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avec Henry de Laguérie et AFP
Une jeune femme de 32 ans, travaillant dans une usine près de Madrid, s'est donnée la mort par pendaison après qu'une vidéo à caractère sexuel a été diffusée auprès de ses collègues. 

L'affaire provoque une véritable onde de choc en Espagne. La police a annoncé mercredi enquêter sur le suicide d'une jeune femme après la diffusion d'une vidéo à caractère sexuel qui aurait été vue par des centaines de ses collègues au sein d'une usine de camions Iveco. "Une femme s'est suicidée le 25 mai chez elle, la police nationale d'Alcala de Henares (près de Madrid) enquête pour vérifier si un délit contre son intimité et son honneur a été commis", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police.

Une vidéo exhumée par un ex ? 

Selon différents médias espagnols, une vidéo intime tournée il y a cinq ans, dans laquelle apparaissait la jeune femme, Verónica, âgée de 32 ans, a récemment été diffusée sur les téléphones de ses collègues via WhatsApp et a été vue par une grande part des 2.500 employés de l'usine Iveco de San Fernando de Henares, près de Madrid. Cette vidéo avait été tournée avec un autre employé de l'usine, avant que la victime ne fasse la connaissance de son mari et n'ait deux enfants. Un ex sans doute pris de jalousie qui a exhumé cet enregistrement. 

Durant une dizaine de jours, alors que la vidéo circule, la situation au travail devient vite intenable pour Verónica, qui doit subir les regards, les rires et les moqueries de ses collègues. A bout, elle finit par alerter le Comité d'entreprise et les syndicats, sans succès. Jusqu'à se donner la mort par pendaison samedi dernier. "Il y avait des regards, des gens qui allaient la voir à son poste de travail pour savoir qui était la collègue (apparaissant sur la vidéo), elle a souffert d'une grande pression", a déclaré à la chaîne La Sexta Ivan Cancho, l'un de ses collègues, membre du syndicat CGT. 

Des responsabilités partagées 

"L'entreprise, qui depuis le 23 mai savait que la femme était harcelée par un collègue, n'a rien fait pour l'éviter", a accusé le syndicat Commissions ouvrières (CCOO), auquel la jeune femme était affiliée. Le syndicat considère que les faits relèvent du harcèlement sexuel et a annoncé qu'il porterait plainte devant l'inspection du travail pour dénoncer "l'inaction de l'entreprise". De son côté, le Comité d'entreprise a estimé que, "dans ce cas, les responsabilités sont partagées et devront être établies".

Mercredi, alors qu'une minute de silence a été observée à l'usine, beaucoup de ses collègues ne devaient pas avoir la conscience tranquille. La justice vient d'ouvrir une enquête, et les personnes qui ont diffusé et relayé cette vidéo seront certainement poursuivies. Le Code pénal espagnol prévoit une peine de trois mois à un an de prison en cas de diffusion d'enregistrements audiovisuels d'une personne sans son autorisation, "quand cette divulgation porte gravement atteinte à l'intimité de cette personne".