Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 110e jour du conflit

khan younès
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avec AFP , modifié à
Au 110e jour de la guerre entre Israël et le Hamas, d'intenses combats font rage mercredi à Khan Younès, notamment près d'hôpitaux, dans cette ville du sud de la bande de Gaza devenue l'épicentre des combats entre l'armée israélienne et le Hamas.

Allons-nous vers une nouvelle trêve entre Israël et le Hamas ? L'armée israélienne continue de bombarder mercredi Khan Younès, une ville du sud de la bande de Gaza. Dans le même temps, des discussions interviennent en vue d'obtenir une pause dans la guerre. Ces discussions surviennent alors que l'armée israélienne a subi cette semaine sa plus lourde perte humaine quotidienne depuis le début de son offensive terrestre fin octobre dans le territoire palestinien, menacé "d'une famine imminente", selon l'ONU.

 

Les principales informations : 

  • Washington a revendiqué des frappes en Irak contre des sites tenus par des groupes pro-Iran
  • Benjamin Netanyahu s'oppose à tout "cessez-le-feu" et à la création d'un État palestinien indépendant aux côtés d'Israël
  • L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déploré une situation "catastrophique et indescriptible" dans les hôpitaux de Khan Younès
  • Des témoins ont rapporté des tirs d'hélicoptères militaires israéliens autour de Khan Younès

 

L'ordre d'évacuation

Après l'attaque, Israël a juré "d'anéantir" le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et a lancé une vaste opération militaire qui a tué 25.700 Palestiniens, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon un nouveau bilan mercredi du ministère de la Santé du Hamas.

L'armée israélienne a massivement bombardé le nord du territoire au début de la guerre, provoquant le déplacement de 1,7 million de personnes plus au sud, et concentre désormais ses opérations, notamment terrestres, sur le secteur de Khan Younès, qu'elle dit encercler et où se cachent selon elles des responsables du Hamas, organisation classée comme "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Quelque "88.000 habitants et environ 425.000 personnes déplacées" se trouvant dans plusieurs secteurs de Khan Younès ont été appelés mardi par Israël à les évacuer, selon l'ONU, mais les combats rendent extrêmement dangereux le moindre déplacement.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, les hôpitaux ont reçu 125 corps de personnes tuées durant la nuit dans la bande de Gaza, le gouvernement du Hamas parlant lui de "plus de 200 morts". Le Hamas a accusé Israël de vouloir déplacer de force "des dizaines de milliers de personnes" de Khan Younès à Rafah, à la frontière avec l'Egypte.

Parmi les secteurs à évacuer figurent notamment trois hôpitaux, dont celui de Nasser, encerclé par des dizaines de chars "de tous les côtés" sauf un "couloir" pour que les gens puissent partir, selon le bureau des médias du Hamas.

Cette source a parlé de "violentes frappes à proximité", et le ministère de la Santé a mis en garde contre des "répercussions désastreuses" si les forces israéliennes menaient un raid contre cet établissement, le plus grand du sud du territoire. "Des milliers de déplacés dans les hôpitaux Nasser et Al-Amal ont été contraints de partir pendant la nuit et ce matin pour Rafah", a dit le bureau du Hamas.

Une situation "indescriptible" déploré l'OMS

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déploré mercredi une situation "catastrophique et indescriptible" dans les hôpitaux de Khan Younès. Des images diffusées par l'armée israélienne montrent ce qu'elle affirme être des affrontements avec des combattants palestiniens, un tunnel et une installation servant à la fabrication de roquettes à Khan Younès, dans un "bastion" du Hamas, organisation classée comme "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre lors d'une trêve en échange de prisonniers palestiniens. Selon le même décompte, 132 otages sont toujours dans le territoire, dont 28 seraient morts. Après l'attaque, Israël a juré "d'anéantir" le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et a lancé une vaste opération militaire qui a tué 25.490 Palestiniens, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire, où s'est concentrée l'opération israélienne les premières semaines, des Palestiniens, marchaient à travers les débris et les gravats de bâtiments détruits comme Oum Dahud al-Kafarna. "J'ai quitté ma maison depuis le premier jour de la guerre (...) Mes nièces ont été gravement blessées (...) leurs jambes amputées. C'est tragique", a-t-elle dit, implorant les soldats israéliens de faire preuve de "compassion".

L'armée israélienne a, elle, annoncé mardi la mort de 21 réservistes dans l'effondrement la veille de deux bâtiments où ils étaient en train de poser des explosifs dans le secteur de Khan Younès, après un tir de roquette contre un char proche. Avec la mort de trois autres soldats dans un incident séparé, il s'agit de la perte quotidienne la plus lourde pour l'armée depuis le début, fin octobre, de son offensive terrestre dans la bande de Gaza, portant le bilan total des militaires tués à 221. À Jérusalem, des centaines de personnes ont assisté mardi aux funérailles de plusieurs de ces soldats à Jérusalem et Tel-Aviv.

Benjamin Netanyahu à la création d'un État palestinien indépendant aux côtés d'Israël

Sur le plan diplomatique, une délégation du Hamas est arrivée mardi au Caire pour "discuter avec le chef de renseignements égyptiens d'une nouvelle proposition de cessez-le-feu", selon une source proche des pourparlers. Dans le même temps, Brett McGurk, conseiller du président américain Joe Biden pour le Moyen-Orient, se trouvait au Caire pour discuter d'une "pause" dans les hostilités et de la libération les otages, selon Washington. "Je ne peux pas vous dire si et quand nous pourrons y arriver, mais les conversations sont très (...) sérieuses pour essayer de mettre en place un autre accord sur les otages", a déclaré à Washington John Kirby, un porte-parole de la Maison Blanche. Il n'a pas voulu donner plus de précisions sur la durée que pourrait avoir cette "pause" dans les combats.

Jusqu'à présent, le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'oppose à tout "cessez-le-feu" et à la création, à plus longue échéance, d'un État palestinien indépendant aux côtés d'Israël. Ce rejet d'une solution à deux États est "inacceptable" et risque de "prolonger le conflit", a prévenu mardi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

La guerre exacerbe les tensions régionales

D'autant que cette guerre exacerbe déjà les tensions régionales entre d'un côté Israël, et son allié américain, et de l'autre l'Iran et ses soutiens comme le Hezbollah libanais, les Houthis yémémites et des milices irakiennes. 

Tôt mercredi, Washington a revendiqué des frappes en Irak contre des sites tenus par des groupes pro-Iran en "réponse" à des attaques menées par "des milices parrainées" par Téhéran contre des militaires américains. Les frappes ont fait deux morts selon des sources irakiennes. Les Etats-Unis ont aussi mené mercredi deux nouvelles frappes au Yémen contre les rebelles Houthis qui menacent le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, en "solidarité" avec Gaza.