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avec AFP/ Crédits photo : YOUSSEF ALZANOUN / MIDDLE EAST IMAGES / MIDDLE EAST IMAGES VIA AFP , modifié à
Au 20e jour de la guerre entre Israël et le Hamas, Israël a mené des "opérations ciblées" avec des tanks dans le nord de la bande de Gaza, dans la nuit de mercredi à jeudi, a indiqué l'armée israélienne. Les soldats "ont quitté la zone" après la fin de l'opération indique un communiqué du porte-parole militaire. Le Quai d'Orsay annonce également que 35 Français sont morts dans l'attaque du Hamas.

Israël a annoncé jeudi être entré avec des chars dans la bande de Gaza, pour "préparer le champ de bataille" d'une offensive terrestre, au 20e jour de sa guerre contre le Hamas qui a fait plus de 7.000 morts à Gaza, selon le Hamas. Cette probable opération, évoquée à maintes reprises depuis l'attaque meurtrière sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, inquiète une grande partie de la communauté internationale. Celle-ci redoute un nombre important de victimes civiles dans ce petit territoire densément peuplé où s'entassent quelque 2,4 millions d'habitants.

L'attaque sanglante menée par le Hamas en Israël le 7 octobre et les représailles de l'armée israélienne dans la bande de Gaza ont fait jusqu'ici plus de 1.400 morts en Israël, selon les autorités, et plus de 7.000, dont près de 3.000 enfants, dans le territoire palestinien, selon le Hamas. D'après un nouveau bilan du Quai d'Orsay, 35 Français font partie des victimes de cette attaque.

Les principales informations : 

- Selon un nouveau bilan du Quai d'Orsay, 35 Français sont morts dans l'attaque du Hamas

- Israël a mené des "opérations ciblées" avec des tanks dans le nord de la bande de Gaza, dans la nuit de mercredi à jeudi

- Emmanuel Macron va organiser "dans les prochaines semaines" un hommage pour les victimes françaises de l'attaque sans précédent menée par le Hamas en Israël.

- Neuf autres ressortissants français sont considérés comme "otages" aux mains du Hamas dans la bande de Gaza. 

Gaza : les dirigeants de l'UE réclament des "couloirs humanitaires" et des "pauses"

Les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, ont exprimé jeudi leur "inquiétude" concernant la dégradation de la situation humanitaire à Gaza, et appelé à la mise en place de "couloirs humanitaires" et de "pauses" pour répondre aux besoins humanitaires.

Dans une déclaration en 19 points, les Vingt-Sept soulignent par ailleurs que l'UE est favorable à l'organisation d'une "conférence internationale de paix" qui aurait lieu "prochainement".

35 Français sont morts dans l'attaque du Hamas

35 Français ont été tués dans les attaques du Hamas le 7 octobre contre Israël, et neuf sont portés disparus, selon un nouveau bilan jeudi du ministère des Affaires étrangères. "La France déplore le décès tragique de nouveaux ressortissants français, ce qui porte à 35 le bilan des victimes françaises dans les attaques terroristes menées par le Hamas contre Israël", indique le communiqué du Quai, précisant que sur les neuf disparus, "certains sont otages du Hamas".

Le Hamas "estime" que "près de 50 otages" israéliens ont été tués depuis le début des raids israéliens

La branche militaire du Hamas palestinien a "estimé" jeudi que "près de cinquante" otages israéliens détenus dans la bande de Gaza avaient été tués par des frappes israéliennes depuis le début de la guerre le 7 octobre.

"Les brigades Qassam estiment que le nombre d'otages sionistes qui ont été tués dans la bande de Gaza à cause des bombardements et des massacres sionistes, a atteint près de cinquante", a indiqué le groupe islamiste palestinien dans un message sur Telegram, une affirmation qui n'a pas pu être vérifiée de source indépendante.

Un raid ciblé de l'armée israélienne dans la nuit de mercredi à jeudi

"Durant la nuit, l'armée a mené un raid ciblé avec des chars dans le nord de la bande de Gaza, dans le cadre de ses préparatifs pour les prochaines étapes du combat", a indiqué jeudi matin un communiqué du porte-parole militaire. Les soldats "ont quitté la zone" à la fin de l'opération, a-t-il assuré. Des images en noir et blanc rendues publiques par l'armée israélienne montrent des véhicules blindés et des bulldozers passant au travers d'un grillage de protection, similaire à celui séparant Israël de la bande de Gaza.

Selon l'armée israélienne, durant leur incursion nocturne, les soldats "ont localisé et frappé de nombreux terroristes, leurs infrastructures et des positions de lancement de roquettes antichars, et opéré pour préparer le champ de bataille" avant une offensive terrestre confirmée la veille par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Et en prélude à cette opération, l'armée israélienne bombarde sans relâche depuis le 7 octobre la bande de Gaza, soumise aussi à "un siège total" qui la prive d'eau, de nourriture et d'électricité. Des images satellite publiées jeudi montrent l'ampleur des destructions à Gaza où des quartiers entiers ont été rasés par les bombes.

"On est à l'abri de rien" : le témoignage d'un Français bloqué à Gaza

Jeudi dans l'émission Pascal Praud et vous, tous les jours entre 11 heures et 13 heures sur Europe 1, un auditeur français originaire de Gaza, et revenu en septembre dernier, a expliqué qu'il était bloqué et qu'il redoutait les bombardements. "On est à l'abri de rien, ça peut tomber à tout moment", a-t-il affirmé au micro de Pascal Praud.

Une offensive terrestre serait une "erreur", avait estimé Macron

Une offensive terrestre s'annonce difficile dans ce territoire très densément peuplé, truffé de tunnels où le Hamas cache armes et membres, et en présence de plus de 200 otages. Le président français Emmanuel Macron a jugé mercredi, au Caire, qu'une telle opération, si elle devait être "massive", serait une "erreur". Son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi a, lui, appelé à éviter une "invasion terrestre de Gaza".

Aux Etats-Unis, le président Joe Biden a affirmé mercredi qu'Israël avait "le droit" et "la responsabilité" de se défendre, mais qu'il devait faire tout son possible "pour protéger les civils innocents". Lors de sa visite en Israël le 18 octobre, Joe Biden avait également averti son allié de ne pas répéter les "erreurs" commises par les Etats-Unis au lendemain du 11-Septembre.

"Quand la crise sera derrière nous, il faut qu'il y ait une vision de ce qui vient après. Et pour nous, cela doit passer par une solution à deux Etats", un Palestinien et un Israélien, a affirmé mercredi le président américain. Emmanuel Macron avait lui aussi appelé mercredi depuis Le Caire à "parvenir enfin à la solution de deux Etats". Joe Biden a toutefois assuré ne pas avoir "exigé" auprès de Benjamin Netanyahu qu'il retarde son éventuelle offensive jusqu'à la libération des otages aux mains du Hamas.

Quatre femmes otages ont été libérées depuis vendredi

Quelque 224 otages ont été emmenés à Gaza par les terroristes du Hamas, classé terroriste par les Etats-Unis, Israël et l'Union européenne, selon les derniers chiffres des autorités israéliennes rendus publics jeudi. Quatre femmes ont été libérées depuis vendredi soir. "Nous sommes malades d'angoisse, malades d'angoisse", répète à Paris, en France, Moran Betzer Tayar, une femme de 54 ans dont le neveu et son épouse ont été pris en otages au kibboutz Nirim, exhortant le Hamas à "faire preuve d'humanité".

Pour les États-Unis, un cessez-le-feu "à ce stade ne bénéficierait qu'au Hamas". La Maison Blanche a suggéré plutôt des "pauses" pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. Réunis en sommet jeudi à Bruxelles, les 27 pays de l'Union européenne vont débattre de cet appel à une pause humanitaire. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait appelé mardi à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" et condamné les "violations claires du droit humanitaire" dans le territoire palestinien, provoquant la colère d'Israël.

Seuls quelques dizaines de camions d'aide humanitaire sont arrivés à Gaza depuis le 21 octobre via l'Egypte, alors qu'au moins cent camions par jour seraient nécessaires, estime l'ONU. Cette dernière réclame d'urgence la livraison de carburant pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux, pomper et purifier l'eau. Ce qu'Israël exclut, affirmant que cela profiterait au Hamas. Selon Mohammed Abu Selmeya, le directeur de l'hôpital Shifa dans la ville de Gaza, le plus grand du territoire, "dix hôpitaux sont déjà hors service" et "plus de 90% des médicaments et des produits sont épuisés".

"Aucun endroit sûr"

Le Premier ministre israélien a reconnu mercredi qu'il devrait lui aussi "rendre des comptes", après cette attaque qui a sidéré le pays, mais "plus tard" après la guerre. Depuis le 15 octobre, l'armée israélienne appelle la population du nord de la bande de Gaza, où les bombardements sont les plus intenses, à évacuer vers le sud, et au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer depuis le début de la guerre, selon l'ONU.

Toutefois, les frappes continuent aussi de toucher le sud, où sont massés plusieurs centaines de milliers de civils. Jeudi, une adolescente a été sortie des décombres d'un immeuble de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Elle a été transportée à l'hôpital après 35 heures passées sous les décombres. "Aucun endroit n'est sûr à Gaza", a affirmé jeudi la coordinatrice des affaires humanitaires de l'ONU pour les territoires palestiniens, Lynn Hastings.

"J'ai survécu à cinq guerres et un million d'escalades", déclare Jawaher al-Aqraa, professeure d'anglais réfugiée chez son frère dans le camp de Deir el-Balah (centre). "Mais avec cette guerre, j'ai l'impression de ne faire qu'attendre mon tour pour mourir". Alors qu'une partie de la communauté internationale redoute un embrasement régional, l'armée israélienne a annoncé mercredi soir des frappes contre le Liban en réponse à un tir de missile sol-air. Plus tôt, elle avait dit avoir frappé des infrastructures militaires en Syrie après des tirs vers son territoire. La tension est très vive aussi en Cisjordanie occupée où plus de cent Palestiniens ont été tués dans des violences depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé.