femmes djihadistes camp al-hol kurde syrie 2:30
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Didier François , modifié à
Une délégation parlementaire française voudrait entrer en Syrie pour y rencontrer les femmes djihadistes détenues par les Kurdes. Un voyage organisé par les avocats d’une dizaine d'entre elles, qui ont entamé une grève de la faim pour réclamer leur retour en France, ce que notre chroniqueur Didier François qualifie de "moyen de chantage".
EDITO

Une dizaine de femmes qui avaient rejoint l'État islamique en Syrie ont débuté fin février une grève de la faim, afin de réclamer leur retour en France. Une délégation de parlementaires français devrait bientôt rencontrer ces djihadistes détenues par les Kurdes et visiter leurs camps, un voyage organisé par les avocats d’une dizaine d'entre elles. Pour Didier François, il ne faut pas oublier "qu'elles ont apporté volontairement leur soutien jusqu’à son dernier jour" au califat.

Conditions de détention déplorables

"C'est un peu le point d’orgue d’une campagne conçue pour faire pression sur le président de la République, et dont l’objectif est clairement d’obtenir le rapatriement des femmes djihadistes d’origine française détenues au Kurdistan syrien, depuis la chute de l’État islamique en février 2019.

L’argument principal mis en avant par les avocats et par les familles étant évidemment les conditions de détention extrêmement rustiques que subissent depuis trois ans les quelques 120 Françaises et leurs 300 enfants dans les camps d’Al-Hol et de Roj, qui sont loin d’être des lieux de villégiature. Les accès à l’eau, aux soins, parfois à la nourriture sont limités, les hivers sont rudes, les étés sont chauds.

Mais ce qu’oublient systématiquement de rappeler leurs défenseurs, c’est que c’était déjà le cas lorsqu’elles ont décidé de rejoindre Daesh sans que personne d’ailleurs ne les y force. Elles se sont accommodées, sans jamais s’en plaindre à l’époque, des bombardements et des exactions commis pendant cinq ans par ce Califat auquel elles ont apporté volontairement leur soutien jusqu’à son dernier jour.

Elles n’ont jamais condamné - bien au contraire - le massacre des chiites, l’esclavage de yézidis, la crucifixion des chrétiens, les défenestrations d’homosexuels ou les attentats du Bataclan, qu’elles ont procréé volontairement pour regarnir les rangs djihadistes et que leurs enfants étaient envoyés dès le plus jeune âge se former dans les camps militaires des Lionceaux du Califat. Certains étant même présents au cours des séances de torture d’otages ou de prisonniers menés par leurs pères.

Les enfants "victimes" d'un "chantage" ?

Ces enfants sont pourtant des victimes, de leurs mères en particulier qui se servent d’eux comme d’un moyen de chantage pour obtenir leur sortie des camps kurdes, en refusant de signer les papiers qui permettraient de rapatrier légalement leurs enfants. Car c’est ce que fait le gouvernement français : 35 orphelins ont déjà été pris en charge et placés dans des structures spécialisées, car il est évidemment hors de question de laisser ces enfants traumatisés à la seule garde de leurs grands-parents.

Il y a donc une sorte d’indécence à vouloir faire passer ces djihadistes grévistes de la faim pour des victimes du système démocratique et à tenter de faire oublier leurs crimes. Cela peut à la limite se comprendre de la part des avocats, c’est leur rôle, mais ça l’est quand même beaucoup moins de la part des élus de la République qui les accompagnent dans cette démarche."