Au chômage, une Américaine accuse sa fac d'avoir gonflé les statistiques d'embauche

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Anna Alaburda attaque l’université de droit Thomas Jefferson de San Diego, en Californie. C'est la première fois que la plainte d'un étudiant débouche sur un procès.

Il y a presque dix ans, Anna Alaburda était diplômée de l’université de droit Thomas Jefferson de San Diego, en Californie. Elle figurait même dans le premier tiers des élèves de sa promo. Quelques mois après, elle passait avec succès le barreau.  Bref, tout la prédestinait à un très bel avenir dans le milieu des avocats. Et pourtant, la jeune femme n’a jamais trouvé de travail.

Pour elle, l’université de San Diego, à laquelle elle a versé  150.000 dollars de frais de scolarité (un peu plus de 136.000 euros), a menti sur le taux d’embauche de ses étudiants. L’établissement se targuait, en 2011, de voir 92.1% de ses diplômés embauchés à temps plein. Des chiffres gonflés, selon l’ancienne étudiante qui a donc porté plainte contre l’institution cette même année.

Enfin un procès. Mais il lui aura fallu attendre cinq ans pour que cette plainte débouche sur un procès. Le tout premier du genre et qui s’est ouvert mardi en Californie. Si d’autres étudiants se sont déjà retournés contre leur université, aux Etats-Unis, pour les mêmes motifs, le juge en charge d’examiner le dossier avait toujours estimé que l’étudiant connaissait l’état du marché du travail lorsqu’il a embrassé la voie du droit.

Dans le cas d’Anna Alaburda, un juge californien a considéré que la plainte était recevable. “Cela a pris cinq ans”, a souligné l’avocat de l’ancienne étudiante au New York Times, qui relate l’affaire. "Et ce sera la première fois qu’une fac va devoir s’expliquer sur ses chiffres d’embauche", a-t-il ajouté. La jeune femme estime qu’elle ne se serait jamais inscrite à l’université Thomas Jefferson s’i elle avait connu la véritable situation des jeunes diplômés.

Un autre dossier en cours. Une autre plainte de même nature est toujours en cours d’examen en appel. Il s’agit d’un étudiant diplômé de la Widener University School of Law, dans le Delaware. L’ancien élève reproche à l’université d’avoir publié un taux d’embauche prenant en compte des emplois n’ayant aucun rapport avec le droit.

Depuis quelques années, l’association du barreau américain – American bar association – s’intéresse à la transparence des chiffres d’embauche avancés par les universités de droit du pays. Elle leur a, d’ailleurs, demandé d’apporter des précisions sur les pourcentages publiés.

Des chiffres lourds de conséquences pour les étudiants américains qui s’endettent pour pouvoir payer les frais de scolarité très élevés. Il est donc impératif pour eux d’avoir un retour sur investissement avec un emploi bien rémunéré à la sortie. Anna Alaburda, qui n’a jamais trouvé d’emploi à temps plein depuis qu’elle est diplômée, doit aujourd’hui rembourser un emprunt à 8% de taux d’intérêt. Sa dette s’élève déjà à 170.000 dollars (154.000 euros). Elle en réclame 125.000  (113.000 euros) à l’université de San Diego, de dommages et intérêts.