La catastrophe nucléaire de Tchernobyl avait eu lieu le 26 avril 1986. 1:44
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Maud Descamps, édité par Jonathan Grelier , modifié à
Théâtre d'une catastrophe nucléaire en 1986, la centrale de Tchernobyl en Ukraine est toujours l'objet d'une surveillance renforcée des scientifiques. Or, ceux-ci ont récemment observé une augmentation des réactions de fission nucléaire qui les interroge. Europe 1 fait le point sur ce que l'on sait.
DÉCRYPTAGE

Que se passe-t-il à la centrale de Tchernobyl en Ukraine ? 35 ans après l'accident nucléaire, des chercheurs ont récemment révélé que les réactions de fission nucléaire sous la dalle de béton qui recouvre le réacteur ayant explosé le 26 avril 1986 ont augmenté. Ce sont des capteurs, placés au-dessus de la chape de béton qui recouvre le réacteur éventré, qui ont donné l'alerte sur cette activité anormale.

Une hausse de 40% par rapport à 2016

Concrètement, ces capteurs révèlent un taux anormal de neutrons. Ceux-ci sont émis par le mélange de débris et de matière radioactive avec une hausse de 40% par rapport à 2016. La situation interroge fortement les scientifiques. Igor Le Bars, qui travaille à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), estime que cette hausse d'activité pourrait venir d'infiltrations d'eau dans le réacteur.

"L'eau, sur les neutrons, va avoir la capacité de modifier leur énergie et facilite tous ces phénomènes de multiplication", explique-t-il. "C'est pour ça que l'une des questions qui se posent aujourd'hui est de savoir s'il y a des variations de l'humidité qui font que cette capacité de multiplication des neutrons augmente ou pas."

Des mesures renforcées et des substances qui absorbent les neutrons ?

Le bâtiment étant condamné sous un énorme sarcophage, il est impossible de savoir vraiment ce qu'il s'y passe. Même si a priori, le risque d'une catastrophe similaire à celle de 1986 est écartée. "En tout état de cause, on ne craint pas une explosion qui dégraderait les structures de ce qu'il reste de la centrale et notamment du sarcophage", assure Jean-Christophe Gariel, directeur adjoint de l'IRSN. "Par contre, il est évident que ce phénomène, s'il correspond effectivement à une reprise de la réaction nucléaire, rendra encore plus difficile et complexe les opérations de démantèlement, car le niveau d'irradiation sera encore plus élevé."

Face à cette situation les autorités locales envisagent deux types de solutions. "Les Ukrainiens vont renforcer leur dispositif de mesure", poursuit Jean-Christophe Gariel. "Par ailleurs, ils envisageraient aussi de mettre des substances qui absorbent les neutrons, ce qui avait déjà été fait en 1990".