Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 302e jour de l'invasion russe

Lors d'une interview à plusieurs médias, Emmanuel Macron a estimé qu'une entrée de l'Ukraine dans l'Otan serait vécue par la Russie comme une confrontation.
Lors d'une interview à plusieurs médias, Emmanuel Macron a estimé qu'une entrée de l'Ukraine dans l'Otan serait vécue par la Russie comme une confrontation. © JULIEN DE ROSA / AFP
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avec AFP , modifié à
Lors d'une interview à plusieurs médias, Emmanuel Macron a estimé qu'une entrée de l'Ukraine dans l'Otan serait vécue par la Russie comme une confrontation. Dans le même temps, l'armée russe concentre ses efforts dans la région de Donetsk alors que le ministre russe de la Défense a rendu visite à ses troupes sur le terrain.
L'ESSENTIEL

Le président français Emmanuel Macron estime qu'une entrée de l'Ukraine dans l'Otan serait vécue par la Russie comme une confrontation et qu'elle n'est pas le "scénario le plus vraisemblable", dans un entretien à plusieurs médias. "L’entrée de l’Ukraine dans l’Otan serait perçue par la Russie comme quelque chose de confrontationnel. Ce n’est pas avec cette Russie-là que vous pouvez l’imaginer", a-t-il déclaré mercredi aux quotidiens français Le Monde, américain Wall Street Journal et libanais An Nahar. "Que l’Ukraine entre ou non dans l’Otan – et ce n’est pas le scénario le plus vraisemblable – il faudra lui donner des garanties de sécurité d’autant plus robustes qu’elle a été agressée par la Russie", poursuit-il.

Les principales informations

  • Les efforts de l'armée russe sur la région de Donetsk.
  • Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, a rendu visite à ses troupes sur le terrain.
  • Zelensky est de retour en Ukraine après son voyage aux États-Unis
  • Vladimir Poutine a assuré que l'armée russe trouvera "un antidote" pour contourner le système de défense antiaérien que l'États-Unis ont fourni à l'Ukraine

Plus d'autonomie stratégie en Europe, moins de dépendance vis-à-vis des États-Unis

Emmanuel Macron insiste sur la nécessité d'accorder des "garanties de sécurité" à l'Ukraine, mais aussi à la Russie à l'issue du conflit ukrainien, position qui lui a valu de vives critiques à Kiev et en Europe de l'est. "À la fin, il faudra mettre tout le monde autour de la table. Et donc que tous les Européens et les Occidentaux qui me donnent des leçons de morale m'expliquent avec qui ils se mettront autour de la table", a-t-il lancé.

"Moi, je n’ai pas envie que ce soient les Chinois et les Turcs seuls qui négocient le jour d’après", a-t-il souligné en référence notamment aux efforts de médiation de la diplomatie turque. Le président français a aussi de nouveau plaidé pour l'autonomie stratégique de l'Europe, au sein de l'Otan, mais dans une moindre dépendance vis-à-vis des États-Unis.

"Il n’y a pas d’architecture de sécurité de l’Europe sans autonomie stratégique, dans l'Otan et avec l’Otan, mais pas en dépendant de l’Otan", a-t-il souligné. "Une alliance, ce n’est pas quelque chose dont je dépends, c’est quelque chose que je choisis (...) Nous devons repenser notre autonomie stratégique", a-t-il insisté. "L’Europe doit gagner en autonomie technologique, capacitaire, y compris par rapport aux États-Unis", a martelé le président français.

Ukraine : les efforts de l'armée russe se concentrent sur la région de Donetsk

Les efforts de l'armée russe en Ukraine se concentrent actuellement sur la capture de la totalité de la région de Donetsk, dans l'Est du pays, a indiqué jeudi son chef d'état-major Valéri Guerassimov. "La situation sur la ligne de front s'est stabilisée, les principaux efforts de nos troupes se concentrent sur l'achèvement de la libération du territoire de la République populaire de Donetsk" autoproclamée par les séparatistes prorusses, a indiqué Valéri Guerassimov.

Selon lui, la ligne de front avec les forces ukrainiennes est actuellement longue de 815 kilomètres. Valéri Guerassimov a affirmé avoir frappé plus de 1.300 "cibles d'importance critique" en Ukraine, ce qui a selon lui "permis de réduire considérablement le potentiel de combat des forces armées ukrainiennes". Il s'est aussi félicité de l'utilisation "pour la première fois dans des conditions de combat" d'armes hypersoniques russes, telles que le missile Kinjal.

Depuis une série de revers militaires russes dans le nord-est et le sud de l'Ukraine entre septembre et début novembre, l'essentiel des combats se concentre actuellement dans l'Est, et notamment dans la ville de Bakhmout, que les troupes de Moscou tentent de prendre depuis l'été. Face à ses revers, la Russie a opté à partir d'octobre pour une tactique de bombardements massifs sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes, provoquant régulièrement des coupures de courant et d'eau.

Le ministre russe de la Défense s'est rendu sur le front en Ukraine pour une inspection

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s'est rendu sur la ligne de front en Ukraine pour inspecter les positions de son armée, a indiqué jeudi son ministère, la deuxième visite annoncée de ce type en moins d'une semaine. "En première ligne", Sergueï Choïgou a "vérifié les conditions de déploiement du personnel et du matériel militaire" et il a "inspecté les zones de positionnement des unités militaires, les conditions d'hébergement et de chauffage du personnel", a précisé le ministère sur Telegram, accompagnant son message d'une vidéo du ministre.

Zelensky face au président polonais

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré jeudi son homologue polonais Andrzej Duda à l'aéroport de Rzeszow-Jasionka dans le sud-est de la Pologne, au lendemain de sa visite aux États-Unis. "Sur le chemin du retour, j'ai rencontré un ami de l'Ukraine, le président polonais Andrzej Duda", a indiqué Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux, accompagnant son message d'une vidéo le montrant accueilli par le président polonais, les deux hommes tombant dans les bras l'un de l'autre.

Volodymyr Zelensky a indiqué avoir évoqué avec son homologue polonais l'année écoulée mais aussi "discuté des plans stratégiques pour l'avenir, des relations bilatérales et des interactions au niveau international en 2023". La présidence ukrainienne a précisé, de son côté, que la rencontre avait eu lieu à Rzeszow, dans le sud-est de la Pologne, ville de transit d'une bonne partie de l'aide destinée à l'Ukraine et dont l'aéroport est protégé par un important contingent américain.

Un responsable prorusse tué dans un attentat dans la région de Kherson

Le chef d'une localité ukrainienne sous contrôle russe dans la région de Kherson (sud) a été tué jeudi dans un attentat à la bombe, a annoncé l'administration russe d'occupation, dans cette région que les forces de Kiev ont partiellement reconquise en novembre. Dans un communiqué sur Telegram, cette administration a déclaré qu'Andreï Chtepa, le principal responsable de Lioubymivka, une localité située sur la rive gauche du Dniepr - le grand fleuve qui traverse l'Ukraine - et occupée par l'armée russe, était "mort tragiquement après l'explosion d'une automobile" provoquée par "des terroristes ukrainiens".

Le Dniepr est devenu la ligne de front dans cette région depuis que les soldats russes ont quitté début novembre sa rive droite (occidentale). Les troupes russes avaient dû se retirer de Kherson, la capitale de la région éponyme, une défaite majeure, après avoir subi pendant des semaines une contre-offensive ukrainienne associée à des bombardements sur leurs axes de ravitaillement.

Jusqu'au départ des Russes de cette grande ville, des agents ukrainiens avaient aussi procédé derrière les lignes ennemies à des assassinats ciblés de responsables travaillant pour l'administration d'occupation russe. Le président Vladimir Poutine a revendiqué en septembre l'annexion des régions ukrainiennes de Kherson, Zaporijjia, Donetsk et Lougansk, même si l'armée russe ne les contrôle pas entièrement.

La Russie trouvera un "antidote" aux missiles américains Patriot livrés à Kiev

Le président russe Vladimir Poutine a assuré jeudi que l'armée russe trouvera un "antidote" pour contourner le système de défense antiaérien Patriot que les États-Unis vont fournir à l'Ukraine en proie aux bombardements de Moscou. "Concernant le Patriot, c'est un système assez vieux. Il ne fonctionne pas comme notre (système russe) S-300. Mais nos opposants partent du principe que c'est une arme défensive. Très bien, on va garder ça à l'esprit. Et il existe toujours un antidote", a déclaré M. Poutine lors d'une conférence de presse.

La Russie n'a manifesté aucune volonté "significative" de mettre fin à la guerre, selon Blinken

Le Kremlin n'a manifesté aucune volonté "significative" de mettre fin à la guerre en Ukraine, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, peu après les déclarations de Vladimir Poutine qui a assuré vouloir que le conflit se termine "le plus tôt possible".

"Fondamentalement aujourd'hui, la Russie n'a manifesté aucun intérêt (à s'engager) dans une diplomatie significative" pour mettre fin à la guerre, a déclaré le secrétaire d'État lors d'une conférence de presse, au lendemain de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Washington.

Giorgia Meloni dit vouloir se rendre en Ukraine début 2023

La Première ministre italienne Giorgia Meloni, dont le gouvernement d'extrême droite soutient Kiev dans son conflit face à la Russie, a affirmé jeudi vouloir se rendre en Ukraine début 2023. "Je vais appeler (le président ukrainien Volodymyr) Zelensky pour lui présenter mes vœux et organiser ce voyage que je compte faire dans les premiers mois de l'année prochaine. C'était un de mes voyages prioritaires", a-t-elle déclaré dans l'émission de télévision "Porta a Porta", diffusée sur la chaîne publique Rai 1.

"Nous sommes dans la période où quasiment toutes les cultures du monde, célèbrent la lumière" tandis que les Ukrainiens "vivent dans l'obscurité", a-t-elle souligné. "Il suffit d'imaginer ce que cela signifierait de tout éteindre pendant les fêtes, ne serait-ce qu'une heure : gaz, électricité, téléphone, télévision... Nous comprendrions (...) à quel point leur capacité à résister est extraordinaire", a-t-elle encore déclaré. "Cela en dit long sur ce que la défense de la liberté et de la patrie signifie pour eux", a encore estimé la Première ministre.