Une femme pousse un landau, avec en arrière-plan l'usine d'Azovstal. 1:35
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avec AFP , modifié à
Au 67e jour de la guerre en Ukraine, un premier groupe de civils a été extrait dans la nuit de samedi à dimanche de l'aciérie Azovstal, dernière poche de la résistance ukrainienne à Marioupol, dans l'est de l'Ukraine, région où l'armée russe concentre l'essentiel de ses forces. La France, quant à elle, a annoncé l'envoi de matériel militaire et d'une aide humanitaire au pays.
L'ESSENTIEL

La sortie d'une vingtaine de civils des sous-terrains de cet immense complexe industriel représente une grande première, toutes les précédentes tentatives d'évacuation ayant échoué, dans cette ville portuaire du sud-est presque entièrement détruite après des semaines de siège.

Le régiment Azov, qui défend cette zone industrielle, a parlé de "vingt civils, des femmes et des enfants". "Ils ont été transférés vers un endroit convenu et nous espérons qu'ils seront évacués vers Zaporijjia, sur le territoire contrôlé par l'Ukraine", a déclaré Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment dans une vidéo sur Telegram.

Les informations à retenir :

  • 25 civils sont sortis du site d'Azovstal
  • Trois hommes, les mains liées, ont été découverts dans une fosse commune proche de Boutcha
  • Joe Biden demande au Congrès une rallonge budgétaire de 33 milliards de dollars pour livrer davantage d'aide militaire à Kiev
  • La France annonce aussi "renforcer" ses envois de matériel militaire à l'Ukraine
  • En visite surprise à Kiev, Nancy Pelosi affiche la solidarité "sans équivoque" des Etats-Unis
  • Rafael Nadal apporte son soutien aux joueurs russes et bélarusses
  • Des frappes font huit morts dans les régions de Donetsk et Kharkiv

Quelques heures plus tôt, l'agence officielle russe Tass avait annoncé qu'un groupe de 25 civils, dont six enfants, avait pu sortir d'Azovstal, où sont terrés selon Kiev des centaines de militaires et de civils ukrainiens dans des galeries souterraines datant de l'époque soviétique. "Le régiment Azov continue de déblayer les décombres pour en sortir des civils. Nous espérons que ce processus va se poursuivre et que nous réussirons à évacuer tous les civils", a aussi avancé Sviatoslav Palamar.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky l'a évoqué dans son adresse vidéo de samedi soir en disant : "Nous faisons tout pour que la mission d'évacuation de Marioupol soit menée à bien". Selon de nouvelles images satellite de Maxar Technologies prises le 29 avril, presque tous les bâtiments d'Azovstal ont été détruits.

Des frappes font huit morts dans les secteurs de Donetsk et Kharkiv

Huit civils ont été tués dimanche 1er mai dans des bombardements sur les régions de Kharkiv et Donetsk, dont quatre dans la seule ville de Lyman, proche du front et sous la menace directe de l'avancée russe, ont annoncé les gouverneurs régionaux.

"Bombardements russes dans la région de Donetsk : quatre civils tués, tous de Lyman", a indiqué sur Telegram le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, ajoutant que sept civils avaient été blessés dans cette ville d'où l'armée ukrainienne a récemment dû se replier. Il a ajouté qu'un civil était mort des suites de blessures à Bakhmout, une ville plus éloignée du front, et quatre blessés en diverses localisations de l'est de l'Ukraine.

Evacuation de l'usine Azovstal à Marioupol

L'évacuation de l'usine Azovstal à Marioupol, port assiégé dans le sud-est de l'Ukraine, "a commencé" et une centaine de civils se dirigent vers "le territoire contrôlé par l'Ukraine", a annoncé dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

"L'évacuation de civils depuis Azovstal a commencé. Un premier groupe d'environ 100 personnes se dirige vers le territoire contrôlé (par l'Ukraine). Demain on va les accueillir à Zaporijjia", a écrit sur Twitter le président ukrainien.

Incendie au sein des locaux du ministère de la Défense russe

Un incendie s'est déclaré dans des locaux appartenant au ministère de la Défense dans la région de Belgorod, près de la frontière avec l'Ukraine, selon son gouverneur, faisant un blessé.

"À la frontière de trois municipalités - les régions de Borissov et Belgorod et le district urbain de Iakovlevski - un incendie s'est déclaré sur le territoire de l'un des objets du ministère de la Défense", a déclaré sur Telegram le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov. Un peu plus tard, il a annoncé qu'une personne avait été blessée légèrement, assurant que les services de secours étaient à l'oeuvre sur place.

Nancy Pelosi affiche la solidarité "sans équivoque" des Etats-Unis

La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a affiché la solidarité "sans équivoque" des Etats-Unis avec l'Ukraine, au lendemain d'une visite surprise à Kiev, annoncée dimanche, où elle s'est entretenue avec le président Volodymyr Zelensky. "Notre délégation s'est rendue à Kiev pour envoyer un message sans équivoque et retentissant au monde entier: les Etats-Unis sont aux côtés de l'Ukraine", selon un communiqué de la délégation américaine qui s'est ensuite rendue en Pologne.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, en visite à Kiev jeudi, a assuré de son côté que l'organisation faisait "tout son possible" pour évacuer les civils coincés dans "l'apocalypse" de Marioupol, qui comptait un demi-million de personnes avant l'invasion russe lancée fin février.

La prise totale de cette ville permettrait à Moscou de faire la jonction entre les territoires conquis dans le sud, notamment la péninsule de Crimée annexée en 2014, jusqu'aux républiques séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk, à l'est. C'est justement dans ce flanc oriental que l'armée russe, numériquement supérieure à son adversaire ukrainien et mieux dotée en artillerie, grignote du terrain, en cherchant à le prendre en étau depuis le nord et le sud afin de compléter son emprise sur le Donbass.

"Il faut visualiser un échiquier"

Il s'agit de la "deuxième phase" de "l'opération militaire spéciale" lancée le 24 février par la président russe Vladimir Poutine, après le retrait des forces russes du nord de l'Ukraine et de la région de Kiev, mises en échec.

"Ce n'est pas comme en 2014, il n'y a pas un front défini le long d'un axe", explique Iryna Rybakova, officier de presse de la 93e brigade des forces ukrainiennes, en référence à la guerre qui a opposé Kiev à des séparatistes prorusses dans cette région il y a huit ans et n'a jamais totalement cessé.

"C'est un village à eux, un village à nous : il faut plutôt visualiser un échiquier", poursuit la militaire. Et après deux semaines d'assaut russe, "nous ne sommes pour le moment pas en capacité de faire reculer l'ennemi".

La star du tennis Rafael Nadal prend position

Rafael Nadal a estimé que l'exclusion du tournoi de Wimbledon des joueurs et joueuses russes et bélarusses en réaction à l'invasion de l'Ukraine était une décision "très injuste", dimanche avant le tournoi de Madrid. "C'est très injuste", a considéré Nadal, devenu seul le joueur le plus sacré en Grand Chelem avec un 21e trophée gagné en Australie en début d'année.

"Ils ne peuvent pas faire grand-chose, si ? En quoi c'est de leur faute ce qui se passe en ce moment, la guerre ?, a demandé l'Espagnol de 35 ans. Je suis vraiment désolé pour eux." "C'est très injuste pour eux, mais malheureusement, je dirais qu'actuellement, si c'est très compliqué pour ces joueurs, ce qui se passe est tellement malheureux que finalement ce qui arrive dans notre sport n'a pratiquement aucune importance quand il y a tellement de gens qui meurent et qui souffrent", a souligné l'ex-N.1 mondial.

Les quartiers nord-est de Kharkiv quotidiennement frappés 

Le président Zelensky a alerté samedi sur le fait que les Russes "ont constitué des renforts dans la région de Kharkiv, essayant d'augmenter la pression dans le Donbass".

Parallèlement, un haut responsable militaire ukrainien a dit samedi soir avoir informé le chef d'état-major de l'armée américaine Mark A. Milley de "la situation difficile dans l'est de notre pays, notamment dans les régions d'Izioum et de Sieverodonetsk, où l'ennemi a concentré l'essentiel de ses efforts et ses troupes les plus préparées au combat", deux villes situées à peu près dans l'axe Kharkiv-Lougansk.

"Malgré la complexité de la situation, nous assurons la défense, maintenons les lignes de front et les positions occupées", a toutefois affirmé le général Valery Zaloujny sur la page Facebook de l'état-major militaire ukrainien.

Les quartiers nord-est de Kharkiv, deuxième ville du pays avec près de 1,5 million d'habitants avant la guerre, sont quotidiennement frappés par des roquettes russes, causant la mort de civils. 

Des civils sans nourriture pendant deux mois

Mais la situation est parfois mouvante : Rouska Lozova, un village de quelques milliers d'habitants, situé à une vingtaine de kilomètres de cette métropole, a été repris vendredi par les forces ukrainiennes après deux mois sous occupation russe. "Nous sommes restés dans les sous-sols sans nourriture pendant deux mois, nous mangions ce que nous avions", a dit à l'AFP un habitant de 40 ans, les yeux rougis de fatigue.

Côté armement, au milieu des grandes plaines vallonnées et des cités industrielles, le face à face se fait essentiellement à l'artillerie, "Déesse de la guerre" selon l'expression consacrée par Staline.

Johnson veut "renforcer l'Ukraine"

Mais le rapport de force reste extrêmement favorable aux Russes, jusqu'à "cinq fois supérieur en termes d'équipement" selon Iryna Terehovytch, sergent de la 123e brigade ukrainienne.

Le soutien occidental représente dès lors un enjeu considérable, avec les Etats-Unis en pointe : leur président Joe Biden a demandé cette semaine au Congrès une colossale rallonge budgétaire de 33 milliards de dollars pour principalement livrer davantage d'aide militaire à Kiev.

Londres aussi affiche son aide. "Je me suis entretenu avec le président Zelensky pour présenter la manière dont le Royaume-Uni continuera à fournir une aide militaire et humanitaire pour donner aux Ukrainiens l'équipement dont ils ont besoin pour se défendre. Je suis plus déterminé que jamais à renforcer l'Ukraine et à faire en sorte que Poutine échoue", a tweeté le Premier ministre britannique Boris Johnson samedi soir.

Un peu plus tôt, Emmanuel Macron avait dit au téléphone à son homologue ukrainien que la France allait "renforcer" ses envois de matériel militaire à l'Ukraine - notamment des canons longue portée - pour en "rétablir la souveraineté et l'intégrité territoriale".

Le président français avait aussi dit que se poursuivrait "la mission d'experts français contribuant au recueil de preuves pour (...) permettre le travail de la justice internationale relatif aux crimes commis dans le cadre de l'agression russe".

Cela faisait suite à l'annonce samedi par la police de la région de Kiev de la découverte la veille de trois corps dans une fosse commune de Myrotske, un village proche de Boutcha, petite ville devenue le symbole des atrocités imputées à la Russie. Les trois hommes "avaient les mains liées, des vêtements autour du visage pour qu'ils ne voient rien et certains avaient des bâillons dans la bouche", selon la description faite par la police locale.

M. Zelensky avait chiffré vendredi à 900 le nombre de corps découverts dans la zone de Boutcha, et le parquet ukrainien a d'ores et déjà annoncé l'inculpation de dix soldats russes et le recensement de plus de 8.000 crimes de guerre en Ukraine.

Antonio Guterres, qui s'est rendu à Boutcha jeudi, a exhorté Moscou à coopérer avec l'enquête de la Cour pénale internationale. Mais Moscou a nié toute responsabilité et parlé d'une "mise en scène". L'armée russe a par ailleurs frappé Kiev alors que le chef de l'ONU s'y trouvait, tuant une journaliste et déclenchant un concert de protestations internationales.