Selon une source diplomatique russe s'exprimant sous couvert de l'anonymat, la décision de Moscou est liée à la situation en Ukraine. Un diplomate occidental a indiqué de son côté à l'AFP n'avoir pas souvenir d'un boycott de la Russie d'une réunion du Conseil de sécurité depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février.

Cette réunion informelle annuelle entre le Conseil de sécurité et le COPS ne s'était pas tenue depuis 2019 en raison de la pandémie de Covid-19. Mercredi, elle doit permettre d'aborder les interactions de l'Union européenne avec l'ONU dans des pays où les deux organisations mènent des opérations, comme en Bosnie, en Centrafrique ou au Mali.

L'UE prépare un embargo pétrolier contre la Russie

Un projet d'embargo sur le pétrole et les produits pétroliers achetés à la Russie a été soumis dans la nuit de mardi à mercredi aux pays membres de l'UE, mais la mesure suscite encore des réserves, ont indiqué à l'AFP plusieurs responsables et diplomates européens. La Commission européenne a finalisé mardi sa proposition pour un sixième paquet de sanctions contre Moscou pour tarir le financement de son effort de guerre contre l'Ukraine.

Elle prévoit un arrêt progressif des achats européens sur une période de six à huit mois, jusqu'à fin 2022, avec une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie. Ces deux pays, enclavés et totalement dépendants des livraisons par l'oléoduc Droujba, pourront continuer leurs achats à la Russie en 2023, a précisé un responsable européen.