Pour Angela Merkel, jusqu'au 26 mai au moins, Emmanuel Macron est un adversaire. 1:46
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Dans une interview à la presse allemande jeudi, la chancelière Angela Merkel reconnait des "confrontations" avec le président Emmanuel Macron, exposant au grand jour le tour glacial qu'a pris ces derniers mois la relation franco-allemande. 

Est-ce un coup de froid sur les relations franco-allemandes, ou juste un moyen de crever l’abcès pour partir sur de nouvelles bases ? Dans une interview à la presse allemande ce matin, la chancelière Angela Merkel reconnait avoir des confrontations avec le président Emmanuel Macron, évoquant des "différences de mentalités" dans leur "compréhension des rôles". Du côté de l’Elysée, on tempère, le président parlant de "confrontation féconde". Mais la réalité, c’est que cela fait des mois que l’ambiance est glaciale entre Paris et Berlin.

"Un rendez-vous avec l'histoire que nous gâchons chaque jour davantage"

Chez les conservateurs allemands à la CDU, on parle désormais ouvertement de "rendez-vous raté" entre Merkel et Macron. "Un rendez-vous avec l'histoire que nous gâchons chaque jour davantage". Ce sont les mots exacts d'un élu de haut rang dans la famille politique de la chancelière. Et ça commence à se voir. Lors du dernier sommet européen, à Sibiu, en Roumanie, les deux dirigeants se sont évités. Dix jours avant, à Berlin, devant leurs homologues des pays des Balkans, ils ont même ouvertement exposé leurs divergences. On n'avait pas vu ça depuis l'an 2000 et le sommet tendu entre Jacques Chirac et Gerhard Schröder. 

On savait qu'il y avait des différences de point de vue, mais au moins pour l'image, Berlin et Paris maintenaient une certaine harmonie. Une façade que la campagne électorale pour les européennes a fait voler en éclat. Pour Angela Merkel, jusqu'au 26 mai au moins, Emmanuel Macron est un adversaire - "notre adversaire principal", disent même certains, qui ont peur qu'il dynamite le paysage politique européen. La droite allemande ne veut pas se laisser faire, et répond aussi par provocation, comme par exemple quand elle demande de retirer le parlement européen à la ville de Strasbourg, quitte à saboter la relation de confiance historique entre les deux pays.