Chine : avec des coupures d'électricité à répétition, une partie du pays est à l'arrêt

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Sébastien Le Belzic, édité par Laura Laplaud, avec AFP

La Chine est toujours en proie à une crise énergétique exceptionnelle. Pour respecter ses engagements climatiques et réduire ses émissions carbone, la deuxième économie mondiale a pris la décision de couper le courant et prive ainsi des villes entières d'électricité. 

Machines à l'arrêt, usines au ralenti… Au sud de la Chine, les coupures de courant menacent l'économie chinoise et, par ricochet, les chaînes d'approvisionnement mondiales. Les suspensions d'approvisionnement en électricité ont déjà frappé ces derniers mois quelque 20 provinces à des degrés divers. Les raisons sont multiples : la hausse de la demande en électricité, la flambée des prix du charbon et du gaz et surtout l'application stricte des normes environnementales en matière de réduction des émissions carbone.

44% des industries chinoises concernées

Les gigantesques industries manufacturières de la deuxième économie mondiale sont les premières touchées. Des fonderies d'aluminium aux producteurs de textiles, en passant par des sous traitants de Tesla et Apple, elles ont reçu l'ordre de réduire leurs activités et parfois de fermer purement et simplement. Au total, 44% des industries du pays sont concernées.

Près de la moitié des régions chinoises ont dépassé les objectifs environnementaux imposés par Pékin et sont donc maintenant sous pression pour couper l'alimentation. "C'est une politique de restriction sur l'énergie, sur certaines activités polluantes comme par exemple la production d'acier ou de charbon", explique Christophe Barraud, chef économiste chez Market Securities. "Il y a une problématique concomitante qui est celle d'un niveau relativement faible de stock de charbon qui est l'énergie encore aujourd'hui la plus utilisée en Chine." Le géant asiatique reste très dépendant au charbon, lequel assure 60% de sa production électrique. 

Une économie au ralenti

Pour la première fois depuis la sortie de la pandémie de Covid-19, l'industrie chinoise s'est contractée, selon une donnée de Christophe Barraud. "Il faut savoir qu'au troisième trimestre, on attend un chiffre relativement faible qui sera le plus faible depuis la pandémie", assure-t-il. "Ça s'explique par les problématiques sur l'énergie mais aussi tout un tas de choses comme par exemple ce qui a trait au marché immobilier résidentiel et aussi aux confinements localisés à la suite de quelques foyers de Covid qu'on a pu voir fin juillet, août et septembre."

Christophe Barraud fait ici référence au groupe privé Evergrande, mastodonte chinois du marché immobilier, étranglé par une dette de 260 milliards d'euros, il se débat depuis plusieurs semaines pour rembourser ses emprunts et honorer ses livraisons d'appartements.

Cette crise de l'énergie, exceptionnelle, commence aussi à toucher les foyers chinois. Certaines provinces ont ainsi demandé aux habitants de privilégier la lumière naturelle et de limiter l'utilisation des climatiseurs et des ascenseurs. L'éclairage public et même les feux de signalisation sont aussi parfois arrêtés. Cette crise énergétique est en partie provoquée par la volonté du président Xi Jinping de garantir un ciel bleu pour les Jeux olympiques d'hiver de Pékin, en février prochain. Quitte pour cela à faire disjoncter l'économie.