Attaque du Hamas contre Israël : ce qu'il faut retenir au 17e jour du conflit

Otages Gaza/Israël
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avec AFP / Crédit photo : SAID KHATIB / AFP , modifié à
Au 17e jour du conflit entre le Hamas et Israël, des bombardements israéliens ont touché dimanche des dizaines de Palestiniens dont des enfants dans la bande Gaza. Dans l'après-midi, la Première ministre Élisabeth Borne a appelé à une "trêve humanitaire" qui "pourra mener à un cessez-le-feu". Europe 1 fait le point sur la situation.

Israël a intensifié lundi ses frappes sur la bande de Gaza en état de siège, où la situation humanitaire "catastrophique", au 17e jour de la guerre déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien, favorise les appels à une trêve des combats. L'armée israélienne, qui bombarde sans répit la bande de Gaza depuis le 7 octobre en riposte à cette attaque et promet "d'anéantir" le Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien, a intensifié ses bombardements en prélude à une probable intervention terrestre.

Cette perspective inquiète la communauté internationale qui redoute un embrasement du conflit. L'Iran, allié du Hamas, a averti dimanche que la situation risquait de devenir "incontrôlable" au Moyen-Orient, transformé en une "poudrière". Les États-Unis ont parallèlement renforcé leur présence militaire dans la région.

Les principales informations :

  • Des dizaines de Palestiniens dont des enfants ont été tués dans la bande de Gaza dimanche dans des raids intenses israéliens.
  • Face au risque d'un embrasement régional, le président américain Joe Biden a discuté au téléphone avec les dirigeants du Canada, d'Allemagne, d'Italie et du Royaume-Uni, ainsi qu'avec le président français Emmanuel Macron.
  • Élisabeth Borne appelle à une "trêve humanitaire"
  • Emmanuel Macron est attendu ce mardi en Israël.
  • Plus de 19.000 personnes ont été déplacées au Liban après une intensification des affrontements entre l'armée israélienne et le Hezbollah L'ONU appelle à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat"

L'ONU appelle à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat"

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé lundi à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza, appelant les dirigeants à faire des "choix courageux". "La première étape doit être un cessez-le-feu humanitaire immédiat, sauvant la vie des civils grâce à l'acheminement d'une aide humanitaire rapide et efficace, à Gaza", a affirmé Volker Türk dans un communiqué.

"L'humanité doit primer", a-t-il insisté, soulignant que "beaucoup trop de civils, dont de nombreux enfants, ont déjà perdu la vie - dans les deux camps". Dans la bande de Gaza, un petit territoire pauvre où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens, l'aide internationale a commencé à arriver au compte-gouttes depuis samedi via l'Egypte, en quantité très insuffisante selon l'ONU.

Washington pointe l'Iran du doigt, envoie des conseillers militaires en Israël

Les Etats-Unis ont accusé lundi l'Iran de "faciliter activement" les attaques sur des bases où stationnent des soldats américains au Moyen-Orient, et annoncé avoir envoyé des conseillers militaires en Israël, en guerre avec le Hamas depuis l'offensive du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.

Par ailleurs, les Etats-Unis ont prévenu que tout cessez-le-feu à Gaza décrété par Israël profiterait au Hamas, au moment où les appels à une trêve humanitaire se font de plus en plus nombreux.

"L'Iran continue à soutenir le Hamas et le Hezbollah, et nous savons qu'ils surveillent de près ces événements et dans certains cas, facilitent activement ces attaques et incitent d'autres qui veulent exploiter ce conflit pour leur propre intérêt ou celui de l'Iran", a affirmé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, à des journalistes.

Réunion de l'Assemblée générale de l'ONU jeudi

L'Assemblée générale de l'ONU se réunira jeudi pour discuter de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien, a annoncé lundi son président dans une lettre aux Etats membres.

Alors que le Conseil de sécurité n'a pas réussi à se mettre d'accord sur une résolution concernant cette guerre, plusieurs Etats, notamment la Jordanie au nom du groupe arabe, la Russie, la Syrie, le Bangladesh ou encore le Vietnam et le Cambodge, ont demandé formellement au président de l'Assemblée générale Dennis Francis de programmer cette réunion.

Un cessez-le-feu à Gaza ne pourra être évoqué qu'après la libération de tous les otages du Hamas, affirme Biden

Des discussions sur un cessez-le-feu dans le conflit entre Israël et le Hamas ne seront possibles qu'après la libération de tous les otages retenus par le mouvement islamiste palestinien, a affirmé lundi Joe Biden. "Les otages doivent être libérés, ensuite on pourra discuter", a déclaré le président américain lorsqu'interrogé sur son soutien à un accord "otages contre cessez-le-feu".

Joe Biden s'est ensuite excusé de devoir quitter un événement à la Maison Blanche promouvant son programme économique en amont de l'élection présidentielle de 2024, affirmant qu'il devait se rendre dans la salle de crise du bâtiment pour "un autre problème qu'(il devait) traiter".

Le Hamas affirme avoir libéré deux femmes otages

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a affirmé lundi avoir libéré deux femmes enlevées lors de son attaque sur le territoire israélien le 7 octobre et détenues depuis, dans la bande de Gaza qu'il contrôle. Le porte-parole de la branche militaire du Hamas, Abou Obeida, a assuré dans un communiqué que les deux otages avaient été libérées "pour des raisons humanitaires pressantes" grâce à une médiation du Qatar et de l'Égypte. 

Cette libération, qui intervient trois jours après celle de deux Américaines, n'a pas été confirmée dans l'immédiat par les autorités israéliennes. Le Hamas n'a pas précisé la nationalité des deux otages, laissant toutefois entendre qu'elle était israéliennes, en accusant Israël d'avoir dans un premier temps refusé qu'elles lui soient remises. Le mouvement islamiste a en outre accusé Israël d'avoir "violé à huit reprises les arrangements régissant l'opération de libération qui avaient été convenus avec les médiateurs pour qu'elle soit menée à bien".

Plus de 300 personnes "arrêtées" pour actes ou menaces antisémites

Élisabeth Borne a annoncé lundi, lors d'un débat à l'Assemblée nationale, que plus de 300 personnes avaient été arrêtées en France pour des "actes ou menaces antisémites" depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre. "Depuis le 7 octobre, plus de 300 personnes ont été arrêtées pour des actes ou menaces antisémites", a indiqué la Première ministre en conclusion de ce débat, qui était consacré à la situation internationale. "La plateforme Pharos qui recueille et traite les signalements de contenus haineux en ligne a reçu plus de 4.000 alertes. Plus de 300 ont été transmis à la justice afin que les auteurs soient retrouvés et sanctionnés", a par ailleurs ajouté Elisabeth Borne.

Le 17 octobre, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait fait état de "183 interpellations" qui avaient eu lieu en France pour "actes antisémites" depuis le 7 octobre. Il avait également fait état de "327 actes antisémites" depuis le 7 octobre et de "3.176 signalements" sur la plateforme Pharos, dont "281 transmissions à la justice".

Borne appelle à une "trêve humanitaire"

Dans la bande de Gaza, un petit territoire pauvre où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens, l'aide internationale a commencé à arriver au compte-gouttes depuis samedi via l'Égypte. Lundi, un troisième convoi a franchi la frontière à Rafah, la seule issue du territoire qui ne soit pas contrôlée par Israël. Au total, une cinquantaine de camions sont entrés dans la bande de Gaza en trois jours, alors qu'il en faudrait selon l'ONU au moins 100 par jour pour répondre aux besoins de la population.

Les États-Unis, qui avaient obtenu l'accord d'Israël et celui de l'Egypte pour laisser passer l'aide humanitaire, ont annoncé dimanche "qu'il y aurait dorénavant un flux continu dans Gaza de cette assistance cruciale". Mais le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a réclamé lundi "plus d'aide, plus rapidement" ainsi qu'une "pause humanitaire" pour permettre sa distribution.

La France s'est jointe à cet appel. A la veille d'une visite du président Emmanuel Macron à Tel-Aviv, la Première ministre Élisabeth Borne a appelé lundi à une "trêve humanitaire" qui "pourra mener à un cessez-le-feu" entre Israël et le Hamas, en se disant l'"amie" des Israéliens comme des Palestiniens. Le président russe Vladimir Poutine a lui aussi appelé à un accès "sans entrave" de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, et à un "cessez-le-feu rapide".

Plus de 5.000 Palestiniens tués, selon le Hamas

Car loin de s'atténuer, les bombardements israéliens se sont intensifiés au cours des dernières 24 heures. Lundi, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé dans la nuit "plus de 320 cibles militaires", des infrastructures du Hamas et de son allié du Jihad islamique. Ces deux groupes sont classés organisations terroristes par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël. Ces raids ont fait plus de 70 morts, selon le gouvernement du Hamas, dont 17 personnes tuées par une frappe sur une maison à Jabaliya, dans le nord.

Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot, des centaines de membres du Hamas ont infiltré Israël depuis la bande de Gaza, semant la terreur lors d'une attaque sans précédent depuis la création d'Israël en 1948. Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, la plupart des civils fauchés par balles, brûlés ou mutilés le jour de l'attaque, selon les autorités. Le Hamas a enlevé 222 otages, israéliens et étrangers, selon l'armée israélienne.

La présence des otages dans la bande de Gaza rendrait plus périlleuse encore une intervention terrestre israélienne, dans ce territoire surpeuplé, truffé de tunnels où le Hamas cache ses membres et ses armes. Le Hamas a affirmé lundi que 5.087 Palestiniens, en majorité des civils, dont 2.055 enfants, avaient été tués dans la bande de Gaza par des bombardements israéliens qui ont détruit des quartiers entiers. Toutes ces données n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante par l'AFP.

Situation humanitaire "catastrophique" à Gaza

Depuis le 15 octobre, l'armée israélienne appelle les civils du nord de ce territoire, où les bombardements sont les plus intenses, à fuir vers le sud. Mais les frappes continuent aussi de toucher le sud, proche de la frontière égyptienne, où les déplacés sont massés par centaines de milliers. Soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, la bande de Gaza est placée depuis le 9 octobre en état de "siège complet" par Israël qui y a coupé l'eau, l'électricité et l'approvisionnement en nourriture.

Israël avait annoncé qu'il n'empêcherait pas l'entrée de l'aide humanitaire depuis l'Egypte "tant qu'il s'agit de nourriture, d'eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza". La situation humanitaire est "catastrophique", a averti l'ONU, dans ce territoire de 362 kilomètres carrés où au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer.

Au moins 181.000 logements endommagés d'après le Hamas

Lundi à Rafah, des hommes remplissaient d'eau des bidons en plastique depuis des citernes, pendant que d'autres fouillaient les ruines d'un bâtiment détruit par une frappe, à la recherche de survivants, selon des journalistes de l'AFP. Mohammed Abu Sabalah, un habitant de la ville, venait de rentrer chez lui après la prière du matin. "Un quart d'heure après, il y a eu un bombardement. Nous ne pouvions rien voir à cause de l'épaisse fumée", a-t-il raconté.

Selon le Hamas, au moins 181.000 logements ont été endommagés par les frappes israéliennes, dont 20.000 totalement détruits ou rendus inutilisables. À Khan Younès, toujours dans le sud, une famille s'apprêtait à enterrer des enfants tués dans un bombardement, leurs corps drapés de blanc portés jusqu'au cimetière par des proches.

19.000 déplacés au Liban

Face au risque d'ouverture d'un second front, l'armée israélienne a massé depuis le 7 octobre des dizaines de milliers de soldats aux abords de la bande de Gaza et à sa frontière nord avec le Liban. De petites unités ont déjà mené des incursions limitées dans le territoire palestinien, visant l'infrastructure du Hamas et cherchant à localiser les personnes disparues ou enlevées.

Depuis le 7 octobre, l'armée a fait évacuer les abords de la bande de Gaza. Orit Cohen, un homme de 29 ans originaire de la ville de Sdérot, raconte être venu chercher sa mère "qui jusqu'à présent refusait de partir". "Mais l'armée bombarde juste de l'autre côté. J'avais peur pour elle", a-t-il ajouté.

Au Liban, plus de 19.000 personnes ont été déplacées après une multiplication des affrontements entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran et allié du Hamas, à la frontière entre les deux pays, selon les chiffres publiés lundi par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). La zone frontalière du côté israélien a elle aussi été évacuée.