Kiev, immeuble bombardé 1:23
  • Copié
avec AFP , modifié à
Au 21e jour de l'invasion russe, les frappes se multiplient à Kiev. La capitale vit "un moment dangereux et difficile", a déclaré le maire de la ville, Vitali Klitschko, en décrétant un couvre-feu de mardi à jeudi. Une frappe contre un immeuble d'habitation a causé la mort d'au moins quatre personnes, selon le maire de Kiev, encerclée par les forces russes et vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions d'habitants. D'autres frappes ont également été recensées.
L'ESSENTIEL

Alors que les États-Unis ont promis une aide militaire massive à l'Ukraine, une vingtaine de civils ont été tués par des tirs russes devant un magasin, sur un marché et à l'intérieur d'un immeuble d'habitation dans le nord et en fuyant Marioupol dans le sud de l'Ukraine, au 21e jour de l'invasion russe. Dix personnes qui faisaient la queue pour acheter du pain à Tcherniguiv, à 150 km au nord de Kiev, ont péri dans la matinée lorsque des soldats ont ouvert le feu sur elles de manière "préméditée", a annoncé le parquet général. Dans cette même ville, qui subit de nombreux raids aériens, cinq corps, dont ceux de trois enfants, ont été retrouvés sous les décombres d'un logement collectif, ont dit les secouristes.

Les principales informations à retenir :

- des frappes meurtrières recensées

- des pourparlers toujours dans l'impasse

- une ville qui accueille les réfugiés de Marioupol visée

Des frappes meurtrières 

Plusieurs frappes meurtrières ont été recensées mercredi en Ukraine. Dix personnes qui faisaient la queue pour acheter du pain à Tcherniguiv, à 150 km au nord de Kiev, ont péri dans la matinée lorsque des soldats ont ouvert le feu sur elles de manière "préméditée", a annoncé le parquet général. Dans cette même ville, qui subit de nombreux raids aériens, cinq corps, dont ceux de trois enfants, ont été retrouvés sous les décombres d'un logement collectif, ont dit les secouristes.

Trois autres personnes ont perdu la vie et cinq ont été blessées sur un marché dans un incendie provoqué par un bombardement à Kharkiv, dans le nord-est du pays. Dans l'après-midi, des tirs de roquettes Grad sur un convoi de civils qui quittaient la cité portuaire assiégée et sans cesse pilonnée de Marioupol ont fait un nombre pour le moment indéterminé de morts et de blessés, dont un enfant grièvement atteint, d'après l'armée ukrainienne. Un théâtre qui abritait "des centaines" de civils" y a été détruit dans l'explosion d'une bombe larguée par un avion russe, a ajouté la mairie.

La ville de Zaporojie visée pour la première fois

La ville de Zaporojie, largement épargnée jusqu'ici et refuge des personnes évacuées de Marioupol, a quant à elle pour la première fois depuis le début du conflit été visée, la gare ayant été touchée mercredi par au moins un missile. C'est dans cette région que se trouve la plus grande centrale nucléaire d'Europe, que les Russes occupent depuis le 4 mars. "J'ai enterré mon fils aujourd'hui. C'était un pilote", dont l'appareil a été abattu pendant une mission de combat, racontait de son côté, tête baissée, Anatoly, à Otchakiv, sur les bords de la mer Noire. Au total, 500 personnes au moins ont été tuées depuis le début de la guerre à Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est, sans répit bombardée.

D'épaisses colonnes de fumées noires aperçues à Kiev

Des explosions ont en outre à nouveau été entendues à l'aube à Kiev où d'épaisses colonnes de fumées noires s'élevaient.  La capitale, vidée de plus de la moitié de ses 3,5 millions d'habitants, est sous couvre-feu depuis mardi 20 heures (18 heures GMT) et jusqu'à jeudi 7 heures, après que plusieurs missiles eurent frappé des immeubles d'habitation lundi et mardi.

"En cas de besoin, nous prendrons les armes et nous défendrons la ville", a assuré Edouard Dementchouk, un employé d'une cinquantaine d'années d'une société de sécurité privée. Conséquence du conflit, plus de trois millions d'Ukrainiens - dont près de la moitié d'enfants - ont déjà pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne.

Des attaques militaires sur le système de santé

L'Organisation mondiale de la santé assurait n'avoir jamais vu autant d'attaques militaires sur le système de santé qu'actuellement en Ukraine. "Le système de santé est devenu une cible (...). Cela commence à faire partie de la stratégie et des tactiques de la guerre. C'est totalement inacceptable, c'est contraire au droit humanitaire international", a déploré le chef des urgences de l'OMS, Michael Ryan.

C'est dans ce contexte que la Cour internationale de justice (CIJ), le plus haut tribunal de l'ONU, a ordonné mercredi à Moscou d'immédiatement interrompre ses opérations militaires en Ukraine, se disant "profondément préoccupée" par l'ampleur des combats ; et que le Conseil de l'Europe, garant de l'état de droit sur ce continent, excluait officiellement la Russie, tandis que la Cour européenne des droits de l'homme suspendait l'examen de toutes les requêtes concernant la Russie.

À la recherche d'un compromis

L'offensive et la détermination des deux camps n'empêchaient pas la poursuite en parallèle de pourparlers, relancés lundi par visioconférence au niveau des délégations. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré mercredi que les négociateurs discutaient désormais d'"un compromis", qui ferait de l'Ukraine un pays neutre, sur le modèle de la Suède et de l'Autriche. "Il y a des formules très concrètes qui, je pense, sont proches d'un accord", a également souligné le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Sans démentir des discussions sur une neutralité, le négociateur-en-chef ukrainien Mykhaïlo Podoliak a rejeté "un modèle suédois ou autrichien" et insisté sur des "garanties de sécurité absolues" face à la Russie, avec engagement d'intervenir aux côtés de l'Ukraine en cas d'agression. "L'Ukraine est maintenant en état de guerre directe avec la Russie. Par conséquent, le modèle ne peut être qu'+ukrainien+", a déclaré Mykhaïlo Podoliak sur son compte Telegram.

Le président Zelensky avait estimé dans la nuit de mardi que les positions des deux camps étaient désormais "plus réalistes", tout en estimant qu'il faudrait "encore du temps pour que les décisions soient dans l'intérêt de l'Ukraine". Il s'était dit auparavant prêt à renoncer à toute adhésion de son pays à l'Otan, un casus belli pour la Russie. Volodymyr Zelensky n'a pas caché qu'il espérait aussi obtenir une rencontre avec Vladimir Poutine. A l'issue d'une conversation, le pape François et le patriarche Kirill ont pour leur part exprimé "l'espoir d'arriver rapidement à une paix équitable". Le chef de l'Eglise catholique a appelé celui de l'Eglise orthodoxe russe à éviter "le langage de la politique", selon le Vatican.

Ces politiques étrangers qui se sont rendus à Kiev

La Turquie, membre de l'Otan mais ayant refusé de s'associer aux sanctions contre Moscou, poursuivait de son côté ses efforts de médiation. Son ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu était à Moscou mercredi et devait se rendre jeudi en Ukraine. Il succédera aux Premiers ministres polonais, tchèque et slovène, Mateusz Morawiecki, Petr Fiala et Janez Jansa, qui sont allés mardi à Kiev.

Parallèlement, la Pologne a réclamé la mise en place d'une "mission de paix" de l'Otan, "protégée par les forces armées" pour aider l'Ukraine. Le sujet pourrait être abordé au cours du sommet extraordinaire de l'Otan prévu pour le 24 mars à Bruxelles, où Joe Biden sera présent. Mercredi, Vladimir Poutine a promis des aides financières aux particuliers et aux entreprises, comparant les sanctions à un "Blitzkrieg" contre la Russie. Les autorités russes continuent en parallèle à réprimer toute opposition à la guerre.

Un enfant réfugié chaque seconde

Le nombre de personnes ayant fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion par l'armée russe a atteint les trois millions, a indiqué un porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations à Genève. À quasiment chaque seconde qui passe, un enfant en Ukraine devient un réfugié, a affirmé le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Un total de 97 enfants ont été tués depuis le début de la guerre, selon le président Zelensky.

Biden à Bruxelles pour les sommets de l'UE et de l'Otan

Le président américain Joe Biden participera à la prochaine réunion des chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne à Bruxelles le 24 mars, ainsi qu'à un sommet extraordinaire de l'Otan le même jour consacré à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ont annoncé Bruxelles et Washington.

Mardi soir, le vice-Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski a fait valoir à Kiev qu'une "mission de paix" de l'Otan, "protégée par les forces armées" pour aider l'Ukraine était nécessaire.

La Russie recrute des milliers de Syriens

La Russie a établi des listes de 40.000 combattants de l'armée syrienne et de milices alliées, prêts à être déployés en Ukraine, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

30 médias russophones bloqués

Le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor a bloqué les sites d'au moins 30 médias supplémentaires. Les sites du média d'investigation Bellingcat, de médias locaux russes, ainsi que de médias russophones basés en Israël et en Ukraine étaient inaccessibles en Russie sans réseau privé virtuel (VPN).

Sanctions

L'Union européenne a interdit l'exportation en Russie de ses berlines de luxe, champagne, bijoux et autres articles prisés par les élites qui soutiennent Vladimir Poutine. Londres a imposé des droits de douane punitifs sur la vodka et des gels d'avoirs contre plus de 370 personnes et entités, dont une cinquantaine d'oligarques.

De son côté, la Russie a décidé de quitter le Conseil de l'Europe, accusant l'Otan et l'UE d'en avoir fait un instrument au service de "leur expansion militaro-politique et économique à l'Est". Elle a annoncé des sanctions contre le président Biden, le Premier ministre canadien Justin Trudeau et plusieurs membres de leurs gouvernements.

Poutine revendique un succès

Le président russe Vladimir Poutine a assuré mercredi que son opération militaire en Ukraine était un "succès", affirmant que Moscou ne laisserait pas ce pays devenir une "tête de pont" pour des "actions agressives" contre la Russie. Par ailleurs, Kiev a rejeté la proposition d'un statut neutre de l'Ukraine sur le modèle suédois ou autrichien.