Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 589e jour de l'invasion russe

UKRAINE
Cinquante-et-une personnes dont un enfant ont été tuées jeudi par une frappe russe à Groza, un petit village de l'Est de l'Ukraine, en marge des funérailles d'un soldat ukrainien. © YEVHEN TITOV / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP / Crédit photo : YEVHEN TITOV / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP , modifié à
Au 589e jour de l'invasion russe, cinquante-et-une personnes dont un enfant ont été tuées jeudi par une frappe russe à Groza, un petit village de l'Est de l'Ukraine, en marge des funérailles d'un soldat ukrainien.
L'ESSENTIEL

Plusieurs bombardements russes ont été recensés en Ukraine jeudi et ce vendredi matin. Le premier, lors de funérailles d'un soldat ukrainien a fait 51 victimes. Une "attaque terroriste inhumaine", selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, actuellement en déplacement diplomatique en Espagne. Le deuxième bombardement, ce vendredi, a touché des bâtiments résidentiels à Kharkiv dans le nord-est de l'Ukraine, à la frontière avec la Russie, et tué un enfant de 10 ans, en plus de faire au moins 23 blessés, selon les autorités ukrainiennes

Les principales informations à retenir :

  • Un bombardement russe a touché des bâtiments résidentiels à Kharkiv, tuant un enfant et faisant 23 blessés
  • 51 personnes dont un enfant ont été tuées jeudi par une frappe russe à Groza, un petit village de l'Est de l'Ukraine, en marge des funérailles d'un soldat ukrainien
  • Volodymyr Zelensky, en Espagne pour une réunion avec des dirigeants européens, a dénoncé une "attaque terroriste inhumaine"
  • Berlin, Washington et la diplomatie française ont condamné cette frappe "avec la plus grande fermeté"
  • Jeudi soir, quelques heures après la frappe, Moscou a abattu huit drones ukrainiens dans l'Ouest de la Russie

Un enfant tué, 23 blessées par des missiles à Kharkiv

Un bombardement russe, qui a touché des bâtiments résidentiels à Kharkiv dans le nord-est de l'Ukraine, à la frontière avec la Russie, a tué un enfant de 10 ans et fait au moins 23 blessés, selon les autorités ukrainiennes. Cette frappe intervient au lendemain de celle, très meurtrière, de Groza, un village de la région, où 51 personnes ont été tuées. "Une nouvelle attaque contre des civils par la Russie. Le corps d'un enfant de 10 ans a été retrouvé dans les décombres", a indiqué sur Telegram le ministre Igor Klymenko.

"Deux immeubles d'appartements ont été endommagés et un bâtiment résidentiel de trois étages détruits" a-t-il ajouté. Le gouverneur régional, Oleg Synegoubov, a fait état d'au moins 23 blessés, dont un bébé de onze mois. La police a indiqué par la suite que ce sont deux missiles balistiques Iskander qui ont frappé ces immeubles.

Un photographe de l'AFP sur place a vu ce qui semble être le fragment de l'un des missiles au fond d'un gros cratère dans une rue du centre-ville. Une grande quantité de débris y jonchent le sol et des véhicules civils retournés ou calcinés étaient visibles. La Russie a en outre envoyé dans la nuit de jeudi à vendredi de nouveaux essaims de drones d'attaque pour frapper le centre, le Nord-Est et le Sud de l'Ukraine. L'Ukraine a affirmé avoir abattu à travers le pays dans la nuit de jeudi à vendredi 25 des 33 drones Shahed 131/136 lancés contre le pays.

Une frappe russe lors de funérailles en Ukraine fait 51 morts

Cinquante-et-une personnes dont un enfant ont été tuées jeudi par une frappe russe à Groza, un petit village de l'Est de l'Ukraine, en marge des funérailles d'un soldat ukrainien. Volodymyr Moukhovaty, un villageois de 70 ans, vient de voir le corps de son fils extirpé des décombres et craint que son épouse avec laquelle il a partagé sa vie pendant 48 ans et leur belle-fille ne figurent également parmi les morts. "Mon fils vient d'être sorti, sans tête, sans bras, sans jambes… Il a été reconnu grâce à ses papiers d'identité, son permis de conduire", a raconté à l'AFP cet homme.

"Ma femme et ma belle-fille… Il se peut qu'elles aient été déchiquetées, comment le savoir. Pour l'instant, elles n'ont pas été retrouvées", poursuit Volodymyr, T-shirt noir et cheveux gris coupés très court. Il espère que les deux femmes sont parmi les blessés emportés par les ambulances tout en admettant qu'il y a "peu d'espoir". "Je ne survivrai pas longtemps tout seul", dit-il.

Vers 19 heures, à la nuit tombée, les journalistes de l'AFP ont vu des militaires avec des gants bleus embarquer dans un de leurs camions un à un des sacs blancs contenant des corps sans vie. Une vingtaine de ces sacs étaient encore alignés juste devant le petit café entièrement détruit où s'étaient réunies ces personnes. Un peu plus loin, près d'un portique avec deux balançoires, se trouvaient de petits tas contenant des morceaux de corps non identifiés.

Moins d'une heure plus tard, les secouristes ont annoncé la fin de leurs opérations sur le site, établissant le bilan définitif à 51 morts dont un enfant né en 2017 et six blessés. Parmi les victimes de la frappe se trouvent la femme et le fils du soldat ukrainien mort au combat dont étaient célébrées les funérailles, selon un porte-parole du Parquet régional cité par l'agence de presse Interfax-Ukraine.

"Crimes de guerre " selon Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en Espagne pour une réunion avec des dirigeants européens, a dénoncé une "attaque terroriste inhumaine" contre cette localité située dans la région de Kharkiv, près de Koupiansk, ville à proximité de la ligne de front qui est régulièrement la cible de frappes russes. "Il n'est possible de protéger les gens contre de telles attaques (…) qu'à l'aide de la défense antiaérienne", a ajouté Zelensky qui a évoqué la livraison à l'Ukraine d'un nouveau système américain Patriot.

"Nous aurons plus de défense antiaérienne (…) Espagne, Italie, France, Allemagne, Grande-Bretagne - merci!", a-t-il ensuite insisté dans la soirée. 

Condamnations de la frappe par les diplomaties européennes et américaines

Berlin fera "tout son possible" pour que "l'Ukraine puisse se protéger de la terreur des missiles de Poutine", a réagi la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock sur X (ex-Twitter). "Nous devons continuer à soutenir le peuple ukrainien parce que c'est l'effroyable réalité dans laquelle il vit" au quotidien, a commenté la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre, au moment où le président Joe Biden essaie d'obtenir du Congrès des fonds supplémentaires pour aider Kiev.

La diplomatie française a condamné avec "la plus grande fermeté" la frappe de Moscou, ajoutant dans un communiqué qu'"en ciblant à dessein la population civile ukrainienne, la Russie se rend de nouveau coupable d'atrocités constitutives de crimes de guerre". "Les atrocités russes atteignent un niveau encore plus sinistre", a réagi le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell sur X.

Huit drones ukrainiens dans l'Ouest de la Russie

Jeudi soir, quelques heures après la frappe, Moscou a abattu huit drones ukrainiens dans l'Ouest de la Russie, selon son ministère de la Défense, qui n'a pas mentionné d'éventuels dégâts ou blessés. Le bombardement de Groza a été effectué avec un missile balistique Iskander selon les données préliminaires, et a entièrement détruit un magasin et un café situé dans le même bâtiment au moment où une soixantaine de personnes s'y trouvaient, a décrit le ministre de l'Intérieur Igor Klymenko à la télévision nationale.

"Il y avait des villageois dans le magasin et des villageois dans le café étaient également réunis" pour une réception organisée après l'enterrement d'un des leurs, a dit Igor Klymenko, précisant que Groza comptait 330 habitants. L'attaque a eu lieu autour de 13h15 locales, a raconté le gouverneur régional Oleg Synegoubov, qui a dénoncé l'attaque la plus meurtrière dans la région de Kharkiv, depuis le début de l'invasion russe en 2022 et y a décrété trois jours de deuil. 

Les forces russes se sont emparées de larges pans de cette province dès les premiers jours de l'offensive. Les troupes ukrainiennes ont ensuite libéré la quasi-totalité de la région au cours d'un assaut éclair à l'automne 2022 mais celle-ci subit régulièrement des frappes. La Russie mène actuellement une offensive dans la zone de Koupiansk pour tenter de reprendre du terrain et gêner la contre-offensive ukrainienne en cours dans l'Est et le Sud.

Le ministre russe de la Défense appelle à accélérer la production de bombardiers

Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a appelé vendredi à accélérer la production d'avions bombardiers tactiques Su-34 pour appuyer l'offensive russe en Ukraine. "Ces appareils, ils ont le plus de travail, effectuant entre quatre et cinq vols par jour", a déclaré Sergueï Choïgou, cité dans un communiqué de l'armée russe, lors d'une visite d'une usine aéronautique à Novossibirsk, en Sibérie.

"C'est pourquoi il faut (…) accélérer" leur production, a-t-il souligné. Selon le communiqué, le ministre "a chargé la direction de l'usine d'accélérer la production et les travaux de réparation" des Su-34, "compte tenu du fait qu'ils sont très demandés". L'usine aéronautique de Novossibirsk effectue notamment la production en série, la réparation et la modernisation des avions bombardiers Su-34.

La Russie mène depuis plus d'un an et demi une offensive en Ukraine, en procédant quotidiennement à des dizaines de bombardements sur le territoire ukrainien. Le Kremlin a réorienté toute sa politique et son économie vers l'effort de guerre, augmentant son budget des dépenses militaires de 68% pour 2024 par rapport à l'année précédente pour atteindre 10.800 milliards de roubles (106 milliards d'euros au taux du jour).