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Nicolas Tonev (sur place), avec AFP , modifié à
L'Ukraine a rejeté lundi l'ultimatum du Kremlin exigeant la capitulation de la ville assiégée de Marioupol, alors qu'un nouveau bombardement à Kiev a fait au moins huit morts, dévastant les abords d'un centre commercial de la capitale. A Marioupol, les autorités locales ont accusé l'armée russe d'avoir bombardé la veille une école d'art servant de refuge à plusieurs centaines de personnes. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation.
L'ESSENTIEL

A la veille du 26e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, la Russie a affirmé dimanche, pour le deuxième jour consécutif, avoir utilisé des missiles hypersoniques en Ukraine, cette fois pour détruire une réserve de carburant de l'armée ukrainienne dans le sud. Dans la nuit, un bombardement à Kiev a fait au moins huit morts, a constaté un journaliste de l'AFP, au moment où les forces russes cherchent toujours à encercler la capitale ukrainienne. A Marioupol, les autorités locales ont accusé l'armée russe d'avoir bombardé la veille une école d'art servant de refuge à plusieurs centaines de personnes.

Les principales informations à retenir :

  • un couvre-feu instauré à Kiev
  • un bombardement nocturne à Kiev fait huit morts
  • des bombardements dimanche à Marioupol et Kiev
  • Biden se rend en Pologne ce vendredi
  • dix millions de déplacés

Un couvre-feu instauré à Kiev

Lundi matin, le maire de la capitale, Kiev, a décidé d'instaurer un nouveau couvre-feu dans la ville de lundi soir à mercredi matin. "Il commencera aujourd'hui à 20H00 (18H00 GMT) et durera jusqu'à 07H00 (05H00 GMT) le 23 mars", a écrit Vitali Klitschko, ancien champion du monde de boxe, sur sa chaîne Telegram. "Les commerces, pharmacies, stations-services, établissements ne seront pas ouverts demain", a-t-il précisé. "Je demande à chacun de rester chez soi ou dans des abris au moment où les sirènes retentissent".

Plusieurs couvre-feux ont déjà été observés dans la capitale, que les troupes russes cherchent toujours à encercler. Le dernier en date a duré 35 heures la semaine dernière, de mardi soir à jeudi matin. 

L'appel de Volodymyr Zelensky

Le président ukrainien appelle l'UE à cesser tout "commerce" avec la Russie. "Pas d’euros pour les occupants, fermez-leur tous vos ports, ne leur envoyez pas vos biens, refusez les ressources énergétiques", a plaidé le président ukrainien. "Sans commerce avec vous, sans vos entreprises et vos banques, la Russie n'aura plus d’argent pour cette guerre", a-t-il ajouté.

Les Européens, très dépendants des hydrocarbures russes, ont jusqu'ici exclu de sanctionner ce secteur, très important pour l'économie de la Russie. "Ne sponsorisez pas s'il vous plaît les armes de guerre de ce pays, de la Russie", a dit Volodymyr Zelensky, avant de s'adresser directement aux Allemands : "vous avez la force, l'Europe a la force", a-t-il lancé.

Huit morts dans un bombardement nocturne à Kiev

Les forces russes tentent toujours par ailleurs d'encercler Kiev, la capitale ukrainienne, où un bombardement sur un centre commercial dans la nuit de dimanche a lundi, a provoqué le mort d'au moins huit personnes, selon le parquet général. Des corps de victimes étaient étendus lundi matin devant le centre commercial Retroville, dans le nord-ouest de Kiev, a constaté un journaliste de l'AFP, tandis que les pompiers et militaires s'affairaient dans les décombres pour rechercher d'autres victimes.

La frappe d'une très forte puissance a pulvérisé des véhicules et laissé sur le parking un cratère béant de plusieurs mètres de large devant un immeuble de dix étages carbonisé et encore fumant. Des débris, véhicules anéantis, ferrailles tordues, jonchaient la scène sur des centaines de mètres. "Des tirs ennemis" ont provoqué un incendie sur plusieurs étages du centre commercial situé dans le district de Podilsky, avaient de leur côté précisé auparavant les services de secours sur Facebook.

Une fuite d'ammoniac dans la région de Soumy

Dans le nord du pays, le gouverneur régional de Soumy, Dmytro Zhyvytsky, a signalé une "fuite d'ammoniac" dans les installations de l'entreprise Sumykhimprom, affectant une zone de 2,5 kilomètres autour de l'usine, qui produit des engrais. L'étendue et la cause de l'incident ne sont pas clairement établies mais les habitants ont été priés de chercher refuge dans des caves ou des immeubles de faible hauteur pour éviter toute exposition.

Le ministre russe de la Défense a déclaré dimanche soir que des "nationalistes" avaient "miné" les installations de stockage d'ammoniac et de chlore à Sumykhimprom "dans le but d'empoisonner massivement les habitants de la région de Soumy, en cas d'entrée dans la ville d'unités des forces armées russes".

Marioupol : des frappes russes enregistrées dimanche

La Russie a affirmé dimanche, pour le deuxième jour consécutif, avoir utilisé des missiles hypersoniques en Ukraine, cette fois pour détruire une réserve de carburant de l'armée ukrainienne dans le Sud. En utilisant ce genre d'armes, la Russie "tente de retrouver un élan" dans le conflit où son armée s'est enlisée, a affirmé le ministre américain de la Défense Lloyd Austin, estimant que ces armements ne "changeaient pas la donne".

A Marioupol, ville stratégique dans le sud-est de l'Ukraine, bombardée depuis des semaines et souffrant d'une pénurie d'eau, de gaz et d'électricité, les autorités locales ont accusé l'armée russe d'avoir bombardé la veille une école d'art servant de refuge à plusieurs centaines de personnes, assurant que des civils étaient coincés sous les décombres.

Biden en Pologne ce vendredi

Le président américain Joe Biden se rendra vendredi à Varsovie pour y rencontrer son homologue polonais Andrzej Duda et discuter de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a annoncé dimanche la Maison Blanche. Ce voyage interviendra après la visite de Joe Biden en Belgique pour y rencontrer des dirigeants de l'Otan, du G7 et de l'Union européenne et "sera axé sur la poursuite du rassemblement du monde en soutien au peuple ukrainien et contre l'invasion de l'Ukraine par le président Poutine", est-il précisé à propos de ce séjour en Europe. "Mais il n'est pas prévu d'aller en Ukraine", a précisé la porte-parole Jen Psaki.

Rotations du personnel à Tchernobyl

Les rotations de personnel à la centrale nucléaire de Tchernobyl ont commencé dimanche pour la première fois depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, a annoncé l'Agence internationale de l'énergie atomique. "L'Ukraine a informé l'AIEA qu'environ la moitié du personnel avait finalement pu rentrer chez lui après avoir travaillé sur le site contrôlé par la Russie pendant près de quatre semaines", a déclaré le directeur général Rafael Grossi dans un communiqué diffusé dans la nuit de dimanche à lundi.

"L'autorité de régulation nationale ukrainienne a confirmé que ceux qui étaient partis avaient déjà été remplacés par d'autres employés ukrainiens", a-t-il ajouté, se "félicitant" de cette rotation partielle. 

Les forces russes ont pris le contrôle de la centrale le 24 février, mais une centaine de techniciens ukrainiens qui terminait son service de nuit a continué à gérer les opérations quotidiennes sur le site, où se trouvent des déchets radioactifs depuis l'accident de 1986, le pire de l'Histoire.

L'Ukraine rejette l'ultimatum de voir capituler Marioupol

L'Ukraine ne "déposera pas les armes et ne quittera pas la ville" assiégée de Marioupol, a déclaré sa vice-Première ministre à un média ukrainien, en réaction à l'ultimatum posé par la Russie. "Il n'est pas question de parler de reddition ou de déposer les armes. Nous en avons déjà informé la partie russe", a déclaré Iryna Verechtchouk au journal Ukrayinskaya Pravda. Le ministère de la Défense russe avait appelé l'Ukraine à "déposer ses armes" et exigé une "réponse écrite" à son ultimatum avant lundi 5 heures, au nom de la sauvegarde des habitants et des infrastructures de la ville de Marioupol.

Dix millions de déplacés

Dix millions de personnes, soit plus d'un quart de la population en Ukraine, ont désormais fui leurs foyers en raison de la guerre menée par la Russie, a affirmé le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés Filippo Grandi.