États-Unis : près de 4 ans de prison pour Paul Manafort, l'ex-directeur de campagne de Trump

Paul Manafort, juin 2018 crédit : BRENDAN SMIALOWSKI / AFP - 1280
Reconnu coupable de fraudes fiscales et bancaires, Paul Manafort a été condamné jeudi à près de 4 ans de prison. © BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
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avec AFP , modifié à
L'ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a été condamné jeudi à 47 mois de prison pour des fraudes fiscales et bancaires, une peine bien plus clémente que les réquisitions du ministère de la Justice qui réclamait jusqu'à 24 ans de réclusion.

L'ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a été condamné jeudi à près de quatre ans de prison pour des fraudes fiscales et bancaires débusquées dans le cadre de la tentaculaire enquête russe.

Des "délits graves". L'ancien lobbyiste de 69 ans écope d'une peine nettement inférieure aux recommandations du ministère de la Justice, qui avaient suggéré d'imposer entre 19 et 24 ans de prison. Paul Manafort a "commis des délits graves", a déclaré le juge T.S. Ellis, qui a fixé la sentence de 47 mois dans un tribunal fédéral d'Alexandria, en banlieue de Washington. Prenant en compte la jurisprudence "remarquablement légère" dans les affaires de fraude fiscale, le magistrat a justifié son apparente clémence par son désir "d'éviter des disparités" avec d'autres dossiers similaires.

"Aucune preuve de collusion", selon l'avocat de Manafort. "Ce que vous avez vu aujourd'hui confirme ce que nous disons depuis le premier jour : il n'y a absolument aucune preuve d'une collusion entre Paul Manafort et le gouvernement russe", a déclaré à la sortie du tribunal Kevin Downing, l'avocat du condamné. 

L'équipe du procureur spécial Robert Mueller, en charge d'établir s'il y eu collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump lors de la présidentielle de 2016, n'a pas commenté une décision qui va largement en deçà de ses préconisations. Il avait demandé une peine significative en relevant que Paul Manafort avait "tenté de reporter sa faute sur les autres", n'avait pas exprimé de remords et continué à mentir.

Une dissimulation de 55 millions de dollars. Le procureur Mueller s'est naturellement intéressé à Paul Manafort, qui a dirigé pendant deux mois la campagne du candidat républicain, mais a aussi au cours de sa carrière entretenu des relations d'affaires avec des Ukrainiens proches de Moscou. Dans le cadre de son enquête, l'ancien chef du FBI a découvert que Paul Manafort avait, avant 2016, dissimulé au fisc plus de 55 millions de dollars (soit près de 50 millions d'euros) sur une trentaine de comptes à l'étranger. Il a également établi que le consultant avait trompé des banques sur ses finances pour obtenir des prêts. Ce sont ces fraudes qui ont été jugées cet été à Alexandria devant un jury populaire qui l'avait reconnu coupable de huit chefs d'accusation.

 

Une autre affaire de conseil de l'ancien président ukrainien. Dans le cadre de ses investigations, le procureur Mueller a aussi démontré que Paul Manafort avait dissimulé ses activités de conseil pour l'ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch, soutenu par Moscou, en infraction des règles encadrant les activités de lobbying. C'est ce volet qui fait l'objet d'une procédure distincte devant un tribunal fédéral de Washington. Dans ce dossier, Paul Manafort a accepté en septembre de plaider coupable et de coopérer avec Robert Mueller dans l'espoir d'une peine amoindrie. Il sera fixé mercredi sur sa seconde peine.

Mais, selon la justice, il n'a pas tenu ses engagements et a continué à mentir aux enquêteurs, notamment sur ses liens avec un ancien associé, Konstantin Kilimnik, soupçonné par les États-Unis d'être lié aux services de renseignement russes. Il lui aurait notamment transmis des sondages électoraux pendant la campagne présidentielle.