Une manifestation pro-démocratie à laquelle a assisté Thantar Win. 1:27
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Matthieu Bock, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Quelques jours après le coup d'État en Birmanie, des milliers de militants pro-démocratie comptent descendre une nouvelle fois dans la rue. Mais la tension est de plus en plus forte dans le pays : par peur de la police, mais aussi de l'explosion de la délinquance, certains habitants se barricadent dans leur quartier. 
TÉMOIGNAGE

"On doit se protéger nous-mêmes, entre habitants du même quartier." Thantar Win fait partie de ces milliers de Birmans descendus dans la rue depuis le coup d'État pour réclamer la démocratie. Cette guide touristique, qui vit à Rangoun, reste cloîtrée dans son appartement et ne sort que pour acheter à manger. Des courses qu'elle fait toujours dans son quartier, par mesure de sécurité. Ici plus personne ne fait confiance à la police. Elle témoigne au micro d'Europe 1.

Des barricades en bambou dans les rues

Alors, chaque quartier de la capitale économique s'est barricadé tant bien que mal pour se protéger, notamment de la délinquance qui a explosé, raconte Thantar Win au micro d'Europe 1. "On a mis des barricades en bambou dans chaque rue parce qu'on a peur de voir débarquer ces délinquants très agressifs." Des délinquants qui sont en réalité des prisonniers libérés par la junte pour terroriser la population, affirme Thantar Win, qui décrit un système organisé. Ils seraient quelque 23.000 désormais en liberté. 

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Crédit photo : DR

"On a peur d'être tués"

Mais malgré le danger, la guide tient tout de même à sortir dans la rue pour manifester contre le coup d'État. "On a peur d'être tués, mais on a aussi peur de rester avec un gouvernement militaire." Elle affirme également être prête à laisser la vie dans son combat. Thantar Win ira donc manifester, comme des milliers d'autres Birmans, dans les rues de la capitale économique dans l'après-midi. 

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Des manifestants pro-démocratie. Crédit photo : DR

D'autres rassemblements devraient également se tenir à travers le pays, comme à Naypyidaw, la capitale administrative, construite par la junte. C'est ici que plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées lors d'une précédente manifestation, dont une vingtaine d'étudiants, d'après un journaliste local. 

De son côté, Thantar Win veut exposer les violences du régime au monde entier en publiant le plus de photos possibles sur les réseaux sociaux, malgré les coupures internet. Lundi, la Birmanie a connu sa deuxième nuit sans Internet, le réseau étant coupé par la junte. Ce qui n'a pas manqué de faire réagir l'ONU qui y voit un moyen de saper "les principes démocratiques fondamentaux".