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Matthieu Bock, édité par Ugo Pascolo avec AFP
D'après les satellites du programme spatial européen de surveillance de la Terre Copernicus, les fumées des incendies qui ravagent la côte ouest des États-Unis depuis la mi-août ont parcouru les 10.000 kilomètres qui les séparent de l'Europe. Dès ce mercredi la lumière du coucher de soleil devrait donc tirer plus que d'habitude vers le rouge. 

Des incendies à l'autre bout de la planète peuvent changer la couleur du coucher de soleil en France. Depuis environ un mois, l'Ouest des États-Unis est ravagé par de nombreux incendies d'une intensité inédite. Ces flammes, qui ont déjà ôté la vie de 35 personnes, ont réduit en cendres plus de deux millions d'hectares depuis la mi-août, dégageant de fait d'importantes et épaisses fumées. Et d'après les satellites du programme spatial européen de surveillance de la Terre Copernicus, ces fumées ont d'ores et déjà parcouru les 10.000 kilomètres qui les séparent de l'Europe et de la France. Rejetant au passage dans l'atmosphère "bien plus de carbone en 2020 qu'aucune autre année depuis 2003, soit quelques 29 mégatonnes".

"Un petit changement de couleur dans le rouge"

Poussées par des vents à une altitude de 5.000 à 6.000 mètres, ces fumées ont atteint l'Angleterre, la France, l'Espagne, mais aussi le Portugal, l'Allemagne et certains pays de l'Europe de l'Est. Si elles sont trop hautes dans l'atmosphère pour représenter un danger pour l'homme, elles seront toutefois visibles dès ce mercredi soir. "On prévoit des modifications de la lumière au coucher du soleil, ses rayons traversant cette couche de particules fines peuvent être modifiés", explique au micro d'Europe 1 Mauro Facchini, responsable du programme Copernicus. D'après lui, il faut donc concrètement s'attendre à "un petit changement de couleur dans le rouge par rapport à la normale".

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Une vue du déplacement des fumées. Crédit : CAMS (Copernicus Atmosphere Monitoring Service) and ECMWF

80 fois la surface de Paris ravagée en 2020

Mais ce qui inquiète le plus ce spécialiste, c'est surtout que ce phénomène est révélateur "de la fréquence et de la puissance exceptionnelle de ces feux par rapport aux années précédentes". Selon le consensus scientifique, c'est lié au dérèglement climatique, qui aggrave une sécheresse chronique et provoque des conditions météorologiques extrêmes. Rien qu'en Californie, le feu a ravagé cette année plus de 8.000 km², soit près de 80 fois la surface de Paris, un record depuis 1987. Le président Donald Trump a récemment réfuté tout lien entre les incendies et la crise climatique, suscitant une nouvelle polémique aux États-Unis.