Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 111e jour du conflit

Khan Younés - Gaza
© Ahmad Hasaballah / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
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Au 111e jour de la guerre entre Israël et le Hamas, des combats acharnés font rage dans le sud de la bande de Gaza, notamment à Khan Younès, devenue l'épicentre des combats. Le Hamas accuse Israël d'avoir tiré sur des civils qui étaient en attente d'aide humanitaire à Gaza. 

Allons-nous vers une nouvelle trêve entre Israël et le Hamas ? Les combats se poursuivent entre l'armée israélienne et les terroristes du Hamas notamment dans la ville de Khan Younès, qu'Israël indique avoir "encerclé" dans le sud de la bande de Gaza. Le gouvernement a également exigé l'évacuation d'un refuge des Nations Unies, dans lequel 12 personnes ont été tuées par des tirs. 

 

Les principales informations : 

  • Les combats continuent de faire rage entre l'armée israélienne et le Hamas dans la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza
  • Un 42e Français figure parmi les victimes de l'attaque du 7 octobre, annonce le ministère des Affaires étrangères 
  • Des tirs de chars contre un bâtiment de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens à Khan Younès ont fait au moins 12 morts et 75 blessés 
  • Des manifestants israéliens exhortent Benjamin Netanyahu à accepter une pause dans les combats, voire un cessez-le-feu
  • Le Hamas annonce un nouveau bilan de 25.900 morts depuis le début de la guerre

50 personnes tuées à Khan Younès dans les dernières 24 heures

Des combats acharnés opposent jeudi l'armée israélienne et les terroristes du Hamas, dans le sud de la bande de Gaza, notamment à Khan Younès, où des tirs meurtriers ont visé la veille un refuge de l'ONU abritant des personnes déplacées. Le Hamas a fait état jeudi de 50 tués durant les dernières 24 heures à Khan Younès, où l'armée israélienne a indiqué que ses tireurs d'élite avaient tué plusieurs "terroristes". L'aviation a visé des membres du Hamas dans le centre et le nord de Gaza et d'autres combattants ont été tués dans des "combats rapprochés", a ajouté l'armée dans un communiqué.

À Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, des images de l'AFPTV ont montré des tombes marquées par des pavés sur lesquels étaient écrits au feutre les noms des personnes enterrées, au milieu de rues jonchées de débris et de bâtiments portant l'impact de projectiles. "Cela ressemble à des tombes, mais ce ne sont pas de véritables tombes", a dit Ahmad Abdul Salam, un résident du camp de réfugiés d'Al-Maghazi, dans la ville. "Dans ces fosses communes, nous avons enterré des familles entières, qui ont été exterminées."

 

L'armée israélienne qui dit avoir "encerclé" Khan Younès, a appelé la population locale à partir à Rafah, plus au sud, à la frontière avec l'Égypte. Mais les combats rendent dangereux les transports vers cette région où se masse la majorité des 1,7 million de Palestiniens déjà déplacés par la guerre.

"Violation flagrante des règles fondamentales de la guerre"

Des tirs de chars contre un bâtiment de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Khan Younès ont fait mercredi au moins "12 morts et 75 blessés, dont 15 dans un état grave", selon un nouveau bilan annoncé jeudi par Thomas White, responsable de l'organisation à Gaza. Philippe Lazzarini, chef de l'Unrwa, a affirmé que le centre d'accueil était "clairement" identifié et que ses coordonnées avaient été "partagées avec les autorités israéliennes". Il a fustigé "une violation flagrante des règles fondamentales de la guerre".

L'armée israélienne a indiqué à l'AFP qu'un "examen" des opérations était en cours, mais qu'elle avait "exclu (...) une frappe aérienne ou d'artillerie", évoquant aussi "la possibilité" d'un tir du Hamas. Les États-Unis, premiers alliés d'Israël, ont dit "déplorer" ces tirs et appelé à ce que les sites de l'ONU à Gaza soient "protégés".

 

 

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine ont été libérées fin novembre lors d'une trêve en échange de prisonniers palestiniens. Selon le même décompte, 132 otages sont toujours dans le territoire, dont 28 seraient morts.

Israël a juré "d'anéantir" le Hamas et a lancé une vaste opération militaire qui a tué 25.900 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Benjamin Netanyahu juge "problématique" le rôle de médiateur du Qatar

À Gaza, la situation humanitaire continue de s'aggraver dans le territoire assiégé. "Nous sommes épuisés. Arrêtez ! Les deux parties doivent s'arrêter. Trop, c'est trop", se lamente Latifa Abou Rezk, venue pleurer sur la dépouille d'un proche dans un hôpital à Rafah. Mercredi soir, des manifestants israéliens ont bloqué une route de Tel-Aviv pour exhorter le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à accepter une pause dans les combats, voire un cessez-le-feu.

Le Qatar, l'Égypte et les États-Unis tentent actuellement une médiation pour parvenir à une nouvelle trêve, plus longue, à Gaza incluant la libération d'otages et de prisonniers. Mais dans un enregistrement obtenu par la chaîne israélienne 12, Benjamin Netanyahu a jugé "problématique" le rôle de médiateur du Qatar, pays qui accueille la direction politique du Hamas, organisation classée comme "terroriste" par Israël, les États-Unis et l'Union européenne.

 

 

"Je n'ai aucune illusion à leur égard. Ils ont des moyens de faire pression (sur le Hamas, ndlr). Et pourquoi ? Parce qu'ils les financent", a affirmé en hébreu Benjamin Netanyahu selon cet enregistrement. Jeudi, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, figure de l'extrême-droite, a repris les propos attribués au chef de son gouvernement en affirmant sur X: "Une chose est claire : le Qatar ne sera impliqué en aucune façon dans ce qui se passera à Gaza après la guerre."

Le Qatar s'est dit "consterné" par les déclarations attribuées à Benjamin Netanyahu, les accusant d'"entraver et saper le processus de médiation". Par ailleurs, le conflit exacerbe les tensions régionales, notamment au large du Yémen où les rebelles Houthis, proches de l'Iran, ont tiré mercredi des missiles contre deux navires américains, les forçant à rebrousser chemin.

Sur le front nord d'Israël, le mouvement libanais Hezbollah, soutenu aussi par l'Iran, a déclaré avoir attaqué les systèmes de défense aérienne israéliens avec des drones suicides. L'Agence nationale de presse libanaise a indiqué que des bombardements et des frappes aériennes israéliens avaient ciblé des villages situés près de la frontière avec Israël. Par ailleurs, l'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené des opérations dans plusieurs villes et villages de Cisjordanie occupée, où 16 personnes ont été arrêtées et un Palestinien a été tué.